Revêtement de sol souple : colle liquide ou sèche ?
Batirama
07/03/2011
Article mis à jour le 07/03/2011
L’une prolonge la durée de vie du revêtement, l’autre permet une dépose ultérieure… Dans tous les cas, le choix dépend de la nature du support et du revêtement, garantie d’une esthétique finale réussie. Publi-Information
Le choix de la colle doit toujours être adapté aux particularités du revêtement, aux conditions de mise en œuvre et à l’usage projeté. Il faut se référer aux fiches techniques de colles et de revêtements de sol. Paramètre supplémentaire à prendre en compte, l’absence de solvant et d’émissions de COV (composés organiques volatils). De plus en plus de clients font la demande de produits “sains”. À partir d’un certain seuil d’exposition, les COV (appelés ainsi car ils se volatilisent à température ambiante) peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air intérieur, donc sur la santé.
COV : regardez les labels
Pour rappel, si les COV présents dans l’air intérieur sont liés aux activités humaines, ils sont aussi émis par les matériaux de construction et les produits de finition. Les labels environnementaux sont un bon moyen de reconnaître facilement un produit faiblement émissif en COV (voir encadré). Certaines colles bénéficient également de FDES (fiches de données environnementales et sanitaires) fournissant une information tant sur leur impact environnemental que sur les risques sanitaires des occupants. Indispensables dans une démarche HQE, les FDES colles ou systèmes permettent de répondre, entre autres, à la cible 2 du référentiel HQE.
AVIS D’EXPERT
Allain Auger, formateur Afpa
« Attention au temps de travail de la colle »
« Pour éviter la formation de cloques ou le décollement d’un revêtement de sol souple collé, la reconnaissance et la préparation du support sont primordiales. Elles appartiennent à l’applicateur qui engage sa responsabilité et qui est tenu de signaler tous problèmes de support. Pour les sols chauffants, le séchage naturel du support doit être complété par une mise en chauffe progressive avant le démarrage des travaux pour stabiliser le support.
Le chauffage est arrêté au moins 48 h avant la pose, remis en chauffe 48 h après. L’application de la colle se réalise par simple ou double encollage (selon le type de support et le local), uniformément et en plein, à la spatule crantée. Il est important de bien respecter d’une part, le temps de travail de la colle (temps durant lequel la colle conserve son pouvoir adhésif) pour prévoir la surface à encoller et d’autre part, le temps de gommage qui, lui, est le temps compris entre l’application de la colle et le début de l’affichage du revêtement (temps de prise de la colle fonction de la température, de l’hygrométrie ambiante, de la porosité du support, de la quantité de colle déposée).
Le marouflage s’effectue manuellement au fur et à mesure de l’avancement en partant du centre vers les bords afin de chasser l’air, d’assurer un bon transfert de la colle sur l’envers du revêtement et d’éviter des gonflements. »
Source : batirama.com/Virginie Bourguet
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Solution n° 1 : Les colles liquides
Elles peuvent être de différentes natures : colles en dispersion phase aqueuse, colles contact ou encore colles réactives.
Les colles à dispersion en phase aqueuse sont aujourd’hui les plus répandues avec plus de 90% de part de marché en volume. Elles permettent de répondre à la pose de la quasi-totalité des revêtements de sol, de la moquette au linoléum en passant par le PVC, caoutchouc ou fibres naturelles. Pour les revêtements décoratifs en lames ou dalles (LVT), plusieurs solutions existent : les colles fibrées ou non, les fixateurs ou les produits de maintien. L’application d’une colle en phase aqueuse est réalisée en simple encollage. Selon le produit, son temps de gommage varie de 5 mn à 1 h.
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Les colles contact
sont préconisées dans la mise en œuvre de revêtements soumis à des tensions importantes (remontée en plinthe, pose de marche intégrale en PVC, nez de marche par exemple). Elles imposent un double encollage, support + envers du revêtement. Ce sont souvent des colles solvantées mais, à niveau de performance égale, sachez qu’elles existent également en phase aqueuse avec, à la clef, un plus grand confort de travail pour l’applicateur, sans notamment aucune nuisance olfactive. Seule différence, le temps de gommage d’une colle contact en phase aqueuse est plus long : selon le taux d’hygrométrie de la pièce, comptez 10 à 20 mn de temps de gommage pour une base solvant, de 20 à 40 mn pour une base aqueuse.
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Les colles réactives
sont constituées de deux composants, résine époxydique + durcisseur, qui doivent être mélangées mécaniquement (agitateur à hélice, spirale, queue de cochon). Elles réagissent avec l’humidité de l’air ambiant. Leur temps d’application est donc limité à partir de la réalisation du mélange, aucun temps de gommage n’est nécessaire. Insensibles à l’humidité, elles sont recommandées en milieux humides ou pour les locaux soumis à de fortes sollicitations mécaniques comme les locaux classés P4S.
Intérêts :
la pose collée prolonge la durée de vie du revêtement et assure une sécurité passive en cas d’incendie.
Limites :
la remise en circulation des locaux n’intervient qu’au terme de 24 h après la pose, 48 h pour la mise en place du mobilier.
Source : batirama.com/Virginie Bourguet
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Solution n° 2 : Les colles sèches
Elles allient la performance d’une colle traditionnelle liquide à la facilité d’un adhésif en rouleau.
Jusqu’ici, la technique est restée confidentielle bien qu’existant déjà depuis quelques années. Deux fabricants se partageaient le marché : Uzin qui, le premier, a commercialisé sa gamme Sigan (technologie Switchtec®) et, plus récemment, GPI avec la gamme GPI Sol Concept. Une colle sèche se compose d’un matériau porteur (film polyéthylène microperforé pour le produit Uzin, film polymère pour celui de GPI) revêtu sur ses deux faces d’un film de colle acrylique et, sur l’une des faces, d’un papier de protection.
Aujourd’hui, la plupart des fabricants proposent maintenant des colles sèches spéciales revêtements de sol. Présentée en rouleau (75 cm de large par 25 m de long), la colle sèche s’applique avec les mêmes gestes et les mêmes outils qu’un revêtement de sol souple.
1/
Les lès sont déroulés au sol
dans le sens de la pose des lès du revêtement (la jonction de 2 lés ne doit pas se situer au niveau d’un joint ou d’une rainure), bord à bord ou en chevauchement (la double épaisseur doit alors être coupée pour ne pas créer de surépaisseur) et vigoureusement marouflés avec une maroufle en liège du centre vers l’extérieur pour éviter la formation de bulles d’air et atteindre une adhérence maximale sur toute la surface du sol.
2/
Le revêtement de sol est ensuite positionné
sur toute la surface de la pièce puis rabattu sur la moitié de la longueur pour faire apparaître les lés de colle sèche, le film protecteur supérieur de la colle sèche est retiré, le revêtement de sol replacé et marouflé. Aucun temps de gommage ou de séchage n’est nécessaire, l’application du revêtement peut se faire immédiatement. De fait, la pose est rapide, propre, ne nécessite pas de nettoyage et autorise un réaménagement immédiat des locaux.
3/
Autre intérêt
, ce système peut être utilisé sur un revêtement existant type parquet, stratifié ou sol lisse bloqué sans autre préparation qu’un simple dégraissage et après l’application d’un primaire d’adhérence dans le cas d’un sol poreux. À noter qu’en fonction du type de colle et de la nature du support, la dépose ultérieure du revêtement de sol est possible sans altérer le support et sans trace de colle.
Intérêts :
le revêtement de sol est circulable et sollicitable immédiatement.
Limites :
la force d’adhésion est moins importante que celle d’une colle liquide et, sur fond poreux, un primaire reste indispensable. S’agissant d’une technique nouvelle, elle n’est pas encore intégrée dans les DTU en vigueur.
LABELS ENVIRONNEMENTAUX
Un critère de choix
Un protocole français établi par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) est maintenant disponible. Ce protocole d’évaluation prend en compte les émissions totales de COV et mesure le niveau exact d’émission de chacune des 11 substances volatiles listées présentant un risque de toxicité par inhalation.
Pour les COV totaux mesurés à 28 jours, une échelle de 4 classes est définie, allant de A+ pour “très faible émission” à C pour “forte émission (A+, A, B, C). Pour les émissions de COV totaux (basées sur les émissions à 28 jours), la classe A+ correspond à un taux < 1 000 µg/m3, un taux < 1 500 µg/m3 correspondant à la classe A, un taux < 2 000 µg/m3 à la classe B et un taux > 2 000 µg/m3 à la classe C.
À noter qu’à partir de 2012, un étiquetage sanitaire et environnemental (basé sur le protocole Anses) des nouveaux matériaux de construction et de décoration caractérisant le niveau d’émission des COV totaux sera obligatoire imposant à tous les industriels de tester leurs produits. Il existe également les classes définies par le GEV (organisme allemand) connu sous le label Emicode. Ce label classe les colles sans solvant en 3 catégories : EC1 pour celles “à très faible émission”, EC2 pour celles “à faible émission” et EC3 pour celles “à émission”. La classification d’un produit dans l’une de ces trois catégories dépend de la valeur totale de COV mesurée en chambre d’essais après avoir entreposé le produit pendant 10 jours. Les colles, fixateurs et sous-couche bénéficiant du marquage EC1 présentent un taux de COV < 500 µg/m3, de 500 à 1500µg/m3 pour EC2 et > 1500µg/m3 pour EC3.
Choisir la bonne spatule
La taille de la spatule est indiquée par chaque fabricant dans la fiche technique de la colle. Elle est fonction de la consommation de colle au m2 et du type de colle utilisée (pour prendre en compte sa densité, sa thixotropie…). Spatule de type A1, A2… B1, B2…
En France, tous les fabricants de colle ont adopté le référentiel allemand TKB-6 qui désigne chaque spatule par une lettre et un chiffre en fonction de la profondeur, de la hauteur et de l’écartement des dents, l’intérêt étant d’avoir un langage commun et de savoir que les désignations adoptées correspondent à des formes de découpe invariable d’un fabricant de colle à l’autre.
INFOS PRATIQUES
Important : la reconnaissance des supports !
Au préalable des travaux de collage, il faut établir un rapport de réception validant, entre autres, le taux d’humidité du support (qui doit être sec en profondeur), sa porosité, sa cohésion de surface, sa planéité et la présence éventuelle de fissures.
Pour mesurer le taux d’humidité du support, il est conseillé d’utiliser un appareil à sonde hygrométrique (le percement du support se fera sur une profondeur de 5 cm) ou une bombe à carbure. Le prélèvement doit alors être effectué sur une profondeur de 4cm minimum et le taux résiduel mesuré (HRE) inférieur à 4,5% en poids. Le taux d’humidité relative d’équilibre relevé doit être inférieur ou égale à 85%.
Textes réglementaires de référence
- Le DTU 53.1 (NF P 62-202) d’Avril 2001, “Travaux de bâtiment - Revêtements de sols textiles”.
- La norme NF DTU 53.2 d’Avril 2007, “Travaux de bâtiment – Revêtements de sols PVC collés”.
- Le CPT (Cahier de Prescriptions Techniques) du Cstb n° 3469 de Juillet – Août 2003, “Exécution des enduits de préparation de sols intérieurs pour la pose de revêtement de sol”.
- La norme NF EN 14259 de mai 2004, “Adhésifs pour revêtements du sol – Exigences de performance mécanique et électrique”.
Les formations
Pour ceux qui souhaitent obtenir le diplôme de Solier-Moquettiste, il y a aujourd’hui 8 centres de formation répartis dans toute la France et réunis au sein d’une association indépendante, le RFS, Réseau de Formation des Soliers. En font partie :
- Forbo Sarlino Formation (03 26 77 86 12) à Rennes, Tours, Reims, Montpellier;
- Tarkett Formation (03 24 29 84 71) à Paris, Sedan, Toulouse ;
- Gerflor Formation (04 74 05 41 56) à Lyon.
- L’AFPA, Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, dispense également des formations dans
5 de ses centres (Basse Normandie, Bourgogne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Rhône-Alpes). Pour en savoir plus :
0 826 46 14 14 - Pensez également à demander aux fabricants de colles. Bostik, par exemple, propose des journées de formation dans son centre de Brie-Comte-Robert (01 64 42 12 84).
Enfin, sachez que depuis cette année, il est possible de faire valider vos compétences de poseur de revêtement de sol grâce au CQP, Certificat de Qualification Professionnelle “Compagnon Professionnel Solier Moquettiste” à condition d’avoir 5 ans d’expérience dans le métier ou seulement 3 si vous êtes titulaire d’un CAP solier ou d’un BEP finition. Renseignez-vous auprès de l’Union nationale des revêtements de sols techniques au 01 40 69 51 45
Documentation
- Le Mémo Chantier® “Sols souples collés – Quelques bonnes pratiques en locaux à faibles sollicitation (P2, P3)” réalisé par l’AQC (Agence Qualité Construction).
- La fiche Pathologie du bâtiment n°F.01 de l’AQC, “Décollement des revêtements de sols souples collés”. www.qualiteconstruction.com
- La fiche technique “Revêtements de sol souples” de l’Anah, Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat. www.anah.fr
Source : batirama.com/Virginie Bourguet