L’assemblée du Plan Bâtiment Durable, mardi 29 novembre, a laissé une large place au financement de la rénovation énergétique. Son président Philippe Pelletier a ainsi voulu expliquer aux 250 participants présents la nouvelle mission que lui a confiée la ministre du Logement et de l’Habitat Durable.
Dans la lettre de mission du 21 novembre, Emmanuelle Cosse rappelle que « les dispositifs incitatifs fiscaux et financiers en faveur de la rénovation énergétique, qui ont été renforcés, sont aujourd’hui stabilisés et pérennisés » et demande « d’accélérer la mise en mouvement de l’ensemble des acteurs impliqués ».
« Par la diversité des acteurs que vous réunissez et vos relais sur le territoire, vous êtes en capacité d’amplifier cette mise en mouvement d’ensemble, et au premier chef, le secteur bancaire », ajoute-t-elle. En fait, cette demande s’articule autour de trois actions.
La première est de rendre compte des actions de mobilisation des établissements bancaires et financiers. « Il s’agit de réaliser une photographie de ce qui se passe aujourd’hui en termes de financement de la rénovation avec une appréciation de ce qui est réussi ou pas », explique Philippe Pelletier.
Comme beaucoup le pensent, les banques, pour la plupart, ne joueraient pas le jeu en ne distribuant pas les prêts spécifiques. « L’idée selon laquelle les banques ne se mobilisent pas trop est une idée déjà contredite par des initiatives territoriales », poursuit-il.
La seconde direction est d’analyser les meilleurs moyens d’améliorer l’information, la diffusion et la distribution des prêts à la rénovation énergétique et en particulier l’éco-PTZ.
« A partir de l’état des lieux, il s’agit d’abord de donner un avis sur le besoin de financement, explique Philippe Pelletier. Quelle appétence des ménages à recourir à l’emprunt immobilier ? Comment peut-on faire pour raffermir cette action sur le territoire ? ».
Tout peut être imaginé, y compris que « les banques aient un rôle d’ensemblier et pas uniquement de distributeur d’argent ».
Malgré leur progression, les éco-PTZ restent encore loin des objectifs, souligne la Ministre dans la lettre de mission. Et Philippe Pelletier de s’interroger en constatant d’après des statistiques « que les courbes concernant les prêts à l’accession et ceux destinés aux travaux avaient été identiques jusqu’à fin 2013 et qu’à partir de cette date, les prêts pour travaux étaient les seuls à décrocher ».
Une réponse de Sabine Basili, vice-présidente de la Capeb, pourrait apporter une première explication : « Nos chiffres montrent qu’en 2013 il y a eu un creux des carnets de commandes qui n’ont pas augmenté avant la fin 2014 ; par ailleurs sur la même période, l’achat de logements anciens était en berne. Parallèlement, il est impossible de dissocier les travaux énergétiques embarqués dans des travaux de rénovation globale ».
Enfin, le troisième axe de la mission porte sur le déploiement du tiers-financement et l’identification des points de blocage. Sa phase opérationnelle n’en est qu’à ses débuts, « mais les espoirs du développement de ce mode de financement sont grands », estime le président du PBD.
Profitant de ce rassemblement, le PBD a invité les participants à s’exprimer sur le sujet. Pour beaucoup, « les banques préfèrent se positionner sur des prêts classiques, les autres prêts nécessitant de démarches et procédures plus longues », regrette un participant qui ajoute que les directeurs d’agences n’ont pas intégré le fait que réaliser des travaux de rénovation énergétique entraînent un pouvoir d’achat supplémentaire pour les ménages ».
Un cluster limousin explique que les banques ont besoin de dispositifs simples, à l’instar d’une offre mutualisée sur un thème précis. « Nous avons travaillé sur une proposition globale sur l’éclairage, qui comprenait le financement. La banque a ainsi joué son rôle de prescripteur et les résultats ont été à la hauteur de nos espérances avec 230 clients potentiels prêts à devenir investisseurs ».
Autre retour d’expérience, celle de l’Agence Parisienne du Climat (APC) qui a conclu il y a une semaine un accord avec 3 établissements de crédit (Caisse d’Epargne Ile-de-France, du Crédit Foncier et de Domofinance) pour qu’ils s’affilient au dispositif CoachCopro® ; plateforme territoriale de l’éco-rénovation en copropriété, sur la métropole parisienne.
« En s’engageant avec nous, les trois banques rendent visibles et plus directement accessibles aux copropriétaires leurs offres d’emprunt disponibles en Ile-de-France », se réjouit Anne Girault, directrice de l’APC.
Ainsi, un document qui regroupe ces offres, que ce soit en matière de préfinancement des subventions, de prêts collectifs ou d’Eco-PTZ en copropriété, est désormais disponible sur www.coachcopro.com. Un premier pas qui devrait faire des émules.
Les premières conclusions de la mission doivent être rendues le 15 décembre ; le Plan Bâtiment Durable a donc lancé en urgence un appel aux retours d’expériences sur les dispositifs et actions déjà existantes sur le territoire via un questionnaire électronique sur son site internet.
D’ores et déjà, 85 contributions ont été enregistrées. Ce travail s’enrichira de séances d’échanges et de visites sur les territoires. Compte tenu des réactions dans la salle, on peut d’ores et déjà présumé que les réponses seront nombreuses. En tout cas, le sujet intéresse.