Prévention du risque routier : le BTP peut mieux faire

Prévention du risque routier : le BTP peut mieux faire

Le risque routier est encore trop souvent sous-estimé dans le BTP. Pourtant, la route représente la première cause d’accidents graves et mortels.




Le risque routier dans le BTP est un sujet qui revient régulièrement d’année en année. Preuve que le problème n’est pas encore résolu.

 

Les chiffres sont éloquents. Les déplacements véhiculés, qu’ils soient de mission ou de trajet (domicile-entreprise ou domicile-chantier) représentent encore la 1ère cause d’accidents graves et mortels. La deuxième, après les chutes de hauteur, si l’on ne prend en compte que les trajets de mission.

 

Amélioration


Pour autant, depuis que le risque routier a été décrété grande cause nationale en 2002, la prise de conscience  a été avérée, notamment dans le BTP.

 

En 2005 (derniers chiffres connus), les accidents de trajets baissent de 11%, alors que sur l’ensemble des secteurs, ils augmentent de 1,3%. 26 personnes ont perdu la vie dans un accident de trajet contre l’année précédente et le secteur a enregistré 4 727 accidents de trajet avec arrêt de travail contre 5 313 l’année précédente (1).


Alors le BTP serait-il un bon élève ? Oui dans un sens, au regard de l’amélioration constatée. Mais cela ne saurait cacher le manque de mobilisation autour du sujet.

 

Peu de plans d’actions mis en place

 

La conduite étant un acte de travail, l’entreprise doit prendre en compte les risques qui y sont associés. Le Code du travail oblige d’ailleurs l’employeur à procéder à l’évaluation des risques et donc intégrer le risque routier au document unique (DU). Ce qui doit permettre de définir un plan d’actions adapté.

 

Or, « si plus de la moitié des entreprises intègrent la dimension routière dans leur DU, elles ne sont que 23% à avoir traité ce risque dans leur plan d’actions et seulement 10% d’entre elles le citent comme premier risque à prendre en compte », regrette Christophe Catheline, directeur des opérations expert Risque routier à l’OPPBTP.

 

Par ailleurs, « les actions de prévention déployées sont encore limitées et privilégient l’axe technique plutôt qu’organisationnel », poursuit-il.

 

Enjeux économiques et financiers

 

Si la responsabilité de l’employeur est engagée en tant que garant de la sécurité du salarié, il convient de rappeler que les coûts directs et induits d’un accident de véhicule sont très importants pour l’entreprise.

 

Dans la première catégorie, on peut citer la franchise, les réparations, la majoration des primes d’assurances ou encore des cotisations AT.



Les coûts induits, plus difficiles à chiffrer, sont tout autant préjudiciables : immobilisation du véhicule, perte de productivité ; sans parler des conséquences humaines qui peuvent impacter lourdement la gestion de l’entreprise.

 

Le remède : une politique de prévention adaptée

 

Face à ce manque d’entrain des chefs d’entreprise à prendre à bras le corps le problème du risque routier (les résultats étant meilleurs mais pas suffisants), l’OPPBTP, qui accompagne, conseille et forme les entreprises, a encore du pain sur la planche.

 

Un énorme travail de sensibilisation et de pédagogie doit donc encore être poursuivi. Ce n’est donc pas un hasard si la prévention du risque routier est intégrée dans le plan stratégique quinquennal Horizon 2020, la feuille de route de l’organisme de prévention.

 

Les leviers

 

Laprévention du risque routier consiste à agir sur trois dimensions : organisationnelle, technique et humaine. Pour l’organisation des déplacements, l’OPPBTP délivre quelques conseils : mieux préparer les besoins en matériels et matériaux, se faire livrer les matériaux au maximum par les fournisseurs, choisir des restaurants proches du lieu de travail, préférer l’hôtel à partir d’une certaine distance d’éloignement, ou encore optimiser les parcours sur une journée…

 

Côté technique, le choix, l’aménagement et l’utilisation des VUL sont essentiels. Il conviendra ici, par exemple, d’aménager la zone de chargement et de rangement, gérer les stocks dans le VUL, respecter la charge utile, organiser l’entretien et la maintenance du parc de véhicules.

 

Quant à la prévention humaine, l’organisme recommande de vérifier l’aptitude à la conduite, de mettre en place un contrôle de consommation d’alcool et de stupéfiants, mais aussi d’élaborer un plan d’action avec l’équipe. On le sait, sans objectifs et travail partagés, pas de résultats.

 

OPPBTP : tous azimuts pour aider les entreprises


Pour aider les entreprises à identifier le risque routier, l’OPPBTP a développé un outil d’évaluation des risques en ligne et de nombreuses documentations, dont un guide pratique.

 

L’organisme propose aussi deux modules de formation. L’un de 2 heures s’adresse à l’encadrement, aux chefs d’équipe et aux compagnons et vise à faire connaître les principaux risques liés à l’utilisation d’un utilitaire léger.

 

L’autre de 4 heures  (Prév’action Risques routiers) permet de passer en revue les principaux risques liés aux activités des opérateurs sous forme de quiz.

 

Partenariat avec la SMABTP

 

L’organisme de prévention a également signé une convention de trois ans avec la SMABTP. L’objectif premier étant d’alerter les entreprises ayant beaucoup de sinistralités dans le domaine.

 

En 2016, cela s’est traduit par l’organisation de 8 sessions de formation Prév’action dispensées par l’OPPBTP et financées par la SMABTP.

 

En 2017, l’action est étendue à l’ensemble du territoire et se concentre sur l’évaluation des risques professionnels liée aux déplacements (EVRP) et sur l’organisation du travail et des chantiers qui en découle.
 

« Pour l’entreprise, développer une culture du risque routier est un excellent point d’entrée, pour traiter ensuite d’autres risques », conclut Christophe Catheline.

 

 (1) Source : CNAMTS

 

 

Les accidents du travail en France en 2015

 

Tous secteurs (18,45 millions de salariés) : 624 525 Accidents du Travail (AT) avec arrêts + 87 838 AT suite à un accident de trajet. Les accidents de mission sont à hauteur de 3 % des AT. 545 décès suite à un AT + 276 décès suite à un accident de trajet.



Dans le BTP (1,48 millions de salariés) : 91 783 AT avec arrêts + 4 727 AT suite à un accident de trajet. Les accidents de mission sont à hauteur de 2 % des AT. 130 décès suite à un AT + 26 décès suite à un accident de trajet




Source : batirama.com / Frédérique Vergne

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