En attendant la feuille de route gouvernementale sur l’économie circulaire, le Plan Bâtiment Durable s’intéresse au sujet, en recensant les initiatives. Anne-Lise Deloron, directrice adjointe explique ce choix.

Le Plan Bâtiment Durable se penche sur l’économie circulaire, pourquoi ?

 

Anne-Lise Deloron: Historiquement, la question du bâtiment durable a été principalement traitée sous l’angle de la diminution de la consommation d’énergie, en écho aux objectifs et réglementation fondés sur une amélioration de l’efficacité énergétique du secteur.

 

Aujourd’hui, nous allons encore plus loin en associant à la performance énergétique des immeubles, des enjeux environnementaux. Cette première inflexion s’opère dans le champ de la construction neuve avec la prise en compte de l’empreinte carbone du bâtiment et une attention croissante aux enjeux de qualité de l’air intérieure, gestion de l’eau, gestion des déchets et confort des occupants.

 

C’est dans ce contexte qu’il apparaît aujourd’hui indispensable de s’intéresser à l’économie circulaire dans le bâtiment. En effet, la prise en compte de cet enjeu dans le secteur du bâtiment suppose un véritable changement de paradigme dans la manière d’aborder l’acte de construire ou de rénover. Le bâtiment est un secteur prioritaire d’attention car il est à l’origine d’une part très importante des matières premières extraites et des déchets générés parmi l’ensemble des secteurs économiques.

 

Il est donc indispensable d’éclairer les acteurs du bâtiment et de l’immobilier sur ces nouveaux enjeux et c’est la mission que se fixe le Plan Bâtiment Durable.

 

Qu’attendez-vous de votre évènement du 19 décembre « L’économie circulaire au service des bâtiments responsables » ?

 

A.-L. D. : Avec l’accélération de la prise en compte des enjeux environnementaux, nous avons repéré un foisonnement d’initiatives, très diverses, ayant trait au développement de l’économie circulaire au service du bâtiment durable.

 

Nous avons imaginé qu’il était indispensable pour la filière de mieux comprendre les enjeux et d’y voir plus clair dans cette multitude d’initiatives. C’est pourquoi, nous avons tout d’abord lancé un appel à recensement de ces actions et projets et que ce 19 décembre, nous rendons public l’ensemble des initiatives portées à notre connaissance lors de notre évènement, plusieurs d’entre elles viendront se présenter et échanger avec le public (le programme de l’évènement du 19 décembre 2017).

 

Nous souhaitons également que notre action puisse valoriser l’engagement de la filière bâtiment et immobilier au moment où les pouvoirs publics préparent la feuille de route gouvernementale en matière d’économie circulaire. Il est indispensable de montrer que les acteurs sont déjà résolument à l’action.

 

Quelles perspectives pour la suite ?

 

A.-L. D. : Nous sommes très honorés que nos travaux soient introduits par le député François-Michel Lambert, président de l’Institut de l’Économie Circulaire, pleinement impliqué dans la préparation de la feuille de route gouvernementale (ndlr : sa sortie est prévue en mars prochain) ; il suit de près les travaux du Plan Bâtiment Durable et nos équipes respectives sont en train d’imaginer comment travailler plus efficacement ensemble par la suite sur ce sujet.

 

Nous avons commencé à repérer des freins et difficultés qui se posent aux acteurs pour accélérer le déploiement de l’économie circulaire, nous allons très certainement proposer aux pouvoirs publics une synthèse de la situation. Enfin, si les acteurs le souhaitent, nous verrons comment poursuivre les échanges au-delà de ce premier évènement.

 

En savoir plus : www.planbatimentdurable.fr

 

Quelques initiatives

 

Le Plan Bâtiment Durable a édité un livret qui recense une quarantaine d’initiatives. En voilà quelques-unes. 

• le CSTB pour une méthodologie d’analyse économique de projets basés sur le réemploi  des matériaux à partir de retours d’expérience des projets Repar 2 (porté par Bellastock) et ReQualif (porté par Emmaus) ;

 

• Greenaffair pour la réalisation d’une charte de chantier écoresponsable, à destination des entreprises. Cette charte est jointe au marché des entreprises du projet et définie des prescriptions environnementales fortes à mettre en oeuvre sur le chantier http://www.greenaffair.com/ ;

 

• Circolab pour la création d’une communauté d’intervenants, notamment de maître d’ouvrages et d’un label pour valoriser les opérations exemplaires et inciter l’industrie immobilière à s’engager http://circolab.eu/ ;

 

• Bouygues Bâtiment Sud Est et Linkcity Sud Est pour la transformation de bureaux en logements à Nîmes. Ce changement d’usage du bâti, privilégié à une démolition/reconstruction, permet de densifier le tissu urbain en minimisant l’extraction de nouvelles ressources ;

 

• Vinci Construction France pour sa démarche Conjugo Construire réversible qui rend le bâtiment adaptable facilement à tout changement d’usage,  sans surcoût de construction. Cette démarche répond à un besoin : 5 millions de m2 de bureaux vides en France, dont 3,9 millions de m2 en Île-de-France, 1,2 million de m2 de bureaux vacants depuis plus de 3 ans en Île-de-France ; entre 2000 et 2500 €/m2 pour transformer un bureau en logement à Paris http://www.vinci-construction.fr/conjugo

 

• Camposphère pour sa solution innovante et collaborative visant à limiter les destructions et favoriser le réemploi des bâtiments modulaires http://www.camposphere.com/

 

• Cycle up , société spécialisée dans le réemploi des matériaux de construction. Son modèle constitue pour la première fois une réponse globale pour la filière, en proposant des services complémentaires www.cycle-up.fr

 

• Recyclum pour  son initiative Democles, les clés de la démolition durable. Les 10 millions de tonnes annuelles de déchets du second œuvre (plâtre, bois, verre plat, lampes et équipements électriques, PVC, moquette, etc.) peuvent faire l’objet d’une valorisation à condition d’une dépose sélective et d’un conditionnement approprié. Le programme Democles fédère 70 partenaires représentant les maîtres d’ouvrages et plusieurs fédérations d’entreprises et met en disposition des outils d’accompagnement ; https://www.recylum.com/democles-2/

 

• Federec Verre, Federec BTP, FFPV, SNED, SRBTP pour leur engagement pour la croissance verte relatif au recyclage du verre plat de déconstruction et de rénovation  www.ecologique-solidaire.gouv.fr/recyclage-duverre-plat-engagement-croissance-verte

 

• Christian Cardonnel, Consultant pour son concept d’Habitat Efficience +, qui permet d’aboutir à une offre globale qui recycle les énergies fatales et qui rentre dans l’économie circulaire ;

 

• Matabase pour sa démarche Matabase Marketplace circulaire qui diminue l'impact environnemental du BTP et accompagne la réglementation vers 70% de valorisation des déchets et jusqu'à 50% d’intégration de matériaux issus du recyclage www.matabase.fr

 

• Pôle de Compétitivité Fibres Energivie pour son programme CIM ECO®, plateforme de services sur mesure conçue pour répondre aux enjeux climatiques et environnementaux de la filière bâtiment www.fibres-energivie.eu
   

 

• Atelier Aïno Scop sas d’Architecture pour le réemploi de tuiles usagées, démarche testée  à l’échelle d’un chantier de réhabilitation d’une maison à La Turbie (06)

 

A noter

Le Plan climat présenté par Nicolas Hulot le 6 juillet dernier a donné une place centrale à l'économie circulaire. L’ambition de viser une économie "100% circulaire" se concrétisera d’ici 2025 par la diminution de moitié de la mise en décharge et du recyclage du plastique. Pour atteindre ces objectifs, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Brune Poirson, secrétaire d'Etat, ont donné le coup d'envoi le 24 octobre à l'élaboration d'une feuille de route de l'économie circulaire, selon un modèle participatif.Sa sortie est prévue en mars 2018

Source : batirama.com / Frédérique Vergne