Indispensables pour répondre à la réglementation, ces systèmes demandent une mise en œuvre parfaite. Sinon, la performance n’est pas au rendez-vous. Assurer le confort des utilisateurs est le centre (normalement) des préoccupations des concepteurs et entreprises lorsqu’ils construisent ou rénovent.
Et il suffit parfois de pas grand chose pour l’améliorer. Nous parlons ici de confort acoustique avec la mise en place de systèmes d’isolation acoustique sous carrelage. Lesquels réduisent les bruits d’impact et limitent leur transmission entre deux étages, participant ainsi directement au confort des occupants et à leur qualité de vie.
Ces procédés mettent en œuvre des mortiers et des matériaux isolants qui, s’ils réduisent les bruits d’impact, n’ont pas, en revanche, d’action sur les bruits aériens.
De fait, il n’est pas concevable aujourd’hui de poser un revêtement carrelé entre deux étages sans cette sous-couche. Depuis le 1er janvier 2000, la réglementation européenne fixe le niveau maximum des bruits d’impacts (talons, billes, objets qui tombent, déplacement de meubles…) à 58 dB dans le logement neuf.
C’est là le minimum. Le label Qualitel et le label confort acoustique vont plus loin et exigent respectivement 55 et 52 dB. Résultat : pour atteindre ces niveaux de performance dans les logements collectifs mais aussi entre deux étages d’un même logement, il est obligatoire, en cas de carrelage, d’en passer auparavant par la mise en place d’une isolation acoustique.
Dans le logement ancien, la problématique est identique. Remplacer ou recouvrir un revêtement ancien par un carrelage passe par la mise en place au préalable d’un complexe isolant. Dans ce cas, ils permettent soit de rester en conformité avec ladite réglementation, soit d’en atteindre les niveaux exigés. Dans ce domaine, le carreleur joue un rôle de conseil.
Sur le plan technique, les supports admissibles dans le neuf –planéité écart <5 mm sous la règle de 2 m, <2mm sous la règle de 20 cm– sont de deux ordres : base ciment (plancher en béton de granulats courant DTU 21 ; chape ou dalle de ciment DTU 26.1) et base bois (plancher à l’ancienne, parquet mosaïque et panneaux de bois CTB.H-CTB.X conformes au DTU 51.3).
En rénovation, les systèmes acceptent en général tous les types de supports durs : anciens carrelages et marbres, anciennes dalles vinyles rigides sur support maçonné. Ledit support devant être sain, sec propre et résistant.
Il convient également de vérifier la bonne adhérence de l’ancien revêtement et de réaliser un nettoyage de la surface : retirer les anciennes colles par grattage et dépoussiérer. Enfin les Sel ou Spec éventuels sont à appliquer avant la mise en place de la bande de désolidarisation.
Il existe deux types de solutions qui permettent de répondre à la réglementation : les systèmes en rouleaux sur minichape ou les systèmes en plaques avec une sous-couche acoustique. Ces derniers, apparentés à des systèmes flottants, reçoivent le carrelage en pose directe.
Cette caractéristique leur permet de s’affranchir de la mise en œuvre d’un ragréage (mini-chape), d’où une plus grande rapidité de mise en œuvre –économie d’une journée– pour des performances quasi identiques aux solutions en rouleaux sur mini-chape.
Lesquelles sont davantage utilisées dans la construction neuve. La pose de ces produis, obligatoirement sous Avis technique, requiert une grande précision. Il s’agit d’assurer la continuité de l’isolation et d’éliminer les ponts phoniques. En effet, il ne faut pas que le remède soit pire que le mal.
Pour éviter les problèmes que certains produits ont rencontrés dans le passé, notamment en termes de tenue mécanique du carrelage, les Avis techniques sont très encadrés et les méthodologies de tests, draconiennes, disent les industriels.
Ainsi avant d’obtenir un AT un produit doit passer par des tests mécaniques de fluage, de poinçonnement, d’adhérence du mortier à la surface, de choc à la bille. Mais aussi de raideur dynamique avant et après le fluage et de test acoustique en laboratoire et en situation réelle, puisque la preuve des performances du produit in situ doit être apportée.
Le non-respect de la réglementation peut entraîner des poursuites judiciaires en cas de nuisances importantes. Dans le neuf, les choses sont simples, c’est la réglementation qui s’applique : niveau maximum des bruits d’impact à 58 dB (arrêté du 30 juin 1999).
Dans l’ancien, c’est plus complexe : la plupart des règlements de copropriété stipulent que les transformations apportées au logement ne doivent pas dégrader les performances acoustiques du plancher. Il existe une jurisprudence dans ce domaine, condamnant les personnes qui ne respectent pas ces prescriptions ( ex : remplacement d’une moquette par un carrelage collé sans isolant acoustique).
En cas de préjudice, le propriétaire du logement est tenu d’indemniser (article 1721 du Code civil). Si le carrelage est déjà posé, on peut l’obliger à déposer l’ensemble du revêtement. Inutile de dire qu’il se retourne ensuite contre le carreleur.
©Schlüter Systems
Plaques ou rouleaux, les systèmes d’isolation acoustique sous carrelage sont majoritairement fabriqués à l’aide de fibres synthétiques recyclées. Ils ajoutent une surépaisseur des sols de 12 à 15 mm. Ainsi, pour le neuf, la pose directe sur la dalle de béton réduit l’épaisseur d’un plancher d’environ 5 cm par étage et en allège le poids de près de 100kg/m², par rapport à une isolation acoustique sous chape.
En rénovation, la mise en œuvre peut se faire sans dépose de l’ancien revêtement (par exemple sur certains parquets, carrelags ou PVC).
©Schlüter Systems
Cette solution, qui convient à tous les chantiers, est particulièrement bien adaptée à la rénovation. Avantage principal : carrelage en pose directe sur l’isolant.
Généralement proposés en kit complet avec dalle, colle, mortier-colle et bandes périphériques, les systèmes de sous-couches en plaques collées ont l’avantage de la simplicité et de la rapidité.
Ce, en raison d’une pose directe du carrelage sur l’isolant phonique, sans ragréage ou mini-chape ni délai de séchage. La pose débute par la mise en place des plaques sur un support propre et plan. Selon les fabricants, les plaques sont collées sur le support avec une colle spéciale ou le même mortier qui sera utilisé pour le carrelage.
Avec la colle, un petit délai (30 à 40?min.) peut être nécessaire pour le gommage. L’étape suivante consiste à mettre en place les bandes de désolidarisation. En général préformées et autocollantes, elles se collent sur la sous-couche en périphérie du local et en traitement des points singuliers.
Ensuite le carrelage est posé directement sur les plaques avec un mortier-colle adapté. De manutention plus facile, avec des faibles épaisseurs sans incidence sur la hauteur des pièces, ces procédés sont davantage utilisés pour les petites surfaces et en rénovation. Permet de traiter en une journée une salle de bains ou une cuisine.Intérêt :
pose directe du carrelage sur isolantLimite :
grande surface
©Parexlanko
Ces systèmes complets sont bien adaptés à la construction neuve en raison de leurs faibles épaisseur et poids qui allègent les planchers, et donc les structures.
Composés d’une colle, d’un isolant acoustique en rouleau, d’un mortier pour mini-chape, d’une colle à carrelage et d’un mortier de jointoiement de carrelage adaptés, ces systèmes sont particulièrement bien adaptés aux surfaces importantes en construction neuve.
Leur mise en œuvre en direct sur la dalle de béton permet de s’affranchir de l’isolation acoustique sous chape, d’où une réduction de l’épaisseur (5 cm) et du poids du plancher (jusqu’à 100 kg/m²). Elle s’effectue sur un support plan et propre et commence par l’application d’un fixateur (selon les produits, prévoir un temps de gommage de 30 à 40 minutes), puis par la mise en place de l’isolant préalablement découpé.
Après la pose des bandes de désolidarisation, il est nécessaire de mettre en place des bandes de pontage entre chaque lé d’isolant, puis de disposer des témoins d’épaisseur pour la mini-chape. Laquelle est ensuite étalée sur toute la surface en épaisseur constante, jusqu’à recouvrement des témoins. Après un délai de séchage de 24 heures, la pose du carrelage peut débuter.