« Il est encore tôt pour évaluer précisément l’ampleur macroéconomique du choc que vient de connaître le Japon. Les estimations concernant le coût du séisme oscillent actuellement entre 140 milliards d’euros (Goldman Sachs, jeudi 24 mars 2011) et 200 milliards d’euros (gouvernement japonais, Banque Mondiale).
Ces chiffres tiennent compte des destructions matérielles mais n’intègrent pas l’impact de la catastrophe nucléaire et les conséquences de la désorganisation des infrastructures et de l’appréciation du taux de change sur les entreprises japonaises dans leur ensemble.
L’estimation du gouvernement japonais représente 4,5% du produit intérieur brut du pays. L’impact récessif est donc très fort a priori, reste à apprécier la vitesse de rebond de l’économie japonaise. La reconstruction devrait avoir un effet positif sur la croissance, mais l’endettement de l’Etat japonais est tel qu’il est difficile de savoir quels moyens il pourra consacrer à cette reconstruction.
Les effets des événements japonais sont en revanche déjà perceptibles en Europe sur un certain nombre de secteurs. Le Japon reste l’un des principaux producteurs de composants électroniques, et des ruptures d’approvisionnements perturbent d’ors et déjà le secteur informatique mais aussi l’automobile ou les machines-outils.
La distribution de matériel de BTP est affectée à plusieurs titres : directement, car le Japon compte plusieurs grands fabricants (Hitachi, Takeushi, Kubota, Yanmar, Komatsu). Et indirectement, dans la mesure où le Japon fournit une partie de l’électronique intervenant dans la fabrication d’autres constructeurs, y compris des constructeurs français.
Les constructeurs japonais les plus affectés sont Hitachi, Komatsu et Kubota (ces trois fabricants comptaient des usines dans la région d’Ibaraki). Concernant Yanmar, seul le réseau de distribution a été affecté. L’impact indirect (via les composants électroniques) n’est pas manifeste pour l’instant. Caterpillar a fait savoir la semaine dernière que le séisme n’avait pas pour l’instant d’impact sur sa production dans le reste du monde, mais le groupe n’écarte pas un impact ultérieur.
En France, d’après les informations qui nous remontent du terrain, les retards de livraison pour les matériels japonais peuvent être estimés à environ trois mois. Certes on peut penser que ces retards n’auront qu’un impact temporaire sur le chiffre d’affaires – les ventes devraient finalement être réalisées avec quelques mois de décalage.
Mais cette perturbation intervient dans un contexte tendu, déjà caractérisé par des délais de livraisons plus longs que la normale. Elle vient fragiliser un secteur dont la reprise était déjà hésitante, comme en atteste le recul du chiffre d’affaires observé au quatrième trimestre 2010.
La reprise des ventes de matériels neufs va se faire à un rythme plus lent, ce qui pèsera temporairement sur les marges. Les ventes d’occasion et le service après-vente devraient prendre le relais et compenser partiellement ce manque à gagner » précise Nicolas Bouzou.
*Fédération Nationale qui regroupe les Distributeurs, Loueurs et Réparateurs de matériel de BTP et de Manutention
Source : batirama.com