« L’activité du bâtiment se tient mieux que prévu », se réjouit Jacques Chanut, confirmant ainsi une sortie de crise plus rapide qu’envisagée. Lors d’un de ses traditionnels points de conjoncture, le président de la FFB note du dynamisme dans l’ensemble des marchés, même si la reprise n’est pas ressentie de la même façon dans les territoires.
Cette embellie est tirée, comme les mois précédents, par le logement neuf qui affiche une croissance de 12,8% en volume. Les perspectives à venir sont toutes aussi encourageantes avec des permis et mises en chantier respectivement en hausse de 12,9% et 17,6% en glissement annuel sur les quatre premiers mois de l’année.
Un peu moins dynamique, le non résidentiel neuf enregistre une croissance de +0,4%. Toutefois, les hausses constatées des surfaces autorisées et commencées sur les quatre premiers mois, soit +2,4% et +3,3% augurent d’un trend intéressant.
Le seul problème vient des locaux commerciaux qui restent à la traîne depuis la mi 2016 (-2,9% pour les surfaces autorisées et -5,3% pour les surfaces commencées). Risque de bulle, concurrence des grands parcs périphériques sur le commerce de proximité, développement du e-commerce sont autant de raisons qui pourraient expliquer cet environnement moins favorable pour ce segment de marché.
Quant au marché de l’amélioration-entretien, ce n’est pas encore l’explosion attendue, tant le potentiel est important avec les travaux d’efficacité énergétique, mais il affiche une avance de +1% sur le 1er trimestre 2017.
Jacques Chanut regrette que cette croissance ne soit pas suffisante pour dynamiser les zones, notamment détendues, où les besoins en construction neuve sont faibles. Un problème de fractures territoriales que la FFB dénonce depuis des années.
L’organisation patronale se dit prête avec ses adhérents à relever le défi, en accompagnant toute mesure permettant d’irriguer activité et emploi sur ces territoires. Elle ne peut donc être que satisfaite de la présence d’un grand ministère de la Cohésion des territoires qui inclut aussi le logement.
Les conséquences de ce redressement de l’activité plus rapide que prévu commencent à être visibles. « Les trésoreries sortent du rouge et les défaillances chutent rapidement (-16,8% sur le 1er trimestre 2017 contre -13,4% en 2016) », constate le président de la FFB, qui note « une amélioration sur les prix, qui restent malgré tout encore trop bas, et une difficulté à reconstituer les marges ».
Mais c’est aussi et surtout l’emploi qui renoue avec la croissance, alors qu’il diminuait de façon ininterrompue depuis 2008 (180 000 postes détruits depuis cette date).
« Nous avions prévu pour 2017 une hausse des effectifs d’environ 10 000 postes, or le premier trimestre se solde déjà sur une progression de 16 300 emplois par rapport à la même période de l’année dernière, dont 1 900 postes permanents et 14 400 postes d’intérim en équivalent-emplois à temps plein ». Pour autant, c’est l’intérim qui connaît une envolée.
Quant aux contrats de projets ou plus exactement de chantiers dont on parle de plus en plus avec la réforme du Code du travail, Jacques Chanut relativise. « C’est un système ancien qui est surtout destiné à des chantiers de plus de 18 mois et qui n’est pas aussi simple que l’on veut bien le laisser croire. En fait, il est peu utilisé dans notre secteur ».
Alors que faudrait-il faire pour favoriser l’embauche en CDI ?
« Après 8 années de crise, les entrepreneurs sont traumatisés, souligne Jacques Chanut. On commence juste à relever la tête. Mais pour que l’emploi permanent se développe davantage, il faudra lever dans les prochains mois certaines incertitudes : ne pas stigmatiser l’immobilier (ISF sur l’immobilier, ndlr) et simplifier les règles sociales pour balayer la peur d’embaucher ».
L’incertitude sociale, c’est notamment le sujet du compte pénibilité, mesure qui devrait être gelée jusqu’à la fin de l’année, selon le Premier Ministre.
« Mais reporter n’est pas une solution, estime Jacques Chanut. Sur les six critères restants, nous sommes dans l’incapacité de faire des mesures. C’est à ceux qui ont imaginé ce système de l’amender et nous sortir de l’impasse. A la FFB, nous défendons une approche médicalisée individualisée de la pénibilité dans le cadre de la réforme des retraites. C’est le seul moyen de sortir par le haut d’un sujet difficile qui empoisonne les relations sociales depuis maintenant cinq ans ».
A ce premier frein à l’embauche, suit la difficulté à trouver de la main d’œuvre. « Des tensions commencent à se faire sentir », note le président de la FFB qui reconnaît qu’il faut accélérer le recrutement du nombre d’apprentis.
Il est vrai que les années de crise ont freiné l’effort de formation habituellement engagé par les professionnels du secteur.
« Désormais l’objectif, c’est l’emploi », assène Jacques Chanut qui, à peine son deuxième mandat commencé, a l’impression de toujours répéter les mêmes choses.
Source : batirama.com / Frédérique Vergne
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Fin décembre, la FFB avait tablé sur une croissance d’activité de 3,4% pour 2017 ; or elle atteint déjà 4 % au premier trimestre par rapport au même trimestre de l’an passé, courre toujours mais à quel prix ? QUE DES MIETTES POUR LES CREVE-LA-FIN QUI BOSSENT ET LES TRAVAILLEURS DETACHES.