Les briques et bétons isolants séduisent les professionnels

Les briques et bétons isolants séduisent les professionnels

La brique de 20 cm poursuit son développement, tandis que des produits bétons offrant encore de plus hautes performances thermiques seront sur le marché d’ici 18 mois.




La dénomination de brique isolante est presque toujours exclusivement liée à la brique monomur sans isolation rapportée. Or, selon les règles ThBat qui définissent les calculs thermiques, il existe trois types de maçonnerie : courante, isolante de type b et isolante de type a.

 

Ainsi, pour une maçonnerie de 20 cm d’épaisseur, si R (résistance exprimée en m2.K/W) est inférieure ou égale à 0,5, la maçonnerie est dite courante. Si R se situe entre 0,5 et 1, on est en isolation de type b et, au-delà, on est en type a.

 

Or, qu’elles soient monomur ou de 20 cm d’épaisseur, les briques appartiennent aux types a ou b. A titre d’exemple, une brique de 20 cm, dont le R est égal à 1, doublée de 10 cm d’isolant, offre un Rmur de l’ordre de 5 et permet de répondre très facilement à la RT 2012.

 

La brique monomur avec un R légèrement supérieur à 3 permet également de répondre aux exigences de la RT 2012, mais avec une marge de manœuvre plus étroite.

 

Cette confusion vient probablement du fait que la brique monomur  a été précurseur en matière de pose à joint mince et qu’aujourd’hui la quasi-totalité des briques sont également rectifiées et posées à joint mince.

 

Cette évolution technologique très importante est l’une des causes du développement de la brique en 10 ou 15 ans.

 

Déclinés en deux familles

 

De son côté, existant depuis de nombreuses années, les blocs béton isolants sont constitués d’argile expansée, de pierre ponce, de pouzzolane ou d’ardoise expansée, voire d’un mélange de ces éléments de base.

 

Ils se déclinent en deux familles : les blocs de granulats légers en béton seul et ceux dont les alvéoles assez larges intègrent un isolant thermique (laine minérale, polystyrène, etc.).

 

Leurs résistances thermiques se situent entre 0,8 et 2,5 m².k/W (à titre de comparaison, le bloc standard se limite à 0,2 m².k/W) et ils proposent deux types de systèmes constructifs : soit ils sont montés avec un mortier isolant, soit ils sont rectifiés et montés avec de la colle.

 

Associés à un complexe isolant extérieur ou intérieur, ils permettent d’obtenir des murs offrant une résistance thermique proche de 5, tout en conservant une épaisseur de mur identique, ainsi que les habitudes très ancrées des maçons, et sans réduire les surfaces au sol.

 

Enfin, associés à des planelles isolantes en ITI, ils permettent aussi une réduction des ponts thermiques, sans obligation de pose de rupteurs, offrent un faible poids (13 à 17 kg), ainsi qu’une très bonne résistance au feu (supérieure à 2 heures). Autant d’atouts qui ont su séduire constructeurs de maisons individuelles, maîtres d’œuvre et architectes.

 

L’AVIS D’UN REPRESENTANT D’UNE FÉDÉRATION PROFESSIONNELLE

 

Hervé Pétard, Secrétaire Général de la Fédération Française des Tuiles et Briques

 

« Il faut respecter les règles de l’Art… »

 

Quel est, en 2015, le profil du marché de la brique isolante?


La filière terre cuite représente 5 000 salariés, intégrant un très petit nombre d’acteurs. On trouve en effet en France trois principaux fournisseurs de briques : en premier lieu, Bouyer-Leroux avec ses deux marques Optibric et Biobric, puis Wienerberger avec Porotherm et Terreal avec Calibric.

 

Le matériau le plus utilisé dans ce domaine est la brique de 20 cm d’épaisseur qui accueille un isolant rapporté, la monomur représentant moins de 5% du marché. Aujourd’hui, 45% de la maison individuelle et plus de 20% des logements collectifs sont en effet construits avec ce système brique + isolant rapporté.

 

Quant au chiffre d’affaires global de la terre cuite dans la construction française, il est supérieur à 800 M€.

 

L’avenir devrait-il confirmer ces tendances ?


En matière de prospective, selon Bati-Etudes, qui a mis en place un observatoire des bureaux d’études thermiques à l’initiative de la Fédération des Tuiles et Briques, plus de 40% des 300 BET interrogés estiment que la brique isolante de 20 cm poursuivra son développement, seuls 5% estimant qu’elle devrait régresser.

 

Tous les professionnels font ainsi preuve d’optimisme à l’encontre de ce matériau, notamment en réponse aux futurs bâtiments BEPOS.

 

Sachant que l’étanchéité à l’air prend une importance accrue sous la pression de la RT 2012, les murs de briques suffisent-ils à répondre à cette exigence particulière ou doit-on prévoir des dispositifs supplémentaires ?


Nous avons fait des essais dans ce sens avec nos confrères du béton et de la FFB, à la fois pour le béton et pour la brique. Il en résulte qu’un mur de briques, tout comme d’ailleurs un mur de blocs béton, est parfaitement étanche à l’air sans le moindre besoin d’ajout d’aucun dispositif ou accessoire, à condition d’être monté selon les DTU 20.1 et 26.1, relatifs respectivement à la mise en œuvre des maçonneries de petits éléments et des enduits.

 

Il suffit donc, comme nous l’avons toujours annoncé, de respecter les règles de l’Art pour obtenir des résultats satisfaisants…

 

 

AVIS D'EXPERTS

 

Paul Sauvage,
Expert béton, responsable du département “diffusion des connaissances” au Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton (Cerib)

 

et Robert Delbecque,
Président du groupe Blocs à la Fédération de l’Industrie du Béton (FIB)

 

« L’offre de blocs isolants s’est considérablement développée… »

 

Comment se porte le marché du bloc béton isolant en France et quels sont les principaux acteurs présents dans l’hexagone ?

Notre industrie intègre plus de 200?fa­bri­cants en France, suivant une typologie industrielle assez atypique et dont seule une trentaine d’acteurs fabrique des blocs isolants. Le marché est relativement atomisé entre de grands industriels (dont, par exemple, Alkern, fabricant à vocation nationale…), des groupements de fabricants mutualisés (tels que Seac, Perin…), des industriels totalement indépendants (comme Plattard…).

 

Toutefois, on observe que l’offre de blocs isolants s’est étoffée, ayant été multipliée par trois ou quatre en 5 ans. Bien que remontant à une vingtaine d’années, ils ne s’étaient pas démocratisés car la législation ne mettait pas l’accent sur la thermique, jusqu’à l’arrivée du BBC et de la RT 2012. Par ailleurs, d’après les industriels, les blocs isolants représentent entre 10 et 20% de leur production.

 

Ce que l’on peut dire, enfin, c’est que le marché a été assez tendu en 2015, suivant l’orientation de la construction neuve dont il est le matériau de prédilection.

 

Peut-on encore s’attendre à une amélioration des performances de ces matériaux ?



Tous les leaders travaillent à innover, bien conscients que l’innovation d’aujourd’hui constitue le chiffre d’affaires de demain. Tous les laboratoires de recherche préparent la RT 2020 et le BEPOS.

 

Ainsi, l’avenir sera marqué par deux types d’offres. La première, celle que l’on trouve aujourd’hui, constituée par des produits “standard” de blocs de béton isolants offrant une performance thermique supérieure à 1 m².K/W et associés à un isolant complémentaire.

 

La seconde, qui constitue les axes de recherche actuels, proposera des produits offrant de hautes performances thermiques. Ils seront probablement sur le marché d’ici 18 mois.

 

Toutefois, ces avancées sur le plan thermique ne devront pas faire perdre de vue d’autres contraintes, telles que la résistance mécanique, la résistance au feu ou le niveau acoustique, tout en répondant aux contraintes économiques dictées par la réduction des coûts de construction.





Source : batirama.com / Michèle Fourret / crédit photo d'ouverture : Alkern

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