Le projet de déploiement du compteur communicant gaz Gazpar par GRDF s’inscrit dans le cadre de la Directive Européenne 2012/27/UE du 25 octobre 2012 relative à l’efficacité énergétique. Le but est de permettre notamment aux consommateurs d’accéder à leurs données de consommation plus fréquemment en vue d’une meilleure maitrise de l’énergie et de fournir une facturation en temps réel.
Outre leurs données de comptage, les consommateurs bénéficieront par ailleurs de systèmes d’alerte liés au niveau de leurs consommations et d’éléments de comparaison issus de moyennes statistiques basées sur les données de consommation locales ou nationales. Le fournisseur pourra de son côté accéder aux données de comptage sous réserve du consentement du consommateur.
C’est ainsi qu’un pilote de déploiement des compteurs communicants gaz a été lancé par GRDF de janvier 2016 à avril 2017 afin de préparer le déploiement généralisé et le remplacement de 11 millions de compteurs gaz à l’horizon 2022 (près de 523 500 compteurs ont été posés à ce jour).
Dans ce cadre, 11 expérimentations ont été menées, en co-pilotage avec l’Ademe. Le but : déterminer les leviers d’appropriation par les ménage de leurs données de consommation gaz en vue de favoriser la maîtrise de l’énergie et préciser de quelles façons tous les acteurs de la filière peuvent s’emparer de ces données pour créer des services ou les renforcer.
Ces opérations ont été menées sur 4 territoires pilotes des Hauts-de-Seine, de la région lyonnaise, du Havre et de la région de Saint-Brieuc. Elles ont été conduites en deux phases, la première sans données réelles de consommation et la deuxième avec des données réelles mises à la disposition du client.
Trois axes d’études ont été adoptés : le parcours de pose, la mise à disposition des données de consommation, ainsi que l’accompagnement des consommateurs. Huit catégories d’acteurs ont été ciblés, des collectivités aux bailleurs sociaux et copropriétés, en passant par les fournisseurs de gaz, les experts en maîtrise de l’énergie, les acteurs de la précarité énergétique, etc.
Pour chacune des expérimentation, différentes modalités d’évaluation ont été mises en œuvre : focus-groupes, entretiens, enquêtes en ligne auprès de plus de 10 000 ménages, ateliers, réunions, etc. Il ressort de tout ceci qu’un potentiel de maîtrise de l’énergie est confirmé pour les consommateurs, mais que l’implication des acteurs tiers est indispensable pour sa concrétisation.
Les expérimentations confirment en effet que les ménages interrogés ont un réel intérêt pour leurs données de consommation dès lors qu’ils en comprennent la signification et l’usage qu’ils peuvent en faire pour une meilleure maîtrise de l’énergie.
Il est donc nécessaire de mener une communication adéquate et des actions pédagogiques pour une meilleure compréhension des enjeux, le tout adapté à la grande diversité de profils de consommateurs rencontrés. Dans tous les cas et sans surprise, l’objectif suivi par les ménages est surtout lié à une baisse de la facturation et, beaucoup plus rarement, à des raisons environnementales.
Par ailleurs, l’analyse des consommateurs repose essentiellement sur la comparaison des données par rapport aux périodes précédentes ou par rapport à d’autres consommateurs. Mais pour une meilleure maîtrise énergétique, les ménages ont un besoin évident de conseils personnalisés et d’une présentation de l’impact financier des variations de consommation.
Pour les ménages les plus éloignés de la technique et de la maîtrise de l’énergie (souvent les plus défavorisés ou les plus âgés), il semble ainsi que seul un accompagnement individuel ou en petit groupe puisse engendrer intérêt et compréhension du dispositif. Les expérimentations ont aussi mis en évidence une crainte de manque de confidentialité et de sécurité des données : craintes d’erreur de transmission, de harcèlement commercial pour proposer des travaux ou de repérage des absences pour cambrioler le logement.
Garantir la sécurité des données est donc un impératif qui repose sur la confiance en la relation avec le fournisseur de service. Les acteurs publics ont ici un rôle clé à jouer car ils sont perçus comme des tiers de confiance. Quant aux installateurs, ils ont également un rôle à jouer auprès de leurs clients en leur prodiguant des conseils, notamment dans le cadre d’un contrat d’entretien : un soutien et des conseils avisés peuvent être une bonne base de fidélisation…
Source : batirama.com / Michèle Fourret