Chapes fluides : un marché appelé à se développer
Batirama
20/03/2017
Article mis à jour le 23/05/2017
Utilisées pour les planchers chauffants, ainsi que sur les planchers avec isolants thermiques ou acoustiques, les chapes fluides se développent. Publi-Information
Mise en place pour créer un support dans une construction neuve, pour ragréer ou niveler le sol en rénovation, la chape liquide permet aussi de couvrir la mise en place d'un chauffage au sol performant.
La chape fluide a considérablement amélioré les conditions de travail des applicateurs : le mélange réalisé en centrale est mis en œuvre debout, sans vibrations et sans avoir à tirer la chape.
Cette couche de mortier à base de ciment ou d’anhydrite, d’une épaisseur variant entre 2 et 8 cm selon les applications, permet en outre de niveler la surface des sols des bâtiments neufs ou en cours de rénovation et d’obtenir une planéité et une horizontalité parfaites.
Elle permet aussi un meilleur enrobage des tuyaux des planchers chauffants et améliore la mise en œuvre sur les isolants thermiques et/ou acoustiques des sols des bâtiments.
Convenant à tous les revêtements sols, elles peuvent bloquer les remontées d’humidité, si elles sont réalisées sur polyane, ce qui convient particulièrement pour les collages de sols souples.
Toutefois, elles présentent des inconvénients. Ainsi, la chape anhydrite, masse compacte à base de dérivés du plâtre, nécessite un temps de séchage beaucoup plus long qu'une chape traditionnelle, pouvant aller jusqu'à deux mois pour les grandes superficies.
Le problème du temps de séchage
L’exigence de séchage est en effet de 1% d’humidité pour l’anhydrite (et même de 0,5% en cas de sols souples), alors qu’elle n’est que de 4,5% pour le ciment. En outre, sa sensibilité à l’humidité limite leur prescription à certains locaux.
Elle impose également une mise en œuvre rigoureuse, notamment dans la pose du revêtement. Mais elle est très stable et offre peu de retrait, à la différence du ciment qui sèche plus vite, mais présente des retraits plus ou moins importants, pouvant provoquer des fissurations.
L’obligation de joints de retrait est ainsi de 50 m2 pour le ciment (comparable à celui des chapes traditionnelles), alors qu’elle n’est que de 500 m2 environ pour l’anhydrite : le gain de temps pour le metteur en œuvre est loin d’être négligeable.
La plupart des chapes nécessitent la réalisation d'un ponçage pour éliminer le produit de cure ou la pellicule de surface de la chape. Ainsi, si les chapes traditionnelles conservent encore des parts de marché, les chapes fluides ont des atouts qui leur font envisager un avenir de croissance, malgré deux années consécutives de baisse due à une conjoncture défavorable.
Les professionnels demandent la traçabilité des produits
En termes de traçabilité, la chape fluide est très particulière puisque, une fois la toupie vidée, le produit devient totalement anonyme. Face à des produits de qualités diverses, le GS13 demande donc une traçabilité des chapes afin de mieux les identifier une fois coulées.
Plusieurs solutions ont été proposées, telle qu’une différenciation par la couleur. Finalement, à l’image des engins de chantier, la profession demande que soit appliquée une puce RFID indiquant plusieurs informations sur le produit, telles que sa provenance.
Le problème : si certains industriels sont de bonne volonté et vont de l’avant, tels que Vendée Matériaux, le premier à s’être lancé sur cette voie, bientôt suivi de Lafarge, d’autres sont particulièrement réticents. « Le problème est le fait que les industriels ne répondent pas tous de la même façon à leurs obligations d’Avis Technique.
Certains, et non des moindres, sont même très éloignés des exigences auxquelles ils se sont engagés de répondre et freinent des quatre fers…Une exigence de traçabilité qui milite en faveur de la qualité.
*groupe spécialisé 13, dédié aux procédés pour la mise en oeuvre des revêtements
L’AVIS D’EXPERT
Michel DROIN Président du GS13 témoigne d'un marché en croissance constante
« La qualité des produits et leur facilité de mise en œuvre est en constante amélioration »
Bâtirama : Comment peut-on définir l’évolution du marché des chapes fluides ?
Michel Droin : On trouve encore des chapes traditionnelles, dans l’Est de la France notamment, réalisées par des entreprises qui pratiquent des coûts extrêmement bas, ce qui leur permet de perdurer. Cependant, le marché des chapes fluides est en croissance constante depuis une dizaine d’année, les premières chapes anhydrites ayant fait leur apparition dans les années 80.
En revanche, il est impossible d’obtenir le moindre chiffre sur les volumes de chapes et les industriels ne communiquent pas sur ce point : c’est un vrai secret ! On sait tout de même qu’il existe plus de 40 Avis Techniques du CSTB, soit une quinzaine d’acteurs, dont certains sont strictement régionaux.
Comment se répartissent les différentes familles de chapes ?
Les deux grandes familles sont les chapes anhydrite (à base de sulfate de calcium) et les chapes ciment. On voit également une troisième petite famille, celle des chapes à base ciments spéciaux.
Mais ces produits sont plus coûteux et, face à un marché de la construction encore contraint, les industriels sont peu enclins à poursuivre leur développement. Par ailleurs, le marché se satisfait pleinement du ciment et de l’anhydrite.
Qu’en est-il de l’évolution des produits eux-mêmes ?
La qualité des produits et leur facilité de mise en œuvre est en constante amélioration. Les industriels ne cessent d’affiner leurs formules (avec des chapes sans obligation de ponçage, par exemple).
Par ailleurs, nous remettons en cause le DTU 52-1 concernant la pose scellée du carrelage en raison d’une sinistralité importante. Il faut savoir que le carrelage est malheureusement en position N°1 des sinistres dans la construction. Nous devons donc travailler autrement, avec des chapes et une pose collée et ainsi supprimer la pose scellée sur isolant.
Pour l’heure, toutes les parties prenantes n’y sont pas complètement favorables. Mais il est clair que lorsque nous parviendrons tous à un accord, le marché de la chape fluide explosera.
Ce que dit la réglementation
- NF DTU 26.2 chapes et dalles à base de liants hydrauliques.
Ce document, paru en avril 2008 a fait l'objet d'un amendement en mai 2015. Il définit les clauses pour l'exécution des chapes et dalles non structurelles adhérentes ou désolidarisées sur des supports, eux-mêmes à base de liants hydrauliques, neufs ou remis à nu en locaux intérieurs.
Les locaux visés sont les locaux à faibles sollicitations (UPEC P2 et P3), à sollicitations modérées (UPEC P4), ainsi que les cuisines collectives à fortes sollicitations (UPEC P4S). L'incorporation d'une canalisation ou d'un fourreau dans la chape ou la dalle n'est pas admise.
Il est nécessaire d'exécuter auparavant un ravoirage pour obtenir un nouveau support plan. La chape ou la dalle sera systématiquement désolidarisée en cas de support récent. En cas de mise en œuvre adhérente, l'éventuel produit de cure du support sera éliminé par grenaillage. Cette préparation est systématique en cuisine collective.
Le fractionnement est de 60 m2 en adhérente et de 40 m2 en désolidarisée. Pour l’essentiel, les principales modifications de l’amendement visent la mesure de planimétrie des supports avec un appareil de mesure électrique (et non plus sous une règle de 2 m) et l’interposition de film polyane pour les plaques à plots afin d’éviter la dispersion du polystyrène.
Ajoutons également que l’emploi de treillis soudés ou de fibres dans les chapes ou dalles n’est plus nécessaire pour celles mises en œuvre sur couche de désolidarisation, y compris ravoirage. Les chapes ou dalles ont désormais une épaisseur minimale de 6 cm. Il en est de même pour les chapes ou dalles mises en œuvre sur sous-couches isolantes.
- DTU 26.2 chapes et dalles à base de liant hydraulique,
- DTU 13.3 dallages
- DTU concernant les revêtements associés (NF DTU 51.3 planchers en bois ou en panneaux dérivés du bois, DTU 51.11 pose flottante des parquets contrecollés, DTU 52.1 sols scellés, DTU 53.1 sols textiles, DTU 53.2 sols souples PVC collé, DTU 54.1 revêtement de sols coulés à base de résine, DTU 59.3 peinture de sols).
- DTU 65.14 / NF EN 1264 planchers chauffants.
- CPT 36.06 planchers rayonnants.
- Classement UPEC des locaux.
- CCPT 3578 exécution des chapes fluides à base de sulfate de calcium, révisé le 4 décembre 2014.
- Les Avis Techniques des industriels.
En savoir plus
- Guide de la chape fluide : ce guide, édité par Lafarge, vise à répondre aux questions que se posent les professionnels lorsqu’ils réalisent un chantier de construction ou de rénovation de sol.
- Guides techniques : proposés par Sika, voici le guide SyntiChape® sur la chape anhydrite auto-nivelante, le guide Sika ViscoChape® sur la chape ciment auto-nivelante (préparation du local, nature et planéîté des supports, travaux préliminaires, coulage de la chape, pose de cloisons légères et de revêtements de sol, mise en œuvre d’une chape chauffante, réglage de la pompe à chape), ainsi que le guide Sika LevelChape® HCS sur la chape ciment auto-nivelante hors chauffage au sol.
- Chapes fluides a? base de sulfate de calcium : Cahier des Prescriptions Techniques d’exécution. Ce document a été entériné par le GS 13 le 4 décembre 2014. Il annule et remplace le CPT 3578-V2 paru dans les e-Cahiers du CSTB en mars 2012. Cahier 3578-V3 – Janvier 2015. Tel. : 01 64 68 82 82.
- « Pose collée de carrelage en travaux neufs - Carreaux céramiques ou assimilés - pierres naturelles » par Christine Gilliot. 4e édition. UNECB-FFB. Au sol ou au mur, à l'intérieur ou à l'extérieur, en local sec ou humide, ou encore sur chape fluide à base de sulfate de calcium, la pose collée de carrelage doit tenir compte de multiples paramètres pour prévenir les désordres et assurer la durabilité de l'ouvrage. Cet ouvrage donne la voie çà suivre par le professionnel. http://www.decitre.fr/livres/pose-collee-de-carrelage-en-travaux-neufs-9782868916372.html.
PRODUITS
| Chape autonivelante par Anhydritec : Pour plancher chauffant-rafraîchissant Cette chape anhydrite fluide autonivelante et autolissante est élaborée à partir d'un liant à base de sulfate de calcium, de sable, d'un activateur de prise et d'un fluidifiant. D’une épaisseur de 3 à 7 cm, elle permet l'enrobage des planchers chauffants-rafraîchissants jusqu'à 300 m² sans joints de fractionnement. La pose d'un revêtement de sol est possible sans appliquer un produit de ragréage autolissant au préalable. La mise en œuvre se fait par application par pompage. La mise en circulation se fait après 24 h, la mise en chauffe après 7 j et la pose d'un revêtement de sol après 21 j. |
| Advanci Chapfluid Ciment par Cemex Bétons : Pour planchers chauffants ou réversibles Ce mortier fluide à base de liant hydraulique pour chape autonivelante, sous Avis Technique CSTB, se met en œuvre sans vibrations et offre un faible retrait. Spécialement conçu pour la réalisation de planchers chauffants ou réversibles et de chapes désolidarisées ou flottantes sur isolant phonique et/ou thermique, il peut être revêtu directement sans application de ragréage. Il permet une réduction importante du bruit d'impact. Il est préparé en unité de production et livré sur le chantier en camion-toupie. La circulation piétonne est possible 24 h après le coulage et la procédure de mise en chauffe décrite dans les Avis Techniques peut débuter 7 jours après le coulage. |
| Synersol®- Isolege® MK2 par Syneris : Isolation des sols par polyuréthane projeté Ce procédé d’isolation thermique de sols et planchers intermédiaires, sous Avis Technique et certifié CSTBat, est à base de mousse de polyuréthane projetée. Après expansion, il forme une isolation rigide, pouvant recevoir une chape, une dalle traditionnelle, une chape fluide sous AT, avec ou sans chauffage au sol intégré. Etanche à l'eau, le produit est ininflammable, exempt de CFC et de HCFC. Il est compatible avec un plancher chauffant. |
| ViscoChape par Sika : Chape fluide en béton fibré ou non Livré en camion malaxeur, ce mortier fluide à base de ciment Portland est destiné à la réalisation de chapes autonivelantes adhérentes, désolidarisées ou flottantes. Fabriqué en centrale à béton, fibré ou non, il est disponible avec des fibres métalliques ou macro-synthétiques, en remplacement des treillis anti-fissuration et autres armatures périphériques. Sa mise en œuvre s’effectue sur 4 cm d’épaisseur minimum. Il peut être associé à tous types de revêtements de sol (carrelage, parquet, vinyle, textile, peinture, résine, etc.) et est compatible avec les systèmes de planchers chauffants à eau chaude ou rayonnants électriques. Le temps de prise est compris entre 20 et 24 h. |
| weber.floor 4320 par Weber : Chape fluide mince fibrée rapide Ce mortier fluide fibré est idéal pour la réalisation de chapes minces autolissantes et particulièrement recommandé pour la rénovation rapide du bâti, Résidentiel ou Tertiaire, en locaux P2 à P4S. weber.floor 4320 est mis en œuvre en pose adhérente (de 3 à 50 mm), désolidarisée (> 20 mm) ou flottante (> 25 mm). Prêt à gâcher, sa formulation est optimisée pour une mise en œuvre mécanisée. Le séchage et le recouvrement rapides du weber.floor 4320 participent au gain de temps et à la compétitivité des chantiers : chantier accessible après 3h environ et 24 heures suffisent pour une pose de carrelage. Le mortier weber.floor 4320 peut également être associé à l’enrobage de planchers chauffants minces type Roth ClimaComfort Compact. |
| Agilia Chape Thermic C1100 par Lafarge Bétons : Chape renforcée de fibres métalliques A base de ciment Portland renforcé de fibres métalliques, ce mortier fluide est destiné à la réalisation de chapes autonivelantes pour locaux classés au moins U4 P3 E2 C2. Il est compatible avec les planchers chauffants à eau chaude comme avec les planchers rayonnants électriques. Fabriqué en centrale à béton, il est livré sur chantier en camion malaxeur. Sa mise en œuvre s’effectue à la pompe en pose désolidarisée ou flottante pour une épaisseur minimale de 4 cm. Des joints de fractionnement sont nécessaires tous les 40 m². |
| Gamme complète de chapes fluides par Vicat : Mortiers fluides fibrés ou non Cette gamme complète de mortiers fluides, fibrés ou non, à base ciment sous DTA (Document Technique d’Application) du CSTB destinés à la réalisation de chapes autonivelantes avec une mise en œuvre par pompage. Ces chapes s’utilisent à l’intérieur de bâtiments, en neuf et en rénovation, en pose adhérente, désolidarisée ou flottante, et sur tous types de planchers chauffants (sauf pour la Flexiperf La Chape HPC) pour les locaux ne dépassant pas le classement U4 P4 E3 C2. Elles sont compatibles avec tous types de supports, de revêtements, sans ragréage, ainsi que pour les sous-couches isolantes thermiques et/ou acoustiques. Une circulation piétonne modérée est possible entre 24 et 48 h après le coulage et l’intervention du second œuvre est permise à partir de 72h. La pose de revêtement type carrelage est possible à partir de 14 Jours. |
| TF400 par Lancy : Pompe à chape fluide Cette pompe à vis pour chape autonivelante est la plus puissante du marché. Elle est équipée d'un moteur thermique Kubota à refroidissement liquide de 33 kW avec Turbo et d'une nouvelle transmission hydraulique pour un débit théorique de 20 m3/h selon les matériaux pompés. Elle intègre en série une radiocommande ergonomique avec 5 vitesses permettant un réglage précis du débit. Elle est aussi dotée d'une grille à cornières brevetée permettant d’écouler tous types de produits fibrés, d'un tamis vibrant en discontinu, d'un avertisseur sonore d'arrêt de pompage et d'autres équipements (boîte de rangement, nettoyeur haute pression, roue jockey et stabilisateurs). |
Source : batirama.com / Michèle Fourret