Depuis 2018, Legrand a lancé son programme Eliot (EL pour électricité, IOT pour IoT : Internet of Things, l’internet des objet). Le but est d’ajouter une connectivité à tous les appareils Legrand pour lequel cela a un sens, à travers tous les marchés et toutes les divisions du groupe, depuis l’appareillage terminal domestique jusqu’aux cellules MT/BT dans les postes de transformation.
Selon Jérôme Boissou qui dirige ce programme, Eliot repose sur trois piliers : développer des produits connectés, utilisant l’infrastructure de distribution électrique qui fait la force de Legrand, tout en s’assurant de la plus grande interopérabilité possible.
Eliot est un programme transverse dans tout le groupe Legrand pour peu à peu connecter tous les appareils qui le justifient. ©Legrand
Depuis plusieurs années, Legrand participe à un grand nombre d’associations et d’alliances chargées de développer des protocoles de communication.
L’entreprise possède un siège au Board de la ZigBee Alliance, fait partie du Thread Group, est « Platinum Member » de OCF (Open Connectivity Foundation) qui promeut le projet open source IoTivity (une couche applicative capable d’utiliser plusieurs protocoles de communication différents) et a absorbé en 2016 AllSeen, dont Legrand était membre également, et qui développait le très similaire framework Alljoyn.
Legrand est également membre de KNX Alliance, mais commercialise aussi des solutions utilisant BACNet ou LonWorks. Legrand travaille aussi avec Google et NEST pour développer le protocole Weave sur TCP/IP. Bref, Legrand est partout, mais pourquoi faire ?
Selon Jérôme Boissou, au moins trois raisons l’y poussent. Il s’agit tout d’abord de garantir que l’entreprise demeure à la pointe des évolutions en matière de protocoles de communication. Ensuite, ces participations assurent que ses solutions demeurent le plus interopérables possibles avec les standards du marché.
Enfin, ça lui permet d’influer sur les évolutions en cours dans le sens de l’utilisation, la plus large possible, de standards ouverts. Legrand estime par exemple que l’extension du protocole TCP/IP à l’univers domestique et au monde de la GTB participe à cette standardisation ouverte.
Le groupe a également poussé au rapprochement entre OCF et AllSeen, estimant que les membres des deux organisations étaient largement les mêmes et qu’elles poursuivaient des buts très similaires.
Bref, Legrand n’est plus favorable aux solutions propriétaires, bien que sa box MyHome utilise notamment en aval un protocole sans fil propriétaire en 2,4 Ghz, maillé et sécurisé avec AES128 (Advanced Encryption Standard ou standard de chiffrement avancé fonctionnant avec des blocs de 128 bits). Mais ça, c’était avant. Legrand aujourd’hui joue l’ouverture et l’interopérabilité.
Jérôme Boissou pilote Eliot pour le groupe Legrand. En 2017, Eliot représente 440 millions d'Euros de CA à travers le groupe, en augmentation de 40% par rapport à 2016. ©Legrand
En lançant Eliot, Legrand a reconnu que la connectivité dépassait la domotique et que l’entreprise avait besoin d’alliances avec d’autres acteurs. Le développement de cette stratégie se lie à travers les participations successives de Legrand au CES de Las Vegas. Lors de sa première participation en 2015, Legrand mettait en scène une alliance avec ZigBee, une seule solution interopérable et une expérience utilisateur.
En 2016, un partenaire (La Poste), deux alliances (ZigBee et AllSeen), une solution et trois expériences utilisateurs. 2017 : 3 partenaires (La Poste, Paribas Immobilier, Netatmo), 2 alliances (ZigBee, Thread), 3 solutions et plus de 10 expériences utilisateurs.
En 2018, plus de 20 partenaires (Renault, Samsung/Marriott, Amazon Echo, Microsoft Azure), 3 alliances (ZigBee, Thread et OCF), près de 10 solutions, plus de 30 expériences utilisateurs et le lancement de son offre « Works with Legrand ».
Celiane with Netatmo a été en 2016, la première incarnation de l'interopérabilité et des partenariats selon Legrand. ©Legrand
Malgrés son anglicisme ronflant, « Works with Legrand » démontre en réalité le réalisme et la modestie payante de l’approche stratégique de Legrand.
L’entreprise estime en effet qu’il existe dans le monde de grands acteurs, capables de créer autour d’eux un écosystème attractif : Apple, Samsung, LG, Amazon, Google, Renault en automobile, La Poste en matière de services à la personne, Vinci Immobilier et BNP Parisbas Immobilier parmi les promoteurs, Marriott en hôtellerie, etc. Et qu’il est vain de tenter une concurrence frontale.
Pourquoi lancer un nouveau micro/haut-parleur pour la commande vocale, alors qu’il existe déjà Alexa/Echo d’Amazone, Apple Home Kit et Siri, Google Home, Samsung Bixby, LG SmartThinQ, etc.
Autant s’allier et leur faciliter la tâche, d’autant plus que tous ces acteurs ne fabriquent pas tout l’appareillage électrique qui fait la force de Legrand et dont ils ont besoin pour constituer une expérience Smarthome significative.
Legrand, dont les ambitions sont mondiales, présente donc au CES 2018 « Works With Legrand ». Ce n’est rien d’autre qu’un Cloud Legrand reposant sur l’infrastructure matérielle et logicielle Azure de Microsoft.
A travers ce Cloud, Legrand ouvre ses API (Application Programming Interface) à ses partenaires pour garantir une expérience utilisateur intéressante. Le portail Works with Legrand rassemble toutes les ressources techniques nécessaires (documentation, lagnages, API, etc.) pour que ses partenaires mettent leurs services ou leurs appareils en communication avec les équipements connectés Legrand.
Au CES 2018, Legrand met en avant la commande vocale. Déjà opérationnelle avec Alexa d'Amazon, elle le sera dans l'année avec Google Home et Home Kit d'Apple. ©Legrand
Cette approche par le Cloud permet d’accélérer les développements techniques. Dés à présent, le Hub la Poste peut récupérer les informations de Celian with Netatmo dans le cadre de l’assistance au maintien à domicile des personnes âgées. Grâce à un partenariat avec Amazon à travers Works with Legrand, la commande vocale dans le smarthome est accessible à travers le haut-parleur ECHO d’Amazon et son assistante vocale Alexa.
Le nouveau thermostat connecté Smarther de Legrand reçoit l’ordre vocal de modification d’une température à travers Echo et Alexa en confirme l’exécution. Renault s’est associé à Legrand pour étoffer son offre de services connectés baptisée Easy Connect et proposer une continuité de la connectivité entre la maison et la voiture.
Au tableau de bord de la voiture, l’écran R-LINK2 au tableau de bord de la voiture, reçoit les informations issues du logement et peut lui donner des ordres. Il interagit dès à présent avec l’offre Celiane with Netatmo, avec le nouveau portier connecté Legrand Classe 300, avec le thermostat connecté Smarther.
Avec Marriott et Samsung, Legrand développe la solution de chambre d’hôtel connectée « Guest Room Management », qui sera peu à peu déployée dans tous les hôtels Marriott dans le monde éclairage, température (chaud/froid), ambiance, scénarios personnalisés qui suivront le client dans n’importe quel hôtel Marriott, commande vocale, miroir connecté pour diffuser des services, comme une séance de yoga, etc.
Works with Legrand est un ensemble : un Cloud Legrand utilisant l'infrastructure Azure de Microsoft, un ensemble d'API, des accords commerciaux avec des partenaires, une documentation technique leur permettant d'utiliser les solutions Legrand. ©Legrand
Outre ses collaborations et son offre « Works with Legrand », l’entreprise montre plusieurs nouveaux produits connectés au CES 2018. Le premier d’entre eux est le portier connecté Class 300 (1290 € HT prix public, pose non-comprise). Commercialisée depuis mi-2017 en France sous la marque bticino, la version connectée convient à la maison individuelle comme au collectif et représente déjà plus de 40% des ventes en France, et plus de 50% en Belgique et en Allemagne.
Il communique en WiFi avec la box internet du logement, en bus 2 fils avec le reste de l’installation domotique. Il est déjà compatible avec la commande vocale Amazon Alexa et le client le commande à distance grâce à l’application dédiée et gratuite « Door Entry ».
Le second nouveau produit connecté mis en scène au CES est le thermostat Smarther (190 € HT, sans pose), déjà présenté à IFA en septembre 2017 à Berlin. Il se pose en encastré ou en saillie, pilote chauffage, climatisation et électrovannes de régulation, dispose d’une application dédiée « Thermostat App », est compatible avec Amazon Echo et Alexa, affiche température et hygrométrie et communique en WiFi avec la box internet du client.
L’application utilise le GPS du smartphone pour le géolocaliser. Si son porteur rentre plus tôt que prévu, l’appli le signale au thermostat qui remet le chauffage ou la clim en route pour atteindre la température de consigne.
L’appli pilote plusieurs thermostats dans le même bâtiment (zoning) ou des thermostats dans différents bâtiments (logement principal, résidence secondaire, bureau, commerce, etc.).
Comme la quasi-totalité de ces thermostats connectés, il offre simplement une sortie avec contact sec : il sait faire du on/off, mais pas de la variation de puissance. Ce qui constitue une sérieuse limitation pour piloter des chaudières à condensation à variation de puissance ou des pompes à chaleur à inverter. Il ne pilote pas l’ECS.
En hôtellerie, Legrand ajoute ses solutions à celles de Samsung pour répondre au cahier des charges des Hôtels Marriott. ©Legrand
Legrand, répétons-le, a des ambitions mondiales et des positions déjà relativement importantes sur le marché américain. Il présente donc au CES 2018 des solutions spécifiques, comme Smart Lighting Control from the Radiant Collection (pilotage intelligent de l’éclairage sous la marque Radiant).
C’est une nouvelle gamme de prises et d’interrupteurs connectés qui communiquent sous Thread (+ ZigBee 3.0 en couche applicative à partir d’avril 2018) et en WiFi (mai 2018). Ces appareils piloteront l’éclairage, les prises électriques et d’autres appareils domotiques compatibles avec ZigBee et Thread ou IFTTT ou le Cloud Legrand.
Pour le tertiaire, le groupe Legrand qui possède aux Etats-Unis la marque Pinnacle Architectural Lighting depuis 2016, a développé toute une solution de gestion de l’éclairage. Baptisée DLM pour Digital Lighting Management, cette solution est une offre Cloud interopérable pour la gestion du niveau d’éclairement et de la température de couleur. Ce qui permet de créer et de modifier les atmosphères.
Legrand travaille avec la start-up américaine BIOS, Legrand développe des systèmes d’éclairage connectés diffusant une lumière mieux adaptée à la physiologie humaine. Il n’est pas certain que ces solutions arrivent en Europe rapidement. Mais Legrand participera au prochain salon Light+Building en mars 2018 à Francfort avec une offre tertiaire étoffée.
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Le lien vers le site Works With Legrand: https://developer.legrand.com/