"Alors que l'accès à la propriété des plus modestes s'est détérioré depuis la fin des années 1980, il s'améliore depuis quarante ans pour les plus aisés", observe la Direction de la recherche, des études, évaluations et statistiques (Drees) dans une note.
En 1973, parmi les "jeunes ménages" (25 à 44 ans) les plus modestes, environ un sur trois (34%) était propriétaire. Quarante ans plus tard, ils n'étaient plus que 16%. En parallèle, la part des propriétaires s'est accrue au sein des jeunes ménages les plus aisés : ils étaient 66%, soit les deux tiers en 2013, contre 43% en 1973.
Et si l'on prend la période allant de 1988 à 2013, la part de propriétaires a été divisée par deux parmi les 25 à 44 ans les plus modestes. Ainsi, "la stabilité globale du taux moyen de jeunes propriétaires depuis les années 1990, autour de 45% de la classe d'âge, masque une tendance de long terme fortement inégalitaire", souligne la Drees.
Selon la Drees, au-delà des politiques du logement, des conditions d'emprunt et des prix de l'immobilier, c'est l'aide de la famille qui a joué un rôle significatif dans ces évolutions.
Ainsi dans les années 2000, la part des 25-44 ans les plus aisés ayant reçu une donation ou un héritage au cours des quatre dernières années a été trois fois plus élevée que celle des plus modestes.
Or, la probabilité d'acheter sa première résidence principale est plus élevée de 15 points en moyenne, lorsqu'une aide de la famille est reçue, a constaté la Drees. "Cet effet est proportionnellement plus fort pour les plus modestes : la réception d'une aide est associée à une probabilité d'achat trois fois plus élevée".
Globalement, quatre jeunes ayant récemment acheté leur premier logement sur dix ont reçu une aide de leur famille avant ou au moment de leur achat, et ces dons représentent en moyenne un cinquième du prix des logements achetés.
Cette part est restée stable, en dépit de l'augmentation des prix de l'immobilier au cours des années 2000, constate la Drees. Et en 2013, la richesse immobilière acquise était cinq fois plus faible pour les moins aisés que pour les ménages aux revenus les plus élevés.