La période qui s’ouvre avec ce nouveau quinquennat pourrait renforcer le rôle du Plan Bâtiment Durable. Un rôle qui a depuis de nombreuses années montré son utilité dans l’habitat durable, le bâtiment, l’immobilier.
A cheval entre l’Administration et la société civile, ce lieu de réflexions et de prospectives pourrait être mobilisé pour répondre aux attentes du gouvernement. « Je suis sûr que nous serons mobilisés », affirme avec optimisme Philippe Pelletier, son président, le 19 juillet lors de la 25e assemblée générale. Et les sujets convergents ne manquent pas.
Le 6 juillet dernier, Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique et Solidaire dans sa présentation des grandes orientations du Plan Climat pour le quinquennat, a indiqué faire de la rénovation énergétique une priorité nationale.
D’une part en éradiquant la précarité énergétique en 10 ans, notamment sur les ménages les plus modestes et d’autre part en rénovant les bâtiments publics avec les collectivités locales. Une enveloppe de 4 milliards d’euros sera consacrée à chacun de ses deux axes.
« Avec cette nouvelle intensité des objectifs sur l’efficacité énergétique des bâtiments et les nouveaux champs prioritaires posés, nous nous demandons s’il ne faut pas mettre en place une nouvelle gouvernance », s’interroge Philippe Pelletier, qui précise que le plan climat est en phase avec les travaux menés par le Plan Bâtiment Durable.
Une réflexion conduite par l’ampleur de la tâche. Et de citer la précarité énergétique.
« Nous avons démarré notre action sur la lutte contre la précarité énergétique qui est devenue la colonne vertébrale de notre activité. Le défi est désormais considérable ».En effet, pour éradiquer, en 10 ans, les quelque 2,7 millions de passoires thermiques occupés par des ménages très modestes, il va falloir réaliser entre 270 et 300 000 rénovations par an.
Or le programme « Habiter Mieux » piloté par l’Anah a pour objectif cette année les 100 000 logements rénovés, chiffre déjà difficile à atteindre. « Il va s’agir de tripler les objectifs », précise le président du Plan Bâtiment Durable, qui se demande si « on a le pilotage adéquat ».
« Avec une telle ampleur, l’organisation n’est plus la même. Il faut sans doute une approche industrielle qui prenne aussi en compte des opérations portées par des acteurs privés comme celle « j’isole les combles pour 1€ », financées par les certificats d’économie d’énergie (4 000 logements sont rénovés par an dans ce cadre) ».
La question du pilotage se pose aussi pour l’immobilier des collectivités locales en donnant la priorité aux bâtiments éducatifs avec des financements spécifiques. Un groupe de travail dédié sera d’ailleurs lancé à la rentrée.
« Au-delà de l’ajustement des outils, cette action d’ampleur va appeler un pilotage plus vigoureux. Nous allons sensibiliser le gouvernement et proposer nos services pour mettre en place une nouvelle gouvernance, en adéquation avec les objectifs », indique Philippe Pelletier.
Pour cette 25e assemblée générale, le Plan Bâtiment Durable ne pouvait passer sous silence la décision du Conseil d’Etat du 11 juillet de suspendre le décret sur la rénovation énergétique du parc tertiaire.
« C’est du gâchis de voir un texte préparé de manière concertée mis à bas par trois fédérations (Conseil national du commerce, association Perifem et Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) », regrette Philippe Pelletier.
Conséquence : la charte pour l’efficacité énergétique du parc tertiaire public et privé lancée en 2013, qui devait s’arrêter lors de la parution du décret, est relancée de plus belle.
Un nouveau souffle lui sera donnée dès septembre à travers une nouvelle version qui prendra en compte l’enjeu carbone et un reporting efficace mais pas trop contraignant pour les acteurs (110 signataires à ce jour), tout en poursuivant la mise en réseau des bonnes pratiques. « Il faut maintenir la dynamique », conclut Philippe Pelletier, qui entend bien apporter sa pierre à l’édifice pour les cinq prochaines années.