« Le logement intermédiaire est le parent pauvre du logement », a indiqué Jacques Chanut, président d’Action Logement (qui quittera la présidence en février), en préambule de la présentation, le 23 janvier, de la stratégie pour construire 80 000 logements intermédiaires en Ile-de-France d’ici 2025.
Or ces logements neufs situés notamment en zones tendues, près des bassins d’emplois et dont les loyers sont inférieurs de 10 à 15 % à ceux du marché, répondent aux besoins des classes moyennes, celles aux revenus trop élevés pour avoir accès à un logement social, mais insuffisants pour accéder aux logements du marché libre, très élevés en zone tendue.
L’offre locative inscrite dans la stratégie d’Action Logement est donc la bienvenue. D’autant que les 4 000 logements intermédiaires produits chaque année (tous acteurs confondus) sont bien loin des besoins estimés à 150 000.
« Sur le rythme actuel, il faudrait attendre 2054 pour répondre aux besoins », estime Benoist Apparu, ex-ministre délégué au Logement (2009-2012) et président du directoire d’in’li, filiale d’Action Logement, créée en octobre 2017 de la fusion de quatre entités franciliennes d’Action Logement (Ogif, RRP, Socalog et l’Immobilière ACL PME), spécialisées dans le logement intermédiaire.
Avec un objectif ambitieux de 80 000 logements, soit plus de la moitié des besoins, in’li, va se concentrer sur les zones A et Abis. « Des logements situés à moins de dix minutes d'une gare ferroviaire du Grand Paris et plus petits avec une taille moyenne de 48 m2, contre 56 m2 aujourd'hui dans notre parc actuel, pour faire majoritairement du T2 », précise Benoist Apparu.
De gauche à droite : Jean-Jacques Denizard, vice-président du conseil de surveillance (CFDT), Pierre Brajeux, président du conseil de surveillance (président du Medef 92), Jacques Chanut, président d’Action Logement et Benoist Apparu, président du Directoire
A objectif ambitieux, investissement considérable. Sur la base d’un prix moyen du logement de 227 000 €, ce sont 18 milliards d’€ qu’il faudra débourser. Pour se faire, 50% seront financés par les fonds propres d’in’li et le reste par l’endettement bancaire.
« Actuellement, nous savons prendre en charge 50% du financement par nos fonds propres qui seront enrichis par la vente progressive aux locataires de 30 000 logements de notre parc actuel qui en compte 42 000.
Pour l’autre moitié, nous allons recourir à des financements extérieurs en élargissant à de nouveaux partenaires (fonds d’investissement et investisseurs institutionnels) et au financement obligataire. Pour cela, nous ferons noter cette année la société », explique Benoist Apparu.
Sur les 80 000 logements, 64 000 seront acquis en Vefa (vente en état futur d'achèvement) auprès de grands promoteurs (4 à 6000 logements/an) et d’acteurs plus petits (1000 à 2000 logements/an).
Les 16 000 restants seront réalisés en maîtrise d’ouvrage directe, notamment en achetant des terrains aux grands propriétaires fonciers (RATP, SNCF, APHP) pour produire 300 logements par an, en transformant les bureaux en logements (300 logements/an) ou en densifiant le patrimoine (200 à 250 logements/an).
Pour le président du Directoire, un développement aussi massif nécessite d’innover pour industrialiser de nouveaux procédés qui permettront d’augmenter la qualité des logements ou proposer de nouveaux services aux locataires. C’est pourquoi un in’li Lab verra le jour.
Par ailleurs, deux autres in’li sont créées en Auvergne-Rhône-Alpes et dans le Grand Est et deux autres sont en préfiguration pour 2018 en Paca et dans le Sud-Ouest