En 2003, 25% des salariés se disaient déjà victimes du bruit dans le cadre de leur travail*. Et la surdité professionnelle est en progression dans le secteur du BTP. Selon les chiffres communiqués par Mireille Loizeau, médecin de l’association paritaire de santé au travail (APST), on dénombrait 166 cas en 2009 contre 135 cas en 2008. Un danger souvent méconnu des dirigeants puisque rares sont ceux qui admettent l’avoir pris en compte dans l’élaboration de leur document unique d’évaluation des risques dans l’entreprise.
Ce n’est donc pas un hasard si le sujet a fait l’objet de la dernière « matinale » du syndicat des entrepreneurs de la construction d’Ile-de-France, affilié à la FFB. Le docteur Loizeau a rappelé la législation en vigueur en la matière. « Le risque au travail est reconnu à partir de 80 dB. Dès ce niveau, l'employeur a obligation d'informer, de former ses salariés et de mettre à leur disposition les équipements de protection nécessaires. A partir de 85 dB, il est tenu par une obligation de résultat et doit donc veiller à ce que les protections fournies soient effectivement portées. Enfin, 87 dB demeure le seuil à ne pas dépasser »
Selon Jean-Louis Mercier, ingénieur prévention à l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), identifier les postes et activités à risques est un préalable à toute action de prévention. « Vous devez aussi connaître le niveau de dB émis par les équipements utilisés par vos salariés ainsi que la durée de leur exposition au bruit. » Cette dernière est très importante. La durée d’exposition permise varie sensiblement en fonction du niveau de dB. Ainsi, pour prendre deux extrêmes, un salarié peut rester exposé 8 heures à 80 dB, contre 4 heures à 83 dB. Sachant que passer de 80 à 83 dB équivaut à doubler le niveau de bruit !
Les évaluations peuvent se faire à l’aide d’exposimètre (appelés aussi dosimètre). La distance entre le salarié et la source de bruit entre également en compte sachant que les nuisances diminuent d’autant que le sujet s’en éloigne. L’OPPBTP recommande aux dirigeants de privilégier les mesures de prévention collectives et de fournir en dernier recours des protections auditives à leurs salariés.
Source : batirama.com / Céline Jappé
*Source : Enquête SUMER, copilotée par la Dares et la DGT (Inspection médicale du travail), qui décrit les contraintes organisationnelles, les expositions professionnelles de type physique, biologique et chimique auxquelles sont soumis les salariés. Les résultats de la dernière étude de 2009 sont attendus prochainement.