Après quatre ans de difficiles négociations, les élus de la capitale française ont adopté mercredi 20 novembre 2024 un nouveau plan d'urbanisme bioclimatique pour rendre Paris "plus respirable" et "plus abordable" à l'horizon 2035-2040 avec un enjeu, selon la maire socialiste Anne Hidalgo, celui de "permettre à Paris de rester cette ville où on a envie de vivre dans les prochaines années"
Paris, qui pourtant se vide de ses habitants depuis une dizaine d'années, est la capitale la plus dense d'Europe, mais aussi la capitale européenne où le risque de mortalité face aux vagues de chaleur est le plus fort, selon une étude du Lancet Planet Health publiée en 2023.
Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe de recherche britannique a recueilli puis analysé les données (relevés météo, recensements d’infrastructures de bâtiments, statistiques démographiques sur les adultes de plus de 20 ans, relevés topographiques, socio-économiques et environnementaux, etc.) de 854 villes du vieux continent entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2019. Et deux arguments principaux sont avancés pour expliquer ce risque de mortalité :
– les vulnérabilités de sa population ;
– Son urbanisation inadaptée à la chaleur et exposant la capitale et ses habitants au phénomène d’îlot de chaleur urbain.
Vivement contesté par l'opposition de droite, le plan local d'urbanisme "bioclimatique" remplace un précédent plan de 2006. Végétalisation, éco-construction, réhabilitation de l'existant : il "pense le bâtiment de demain pour qu'il participe à l'effort de respiration et de rafraîchissement", ainsi que l'a expliqué Lamia El-Aaraje, l'adjointe à l'urbanisme à la maire, où elle a remplacé le socialiste Emmanuel Grégoire, en froid avec Mme Hidalgo et désormais candidat déclaré aux élections municipales de 2026.
"Demain, il fera (à Paris) le même climat qu'à Séville, il fera trop chaud sous les toits en zinc", qu'il faudra végétaliser, "n'en déplaise aux défenseurs du patrimoine", a alerté Lamia El-Aaraje, ici en photo. © Mairie du 20e
La mesure phare de ce plan propose la création de 300 nouveaux hectares d'espaces verts publics, pour atteindre les 10 mètres carrés d'espaces verts par habitant recommandés par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) au lieu des 8,6 m2 actuels. Une gageure vu le peu d'espace disponible à Paris. "Qui peut trouver l'équivalent de 420 terrains de football dans Paris ?", a taclé un élu d'opposition, David Alphand, co-président du groupe Changer Paris avec Rachida Dati, fustigeant un objectif "irréaliste".
Parmi les autres mesures, on note :
– plus de logements "abordables" et moins de bureaux : pour "préserver la mixité sociale", la municipalité vise "40 % de logement public à l'horizon 2035", a aussi expliqué le sénateur Ian Brossat, coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris ;
– Corriger le déséquilibre entre l'ouest aisé et l'est plus populaire de la capitale (les écologistes ont par ailleurs obtenu notamment la limitation des tours de grande hauteur) ;
– Enfin, pour donner un avant-goût du plan, la mairie de Paris va lancer un concours d'architecture sur des projets innovants, en particulier sur la végétalisation des toits, ou la création "d'espace communs partagés".