En France, le nombre de personnes à mobilité réduite est difficile à déterminer tant la nature, l’origine et la gravité des atteintes sont variées. Toutefois, une enquête menée par l’INSEE en 1999 a estimé à plus de 12 millions les personnes affectées par cette perte d’autonomie.
La plus grande déficience observée est la déficience motrice (plus de 8 millions de personnes concernées), devant la déficience sensorielle (plus de 3?millions de personnes) et les déficiences mentales ou intellectuelles.
Ce sont autant de logements à adapter afin de rendre accessibles l’accès et l’usage des logements aux personnes à mobilité réduite, les aidant ainsi à conserver un maximum d’autonomie sans devoir systématiquement dépendre de son entourage.
C’est dans ce contexte qu’a été rédigée la réglementation sur l’accessibilité, fixant des exigences aux différents types de bâtiments neufs et existants afin de supprimer le plus grand nombre possible d’obstacles au déplacement et à l’utilisation des ouvrages et de leurs équipements aux personnes atteintes de déficience, quelle que soit la gravité de cette dernière.
L’arrêté du 1er août 2006
Concernant la maison individuelle, bâtiment d’habitation non collectif dans lequel ne sont pas superposés plus de deux logements distincts desservis ou non par des parties communes bâties, les dispositions à prendre en compte, pour toute demande de permis de construire déposée à partir du 1er janvier 2007, sont détaillées dans l’arrêté du 1er août 2006.
Cet arrêté fixe les dispositions prises pour l’application des articles R. 111-18 à R. 111-18-7 du Code de la construction et de l’habitation relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d’habitation collectifs et des maisons individuelles lors de leur construction, associé à l’arrêté du 30 novembre 2007.
Seuls les propriétaires qui construisent pour leur propre usage sont dispensés de ces obligations. Ces dispositions mettent l’accent sur 10 points d’obligations à respecter, que nous avons regroupés ici en deux points distincts: aménagements extérieurs et aménagements intérieurs.
N.B : Les illustrations “DR” sont des illustrations reproduites à partir des dessins de Pierre-Antoine Thierry, réalisées pour le compte du MEEDDM, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, dans la circulaire n° 2007-53 du 30 novembre 2007.
Les dispositions à prendre concernant les cheminements extérieurs doivent être telles que la continuité de la chaîne de déplacement des personnes, entre le logement, l’accès au terrain et la voirie, soit respectée.
Lorsque les caractéristiques du terrain ne permettent pas cette continuité, un espace de stationnement adapté doit être prévu à proximité de l’entrée du logement. Il sera alors relié à cette dernière par un cheminement accessible.
Note : Il en est de même, dans le cas d’ensembles résidentiels, lorsque les caractéristiques du terrain où sont implantés les locaux ou équipements collectifs ne permettent pas la réalisation de la chaîne de déplacement continue.
Les dites dispositions se traduisent par :
Dans ces conditions, un palier de repos sera prévu en haut et en bas du plan incliné, quelle que soit sa longueur. Dans tous les cas, il représentera au minimum un espace rectangulaire de 1,20 m x 1,40 m et sera réalisé tous les 10 m si sa pente est supérieure ou égale à 4 %. Pour les personnes circulant en fauteuil roulant, des espaces de manœuvre avec possibilité de demi-tour seront nécessaires sur son cheminement :
Le sol du cheminement accessible ne doit pas être meuble, glissant, réfléchissant ou posséder un obstacle à la roue du fauteuil.
Si, toutefois, des éléments ne peuvent être mis hors du cheminement, ils doivent :
De plus, lorsque le cheminement est bordé, à une distance inférieure à 90 cm, par une rupture de niveau d’une hauteur de plus de 40 cm, un dispositif de protection doit être implanté pour éviter les chutes.
Tout escalier, comportant au moins 3 marches, doit comporter une main courante mise en œuvre à une hauteur comprise entre 0,80m et 1m (sauf en cas de garde-corps où H ≥ 1m). De plus, elle doit être continue, rigide, facilement préhensible et être différenciée de la paroi support grâce à un éclairage particulier ou à un contraste visuel. Enfin, lorsque l’éclairement naturel ne suffit pas, le cheminement accessible doit être équipé d’un dispositif d’éclairage assurant, en tout point, au moins une valeur d’éclairement de 20 lux (valeur mesurée au sol).
La disposition de tels éléments (boîtes aux lettres, interrupteurs d’éclairage, etc.) ne doit, en aucun cas, créer d’obstacles ou de danger, notamment pour les personnes ayant une déficience visuelle. C’est ainsi que les dispositions suivantes doivent être appliquées :
Dans les deux cas, la largeur de la porte correspond à la largeur de circulation.
Si le ressaut dû au seuil ne peut être évité, il comportera un bord arrondi ou muni d’un chanfrein. Dans tous les cas, sa hauteur ne devra pas dépasser les 2 cm.
Quelques points évidents à ne pas oublier :
Les différents cas sont récapitulés dans ce tableau :
PLACES DE STATIONNEMENT ADAPTÉES | COMMENTAIRES | ||||
A l'intérieur de la parcelle | A l'extérieur de la parcelle | ||||
Dans un garage | Non situées dans un garage | ||||
/ | / | / | Pas de place affectée à la maison = pas d'obligation | ||
a | b | / | Au moins 1 des a+b doit être adaptée (recommandations = garage) | ||
/ | / | c | Une place adaptée dès la construction peut être commune à plusieurs maisons. Elle doit être au plus de 30 m de l'accès à la parcelle. | ||
a | b | c | Au moins 1 des a+b+c places doit être adaptée |
La place de stationnement adaptée doit être horizontale, au devers près (maximum 2?%) et respecter les caractéristiques de la figure ci-dessous :
Entre la place de stationnement adaptée et le cheminement d’accès à la maison qu’elle dessert, il ne doit pas y avoir de ressaut supérieur à 2?cm. De plus, le cheminement doit être horizontal (au devers près) sur une distance d’au moins 1,40 m à partir de la place de stationnement.
Cette section concerne les locaux collectifs affectés aux ensembles résidentiels tels local à vélos, à poubelles… Les circulations et portes de ces locaux doivent, dès leur construction, être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les équipements et dispositifs de commande et de service qui leur sont associés doivent être aisément repérables et utilisables, en répondant au point 2 ci-avant. Les portes d’accès et portes intérieures, quant à elles, doivent répondre aux exigences du point 3 ci-avant.
Note : pour les circulations intérieures d’un local collectif, la largeur ne doit pas être inférieure à 90 cm.
Enfin, lorsque l’éclairement naturel ne suffit pas, l’intérieur des locaux collectifs doit être équipé d’un dispositif d’éclairage (à extinction progressive) assurant au moins une valeur d’éclairement de 100 lux (valeur mesurée au sol).
Dans cette partie, les obligations suivantes ont été regroupées : caractéristiques de base des logements, pièces de l’unité de vie, escaliers, accès balcons, terrasses, loggias et salle d’eau.
Chaque pièce, à son entrée, doit disposer d’un interrupteur d’éclairage.
Chaque pièce de l’unité de vie doit comporter au moins une prise de courant disposée à proximité immédiate de l’interrupteur de commande d’éclairage situé en entrée de la pièce.
Si le logement est réalisé sur plusieurs niveaux, tous les niveaux doivent être reliés à l’aide d’un escalier adapté, ce dernier devant respecter les dispositions présentées dans la figure ci-dessous :
Pour toute demande de permis de construire déposée à partir du 1er janvier 2008, les balcons, loggias ou terrasses, profonds de plus de 60 cm et situés au même niveau que celui de l’accès du logement, devront être accessibles depuis une pièce de vie en respectant quelques exigences :
Ces dispositions pourront être satisfaites en utilisant un dispositif de mise à niveau du plancher (caillebotis, dalles sur plots ou tout autre système équivalent), installé dès la livraison du logement. Dans ce cas, la hauteur du garde-corps nécessaire est mesurée par rapport à la surface accessible.
Note : Le respect de ces dispositions reste, encore à l’heure actuelle, difficile à mettre en place sur le terrain, notamment par manque de solutions peu onéreuses permettant de limiter le ressaut du côté extérieur à une hauteur ≤ 2 cm tout en respectant les règles de l’art. Toutefois, le CSTB a rédigé le guide “Principes constructifs pour l’accessibilité des balcons, des loggias et des terrasses”, téléchargeable gratuitement sur le site de la DHUP.
Pour toute demande de permis de construire déposée à partir du 1er janvier 2010, au moins une salle d’eau devra être équipée de manière à ménager la possibilité d’installer une douche accessible (au niveau accessible).
Si cette dernière n’est pas prévue dès l’origine, sa mise en œuvre future ne doit pas impliquer d’intervention sur le gros œuvre.
Note : Le CSTB travaille à la rédaction du guide “Principes constructifs pour l’accessibilité des salles d’eau privatives en locaux d’habitation”, prochainement téléchargeable gratuitement sur le site de la DHUP.
LES DIFFÉRENTS TYPES DE HANDICAPS | |||||
Type de handicap | Déficience motrice personnes âgées | Déficience visuelle | Déficience auditive | Déficience intellectuelle | |
Définition | - Handicap généralement visible dont l’expression et les conséquences sont très variables (paraplégie, tétraplégie…). - Concerne notamment les personnes en fauteuil roulant et l’ensemble des personnes à mobilité réduite (petite taille, obésité, personnes âgées…). | - Concerne les personnes malvoyantes et les personnes aveugles. - La malvoyance peut prendre différentes formes : atteinte de la vision centrale ou périphérique, vision floue… | - Concerne les personnes malentendantes ou ayant des troubles de l’audition (acouphène…) et les personnes sourdes. | - Handicap psychique : déficience liée au comportement (névrose, dépression, claustrophobie…). - Handicap mental (cognitif) : déficience de l’intelligence très variable selon les individus. | |
Difficultés rencontrées | - Stationner debout sans appui. - Se déplacer sur les sols meubles, glissants ou inégaux, franchir des obstacles, des des dénivelés, des passages étroits. - Atteindre et utiliser certains équipements (poignées de portes…) - Se déplacer sur de longues distances. | - Accéder à l’information pour se repérer et s'orienter. - Détecter des obstacles lors du déplacement. | - Accéder à l’information (signalisation visuelles, annonces…). - Communiquer. - Se repérer et s'orienter dans des endroits inconnus. | - Entrer en relation avec autrui. - Mémoriser les informations. - se repérer et s'orienter dans le temps et dans l'espace. - Utiliser les différents équipements à disposition. | |
Principes d'amélioration | - Exigences spatiales pour la manœuvre du fauteuil roulant. - Qualité des cheminements. - Equipements adaptés. | - Exigences de guidage, de repérage, du choix des contrastes, de qualité d'éclairage | - Exigences de signalistation et de moyens de communication adaptés, de qualité sonore. - Lisibilité des espaces. | - Qualité de la signalétique, de l'ambiance (éclairage, acoustique…), lisibilité des espaces. | |
* Tableau inspiré de la brochure de la DHUP “Bâtir accessible, un enjeu pour tous” (mai 2009), répertoriant les différents types d’handicap. |
Les Textes de référence
Les textes réglementaires sont disponibles gratuitement sur le site www.legifrance.gouv.fr.
Les normes et NF DTU sont disponibles auprès de l’AFNOR (www.boutique.afnor.org) ou du CSTB (www.cstb.fr).
Source : batirama.com / M.P.
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