L’opération de rénovation énergétique menée depuis 2004 par la Fondation sur un immeuble de logements à Lausanne montre que l’isolation par l’extérieur n’est pas la panacée. Elle s’impose néanmoins en préalable, notamment pour ce bâtiment parisien dont toutes les façades sont exposées.
Un article clé du PLU de Paris ouvre la voie à une isolation en saillie. Reste à convaincre les copropriétés limitrophes.
Les murs mitoyens aveugles seront pourvus d’une ITE Sto sur isolant graphite de 15 cm. Seul un pan de mur, donnant sur une terrasse mitoyenne, se voit refuser ce dispositif, engendrant en conséquence une ITI.
Ecologique, le PSE sous RPE (revêtement plastique épais) ? Pierre Truong affirme : « Le PSE permet une très bonne épaisseur d’isolation, sans pont thermique donc des économies d’énergie.
Certes, l’énergie grise (l’énergie nécessaire à sa fabrication, Ndlr) du système est élevée. Mais sur une telle hauteur de bâtiment, avec une telle épaisseur d’isolant, compte tenu de la mitoyenneté et afin de convaincre les copropriétaires avec un produit qu’ils connaissent bien, ce choix s’imposait ».
La charpente métallique est entièrement démontée et remplacée par une charpente en bois de ligne analogue, mais légèrement surélevée afin de pouvoir y ménager une isolation de 16+20 cm de laine de roche, pour un complexe avec plaque Fermacell 15 mm et panneau OSB de 18 mm, d’une épaisseur totale de 50 cm.
Tout est fait pour que l’enveloppe soit continue. Une attention particulière est portée aux jonctions entre la façade et la toiture, y compris pour les acrotères. Même précaution à la jonction de l’ITE et de menuiseries bois alu triple vitre argon de MC France sur précadre en bois. Dans le même esprit, au rez-de-chaussée, la pose d’un isolant en PSE de 20 cm, sous chape, a entraîné une surélévation de 35 cm.
Les murs vitrés donnant sur la cour d’accès vont perdre leur cachet industriel et il faudra orchestrer le prolongement des bandeaux de bâtiments voisins. Le choix s’arrête sur un bardage bois pré-peint en usine de Sivalbp, sous garantie de 10 ans.
Le bardage couvre 20 cm de laine de roche. Les joints des lames verticales sont masqués par des claies horizontales en guise de prolongement de bandeaux.
En cours d’études, le maître d’œuvre Pierre Truong se voit confier la mission de créer l’ensemble du mobilier et de réaliser l’aménagement des espaces intérieurs : un rêve pour un maître d’œuvre issu du design et de l’architecture intérieure.
Il fabrique entre autres de magnifiques lampes en impression 3D. D’autant que le maître d’ouvrage fournit les moyens d’aller au bout de la démarche exemplaire.
En habillage intérieur, Pierre Truong adopte la même approche que pour le bardage : lambris en lames verticales de chêne massif de 21 mm, joints masqués à mi-hauteur par une clé support d’objets.
Les lames alternent avec des panneaux en contreplaqué de peuplier cadrés par des méplats en aluminium, et par des grandes surfaces murales communes tapissées de pavés de bois de bout en chêne français. Le menuisier métallique qui intervient en façade se charge également de la serrurerie intérieure.
Partout, on retrouve le souci de recourir à des matériaux sains, dont la mise en œuvre pénalise peu l’environnement, au sens large. Plafonds en laine de bois liée à la magnésie (Knauf) ou en toile tendue, chêne français, revêtements de sol et de table en linoléum… tout cela génère aussi une fabrication française par des entreprises artisanales, et donc une valeur ajoutée et des prestations sociales locales.