Les annonces se suivent et se ressemblent, après la baisse de la construction neuve, le tassement de la rénovation énergétique, les très mauvais chiffres du marché du chauffage, de la climatisation et de la ventilation en 2024, c’est au tour du marché des engins de chantier, dont le SEIMAT annonce une baisse de 20 % des ventes en volumes en 2024. Tous ces marchés sont liés, donc ce n’est pas vraiment une surprise.
Le SEIMAT, ou Syndicat des Entreprises Internationales des Matériels et Services de Travaux Publics, Mines et Carrières, Bâtiment et Levage, rassemble plus de 70 marques de matériels et de solutions présentes sur le marché français qui, collectivement, représentent en 2024 un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros, dont :
– 4,8 Md€ en France,
– 715 M€ à l’export,
– et versent 725 M€ d’impôts et taxes au gouvernement français.
17 % des matériels vendus en France sont fabriqués dans notre pays, 67 % en Europe et 23 % en Asie. Les adhérents du SEIMAT représentent 31 300 emplois directs en France. Selon le SEIMAT, ses adhérents contrôlent 80 % du marché des matériels de construction en France, dont 87 % pour le terrassement lourd, 100 % pour le béton, 75 % pour le terrassement compact, 79 % pour la manutention et 75 % pour le compactage et les matériels de travaux routiers.
Les ventes de matériels de terrassement lourd ont baissé de 21 %, passant de 4 838 pièces en 2023 à 3 822 en 2024. Les tombereaux articulés sont le plus affectés, avec une réduction de 51 %, suivis par les tracteurs à chenilles dont les vent’es baissent de 39 % Seules les niveleuses augmentent de 7 %, mais avec des chiffres très faibles : les ventes sont passées de 46 machines en 2023 à 49 en 2024. © PP
Si l’ensemble des ventes de matériels ont baissé de 20 % en 2023 par rapport à 2024, les ventes de matériels liés au béton (bétonnières portées, pompes automotrices, pompes de chantier, malaxeurs pompes et tapis de transport) sont presque divisées par deux avec une chute de 47 %.
Dans le détail, le SEIMAT constate une chute de 47 % pour les bétonnières portées, autrement dit les camions avec toupies, de 59 % pour les pompes à béton automotrices, de 41 % pour les malaxeurs pompes, mais une augmentation de 29 % pour les pompes de chantiers.
Les chiffres sont cependant relativement faibles : l’augmentation des ventes de pompes de chantiers vient du fait que 9 unités ont été vendues en 2024, contre 7 en 2023. Au total, il s’est vendu 511 matériels liés au béton en 2024, contre 970 en 2023. Le SEIMAT attribue ces chiffres aux raisons déjà évoquées par d’autres organisations professionnelles du secteur : contraction de l’activité dans le bâtiment en 2024, augmentation des défaillances d’entreprises du BTP de 25 % par rapport à 2023, réductions budgétaires et incertitudes politiques, etc. Il faut sans doute ajouter une raison plus fondamentale et durable : la décarbonation de la construction neuve, malgré les efforts faits en matière de ciment et de béton bas carbone, conduite en partie au remplacement du béton par des solutions bois et biosourcées. Nous verrons si cette tendance se maintient dans les années à venir.
En ce qui concerne les matériels liés au béton, les ventes de bétonnières ont baissé de 810 à 426 engins de 2023 à 2024, celles de pompes automotrices sont passées de 82 pièces en 2023 à 34 en 2024. © PP
Selon le SEIMAT, 50 à 55 % des ventes de ses membres en valeurs sont directement liés à la commande publique. Pour 2025, la commande publique va baisser. Il n’est pas prévu de rebond dans le bâtiment, ni dans l’industrie, ni dans les travaux routiers, … Bref, le SEIMAT prévoit une stagnation pour 2025. Ce qui est curieusement optimiste, là où la CAPEB, la FFB, la FNTP envisagent encore des baisses d’activité.
L’une des raisons du quasi optimisme du SEIMAT est le fait que les loueurs de matériels ont fortement réduit leurs achats en 2024 et que la vétusté croissante de leur parc devrait les inciter à les reprendre en 2025. Un facteur n’apparaît pas du tout pour l’instant : la décarbonation des chantiers. Elle devrait pousser à quitter le diésel au profit de motorisations électriques dès maintenant, voire à hydrogène d’ici quelques années. Mais, selon le SEIMAT qui suit cette question de près, cela ne se traduit pas encore sur le terrain.
Sur le segment des matériels de levage, les chargeurs et chariots télescopiques ont perdu 10 % de leurs ventes en 2024 par rapport à 2023. © PP