A première vue, le bois est d’autant plus vertueux que sa transformation s’opère à maturité (voire un peu avant), près de là où il pousse, pour des usages également locaux. Toutefois, les forêts ne sont pas situées au même endroit que les utilisateurs.
Les essences ne répondent pas forcément aux besoins mais aussi en grande partie aux conditions sylvicoles. Enfin, l’outil de transformation doit être performant pour garantir une exploitation maximale de la grume dans des conditions économiques qui permettent au bois de rester compétitif comme matériau de substitution.
En répondant si possible au principe de “cascade” prôné en Europe : exploiter tout ce qui est possible et ne consumer que les résidus ultimes.
Les petites scieries locales disparaissent inexorablement en France et en Europe. Quelques grandes seulement sont en mesure d’investir suffisamment pour devenir des scieries intégrées, qui vont parfois chercher les grumes à des centaines de kilomètres, mais disposent d’une chaîne de transformation qui valorise le bois au maximum.
Ce qui n’empêche pas le nouveau président de Fransylva, le propriétaire forestier Antoine d’Amécourt, de s’équiper d’une scierie mobile.
Depuis une quinzaine d’années, des règles précises ont été fixées pour établir le bilan environnemental des matériaux de construction, dans le cadre des fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) ou des analyses de cycle de vie (ACV).
Les FDES contribuent à évaluer l’empreinte carbone de produits ou même d’entreprises. Dans l’euphorie du Grenelle de l’environnement, en 2007, de telles évaluations se sont multipliées.
En Suisse, le label Minergie pour les constructions basse énergie a intégré une option prenant en compte le calcul de l’énergie grise, soit l’énergie nécessaire pour fabriquer et amener à pied d’œuvre les matériaux utilisés pour une construction.
En France, pour la filière du douglas, le transformateur Cosylva a tenté de faire valoir ses atouts d’essence locale face aux sciages d’épicéa importés. En Vendée, le fabricant de carrelets SBLF a fait estimer la différence, en termes d’émission, entre des carrelets lamellés-collés de chêne français et des carrelets de Malaisie dont la transformation et le transport fait consommer du charbon et du fuel.
Malgré la multiplication de telles initiatives, la filière bois française n’a pas été en mesure d’aborder la COP21 avec une synthèse solide de ses performances en termes de contribution à la limitation de l’effet de serre.
Ni de relayer et de synthétiser les études internationales, sinon entre spécialistes, comme lors de la séance publique de l'Académie d'Agriculture sur le thème "Bio-économie du bois et carbone vert" le 14 octobre dernier.
C’est dommage, car il existe à l’international des études encourageantes. Par exemple, on estime qu’une sylviculture raisonnée pourrait permettre à l’Amazonie de rejouer pleinement son rôle de puits carbone en l’espace de quelques décennies seulement.
A défaut de valeurs tangibles sur l’empreinte carbone des sciages, les initiatives de promotion de sciages plus ou moins locaux constituent un indice de recours. Si ce n’est qu’à Brest, le sapin du Jura ou des Vosges a traversé toute la France en camion, alors qu’il arrive de Finlande ou de Suède par bateau… Ce qui n’est pas le seul paradoxe dans ce domaine.
Citons la question de l’émergence des bois d’ingénierie, ces bois collés utiles à la construction bois. Leur usage se développe suite à l’augmentation des sections d’ossature consécutive au renforcement des exigences en matière d’isolation de l’enveloppe.
La réglementation spécifique aux bois collés prescrit le recours à des classes de résistance mécanique C24 ou plus, pour du bois nécessairement sec. Or, en France, on sèche trop peu, et le classement mécanique, généralement visuel, est défavorable.
Autre paradoxe, le formidable atout que constitue actuellement, pour la construction bois, le recours à des panneaux lamellé-croisés, baptisés CLT ou, d’après la marque du leader autrichien, le “KLH”.
Leur fabrication à partir de lamelles d’épicéa de qualité a forgé un standard qui contrecarre le développement de panneaux CLT “à la française”, ces “2CV” dont on aurait besoin à la place des “BMW”.
- -
Du point de vue bilan carbone le CLT de Lettonie n'a aucun sens comme n'a aucun sens le CLT proposé par la société Woodeum, agent de la société autrichienne Stora Enso.