Le rendement du solaire thermique est nettement supérieur à celui du solaire photovoltaïque. Mais stocker de grandes quantités de chaleur est paradoxalement plus difficile que stocker de l’électricité.
Le Passivhaus Institut (PHI) de Darmstadt a donc développé une méthode de prise en compte du solaire thermique qui, tout à la fois, traduit son excellent rendement, mais tient compte des limitations du stockage de chaleur.
L’idée est toujours de compter l’énergie finale produite par une installation solaire thermique sur un bâtiment, puis de la convertir en énergie primaire renouvelable pour permettre des comparaisons et des simulations entre diverses sources d’énergie et diverses utilisations de l’énergie.
Elle est équipée de 6 m² de collecteurs thermiques qui produisent 2000 kWh/an de chaleur, après déduction des pertes dans le stockage de 2000 l et des pertes dans le réseau primaire solaire.
Selon cette présentation, 6 m² de capteurs solaires photovoltaïques installés sur la maison exactement dans les mêmes conditions ne produiraient que 675 kWh/an d’électricité.
En tenant compte du coefficient de transformation de 1,35 pour le photovoltaïque local, stocké puis auto-consommé, décrit dans l’article précédent, qui tient compte des pertes de l’onduleur et du stockage d’électricité, cela fait 500kWh/an.
Pour ce lieu précis, le solaire thermique produit donc 4 fois plus d’énergie que le photovoltaïque de même surface.
La toute dernière version du PHPP, l’outil de calcul développé et diffusé en plusieurs langues par le PHI, introduit un calcul de coefficient de conversion du solaire thermique en énergie primaire fondé sur la comparaison avec un système PV de même surface et de même orientation, installé au même endroit.
Dans le cas de la maison de Gerstetten, cela donne :
fPER,solth = (QPVref/PERDHW)/Qsolth, soit (675 kWh/an/1,35)/2000 kWh/an = 0,25. Le coefficient de transformation du solaire en énergie primaire à Gerstetten avec 6 m² de capteurs thermiques est donc de 0,25. Ce qui donne une production de chaleur solaire thermique exprimée en Ep-R de 2000/0,25 = 8 000 kWhEp-R/an.
Si on triple la surface de panneaux thermiques et photovoltaïques, le PHPP considère que le rendement du solaire thermique baisse car le stockage de 2000 l ne peut absorber toute la chaleur produite durant l’été.
La production photovoltaïque, à l’inverse, est considérée par le PHI comme indéfiniment stockable. Si bien que l’intérêt du photovoltaïque croît avec la surface de panneaux PV installée. Si l’on installait 18 m² de capteurs thermiques sur la maison de Gerstetten, la production de chaleur en énergie finale récupérée n’est que de 2600 kWh selon le PHI.
La référence PV est également modifiée et devient une installation de 18 m² produisant 2025 kWh d’électricité en énergie finale. Ce qui modifie le calcul du coefficient de transformation du solaire thermique en énergie primaire de la manière suivante : (2025 kWh/an/1,35)/2600 kWh/an = 0,58. Ce qui donne une production de chaleur solaire thermique exprimée en Ep-R de 2600/0,58 = 4483 kWhEp-R/an.
Le PHHP conduit donc à la conclusion que pour les grands bâtiments, la combinaison d’une surface de capteurs thermiques réduite et d’une surface PV importante associée à une Pac au COP de 3 est toujours préférable, en termes de production de chaleur exprimée en Ep-R, à une surface importante de capteurs thermiques dont une bonne partie de la production annuelle sera perdue durant l’été en l’absence d’une capacité de stockage suffisante.
platine
Congrès Passivhaus 2015 : nouveau calcul pour le solaire thermique. C'est bien mais à prix pour le Maitre d'Ouvrage (client) malgré les différentes aides à l'investissement? S'il faut 30 ou 50 ans pour l'amortir, vous parlez d'un boulet de plus au quotidien....