Eléments porteurs horizontaux coulés intégralement sur le site ou préfabriqués, les planchers en béton sont de plus en plus techniques. Si autrefois leur mission était de pouvoir reprendre les charges d’exploitation ou les charges liées au poids des cloisons, on leur demande aujourd’hui d’être performant en termes de thermique, d’acoustique, de protection incendie, mais également de pouvoir intégrer des canalisations ou des fourreaux et parfois d’être chauffants, rafraîchissants…
Facilité, rapidité et sécurité
En termes de mise en œuvre, le plancher manufacturé bénéficie de trois atouts : facilité, réduction des délais et sécurité.En revanche, il nécessite une conception et une mise en œuvre soignées et…parfois une grue pour soulever les éléments. Deux familles de planchers en béton coexistent : les planchers coulés en place et les planchers manufacturés en béton, dont le marché se partage entre quelques grands nationaux : Ferh, KP1, Rector Lesage, Seac GF, Soprel, Spurgin…référencés dans le carnet d’adresse en fin de dossier.
Source: batirama.com / Hubert KOENIG
Solution n° 1 : Planchers coulés en place
Le temps de réalisation de ce type de plancher est beaucoup plus long que celui du plancher préfabriqué. Il faut en effet laisser au béton le temps de durcir, afin qu’il puisse s’affranchir d’étaiement. Quoi qu’il en soit, le matériel destiné au « coulé en place » a évolué en termes de réduction de poids, de durabilité ou de performances. L’entrepreneur ou l’artisan a deux possibilités :
1 • UTILISER DES ETAIS, DES POUTRELLES ET DES PEAUX DE COFFRAGE
Trois éléments composent un coffrage de plancher coulé en place : les étais, les poutrelles et une peau de coffrage. Ce matériel peut être acheté (neuf ou occasion) ou loué.
Les étais métalliques peuvent être simples (chandelles) ou comporter des trépieds, les plus fréquents. Il existe également des tours-étais autostables, destinées à des ouvrages importants. (Principaux fabricants d’étais droits : Retotub, Jalmat, Berand…)
Les poutrelles peuvent être en bois, en aluminium ou en matériau composite, mais le principal critère de choix est l’effort tranchant admissible. Celles en aluminium sont plus performantes, jusqu’à 5000 daN (mais plus chers) contre 1500 daN pour celles en bois pour des poids comparables… Le choix s’effectuera donc en fonction du type de réalisation. Fabricants : Deko, Doka, Hussor, Jalmat, Peri,… Dans l’air du temps, la poutrelle en matériau composite a des performances équivalentes à celle de l’aluminium, mais avec un atout de taille en limitant les risques de vols sur chantier. (fabricants : Hussor et Jalmat )
Les peaux de coffrage
Finnforest, Doka ou UPM (voir carnet d’adresses) proposent des peaux de coffrage en contreplaqué revêtu ou en matériau composite (bois + matériau synthétique) jusqu’à 21 mm d’épaisseur. Le choix et l’épaisseur d’une peau de coffrage sont fonction de la pression maximale exercée par le béton (30 cm de béton exerce une pression sur la peau de l’ordre de 720 kg/m2), de la déflexion admise (en mm), fonction de l’écartement des raidisseurs (en mm)…et du nombre de réutilisations possibles.
2 • UTILISER DES SYSTEMES DE COFFRAGE DE PLANCHER
Cette deuxième solution est plus coûteuse, mais plus sécurisante et surtout plus rapide à mettre en œuvre. Il s’agit de systèmes modulaires de coffrages comprenant l’étaiement et le platelage. Parmi les produits, Dokaflex 1-2-4 de Doka ou le Gridfex de Peri, sont bien adaptés aux PME et permettent de réaliser des planchers de 30 cm d’épaisseur, voir pour le second jusqu’à 55 cm avec l’ajout d’un étai supplémentaire.
Solution n° 2 : Planchers à poutrelles et entrevous pour MI
KP1, Rector Lesage ou Seac GF proposent des systèmes de planchers, sur lesquels sera coulée la dalle de compression.
Deux types de poutrelles existent sur le marché : les poutrelles à treillis en béton armé et les poutrelles en béton précontraint, les secondes étant les plus courantes. Par ailleurs, certaines poutrelles permettent de s’affranchir d’étaiement, à condition de respecter les indications de l’avis technique correspondant au produit (les produits sous avis technique sont consultables sur le site du cstb : www.cstb.fr)
Pour ce qui concerne les entrevous, la gamme de matériau est large : polystyrène, béton, béton cellulaire, terre cuite, bois-ciment, matériau de synthèse. Le polystyrène étant privilégié pour ses qualités thermiques et de légèreté, alors que le béton se montrera pertinent vis-à-vis des bruits aériens... A signaler les poutrelles et entrevous en béton à aspect bois, dont nombre d’architectes sont particulièrement friands (www.libvision.fr).
L'ACOUSTIQUE : UNE REGLEMENTATION QU'IL FAUT RESPECTER...
Rappelons que la R.A 2000 (Réglementation Acoustique 2000) stipulent trois exigences essentielles, les deux dernières intéressant plus particulièrement les planchers :
EXIGENCE N° 1 | ISOLEMENT ACOUSTIQUE DNTA EN DECIBELS* | PIECE PRINCIPALE | CUISINE ET SALLE DE BAIN |
Local d'émission du bruit | ≥ 53 | ≥ 50 |
EXIGENCE N° 2 | INDICE D'AFFAIBLISSEMENT ACOUSTIQUE RW (PERMET DE QUANTIFIER LA PERFORMANCE ACOUSTIQUE | Plus Rw est grand, meilleure est la performance acoustique de la paroi ! |
EXIGENCE N° 3 | NIVEAU DE PRESSION PONDERE DU BRUIT DE CHOC STANDARDISE DLNT,W EN DECIBELS | RA 2000 : ≤ 58 | Label Qualitel : ≤ 55 |
Label "Confort Acoustique" : ≤ 52 |
* attention l’isolement acoustique intègre les planchers, les murs, les cloisons !
Afin d’améliorer l’acoustique d’un plancher, il est possible d’intervenir en sous face (plenum), en surface (chape désolidarisée par une sous-couche acoustique ou dalle épaisse et moquette), en périphérie par désolidarisation de la chape.
...LA THERMIQUE EGALEMENT !
Rappelons que la RT 2005 est applicable aux constructions, dont les permis de construire ont été déposés à partir du premier septembre 2006. Cette règlementation a notamment pour objet de limiter les déperditions thermiques surfaciques des parois concernées (Up) ainsi que les ponts thermiques (y). Vis à vis des planchers les exigences sont les suivantes pour les planchers bas et pour les planchers intermédiaires :
| Up GARDE FOU (W/(M².K)) | ψ(W/(M.K)) |
Plancher bas sur vide sanitaire ou sous-sol | 0.40 | 0.75 jusqu'au 31/12/07 et 0.65 à partir du 01/01/08 pour la maison individuelle |
Plancher intermédiaire de maison individuelle | - |
Parmi les solutions thermiquement performantes en terme surfacique, il y a les planchers à entrevous en PSE à languette, à entrevous en PSE graphité, à chape désolidarisée… En termes de ponts thermiques, aussi bien pour les planchers bas ou d’étages, existent des rupteurs thermiques performants (Isorupteurs de KP1, ThermoSten, ThermoLight et ThermoRupteurs de Rector Lesage, rupteurs Seacbois de SEAC GF…) et utilisables en France, quelle que soit la zone sismique.
A SAVOIR :
Depuis 2006, il est désormais possible de marcher sur les planchers à poutrelles et entrevous en polystyrène ! Jadis, la certification ne portait que sur les performances thermiques, mais pas sur les performances mécaniques. C’est aujourd’hui du passé puisque les entrevous en polystyrène certifiés CSTBat sont garantis être conforme à l’essai de résistance de poinçonnement/flexion sous une charge de 150 kg.
Solution n°3 : Les planchers à prédalles
Les prédalles sont des dalles minces fabriquées en usine ou sur chantier. Elles peuvent être en béton armé ou en béton précontraint utilisé à des fins de coffrage à caractère structurel.
Les prédalles en béton armé ne relèvent de la procédure d’avis technique, que si elles sont armées de raidisseurs à treillis ; dans le cas contraire, elles doivent répondre aux exigences du BAEL.
Les prédalles précontraintes relèvent, quant à elles, de la procédure d’avis technique du CSTB. Sept fabricants se partagent aujourd’hui le marché à savoir Fehr, KP1, Ligérienne béton, Rector, SEAC GF, Soprel, Spurgin…
Les prédalles ont des épaisseurs comprises entre 5 et 12 cm, pour des largeurs standards de 2,40 m et leurs portées maximales en béton précontraint sont comprises entre 6 m sans étai à plus de 15 mètres avec étais. La plupart des prédalles reposent sur appui, d’autres ne le sont pas, dans ce cas, elles sont dites suspendues et permettent ainsi de dissocier la réalisation des voiles, des planchers…une technique qui a la faveur de nombreux entrepreneurs.
L’acoustique d’une dalle composite, autrement dit, prédalle + dalle de compression, est le même que pour une dalle pleine en béton (loi de masse).
Du point de vue thermique surfacique (Up), un isolant spécifique peut être collé ou fixé en usine ou sur chantier, afin d’améliorer l’isolation.
Pour les ponts thermiques, la solution Rutherma de Schoeck permet de traiter efficacement le pont thermique périphérique (voir photographie 2). Concernant les planchers à prédalles Rector Lesage, les ponts thermiques de rive peuvent être traités par un dispositif comprenant des boîtes en polymère rigide incorporées dès la fabrication en usine et dans lesquelles des blocs isolants en laine de roche sont mis en place avant le coulage de la dalle de compression (voir photographie 3).
Dallages : 3 nouvelles spécifications
Le DTU - Dallages de maisons individuelles exige 12 cm d’épaisseur, associé à du ST 25 C ou ST 25 CS et en béton C20/25 depuis mars 2005. Un amendement récent précise certains points, parmi lesquels :
1 • Les garages de véhicules légers attenants à leurs sous-sols sont désormais visés, à condition que les charges d’exploitation ne dépassent pas 2,5 kN/ m2.
2 • Les rives des dallages solidarisés devront comporter des armatures de renfort en chapeaux de rive correspondant à une section minimale de 2.5 cm2/ml.
3 • Un fractionnement du dallage doit être réalisé pour des surfaces supérieures à 240 m2 et en cas d’angle rentrant, on doit diviser la surface de dallage, de façon à ne pas avoir de surface comportant un angle rentrant.
Deux solutions de renforts de rive
Les figures ci-dessous proposent des solutions de renforts de rive, soit :
• des « U » de fermeture en acier HA de Æ 8 mm tous les 200 mm et de longueur développée de 1,50 m.
• ou des chapeaux en treillis soudé à maille carrée de Æ 7 mm tous les 150 mm, l’ancrage des aciers de la nappe principale est alors assuré par une longueur au moins égale au tiers de leur longueur d’ancrage total (ou par une soudure dans le cas d’un treillis soudé).
Quel avenir pour le plancher coulé en place ?
Le plancher coulé en place prend du recul par rapport au plancher manufacturé. Toutefois, un certain nombre de conceptions le rendent incontournable, aussi bien en génie civil, qu’en bâtiment. Ce recul du « coulé en place » s’observe également pour d’autres éléments de construction, comme les murs en béton banchés, aujourd’hui concurrencés par les prémurs…les exemples sont nombreux.
L’avenir du gros œuvre est-il dans la préfabrication industrielle ?
Si d’autres secteurs de la construction ont déjà franchi le pas, le gros œuvre se montrait encore récemment en retard, retard qui est en cours de comblement. La réponse est donc oui et par la force des choses ; mais face à ce constat, qui fait perdre de la valeur ajoutée à l’entreprise, le professionnel ne doit pas baisser les bras et se dire que l’avenir est réservé aux poseurs de produits, car de nouveaux marchés émergent, où le professionnel a le devoir de se montrer curieux, réactif et être force de propositions par rapport à son client…le métier évolue.
POUR EN SAVOIR PLUS
Lire "Regards sur le Bâtiment - Entretiens avec Alain Maugard" - CSTB
INFOS PRATIQUES
Des normes strictes
Selon que l’on soit en technique traditionnelle ou pas, les planchers en béton doivent répondre aux normes suivantes :
| CONCEPTION | PRODUITS | MISE EN OEUVRE |
TECHNIQUE NON TRADITIONNELLE | CPT Planchers* | Sous Avis Techniques - planchers à poutrelles et entrevous, prédalles... | |
TECHNIQUE TRADITIONNELLE | BAEL 91 | - planchers coulés en place | NF P 18-201 Exécution des ouvrages en béton |
* Cahier des Prescriptions Techniques pour les planchers sous Avis Technique
Aux normes citées ci-dessus, il faut ajouter les règlements thermique (RT 2005), acoustique (NRA 2000 : Nouvelle Règlementation Acoustique), feu (Règles Feu Béton) et le cas échéant, les NF DTU de planchers chauffants, chapes, sols plastiques collés…
SOLUTION N°1
| SOLUTION N° 2 et 3
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DOKA | 3, chemin des Iles - ZI 78610 LE PERRAY EN YVELINES 01 34 84 27 27 | FIB | Fédération de l'Industrie du Béton | ||
BERAND | RD 404 77230 JUILLY 01 60 44 46 60 | KP1 | MIN Bat. D 135, avenue Pierre Sémard 84000 AVIGNON | ||
FINNFOREST | Rue Alfred Luard 14600 HONFLEUR 02 31 14 66 80 | RECTOR LESAGE | 18, rue de Hirtzbach 68058 MULHOUSE | ||
JALMAT | Parc d'Activités de la Verdière II 13880 VELAUX 04 42 10 84 10 | SEAC GF | 47, boulevard de Suisse BP 52158 31021 TOULOUSE CEDEX 2 | ||
PERI | Z.I. Nord 34-36, rue des Frères Lumières 77109 MEAUX CEDEX | LAFARGE PLATRES | 500, rue Marcel Demonque Pôle Agroparc 84915 AVIGNON CEDEX 9 | ||
RETOTUB | Avenue du 19 Mars 1962 BP 508 18105 VIERZON CEDEX | SCHÖCK | Vimburger Strasse 2 D-76534 BADEN-BADEN | ||
UPM KYMMENE WOOD | 1, rue Nicolas Appert 17000 LA ROCHELLE | SOPREL | 11, rue d'Uzès 75002 PARIS |
A LIRE
Outre les indispensables catalogues des fabricants, nous avons lu et apprécié, dans la série « Guide Pratique du CSTB », « Les planchers – Conception et exécution ». S’adressant à tous les professionnels du plancher, à savoir maître d’ouvrage, architecte, BET, bureau de contrôle, entreprise…. ce guide très illustré de 68 pages permet de faire le point sur tous les aspects mécaniques, feu, acoustique, thermique.Vous pouvez vous procurer ce guide, comme tous ceux de cette collection, chez Bâtirama, en envoyant un mail à celine.lagarde@bipinfopro.com