Mozaiq connecte des appareils à des services à travers une place de marché, pour l’instant dans l’univers domestique. ©PP
Une fois qu’une maison, un appartement ou un bâtiment tertiaire est connecté à internet, localement automatisé par divers appareils connectés à des bus de terrain sans fil ou câblés, qu’est-ce qu’on fait ? A quoi sert la connexion ?
Cette question commence tout juste à être traitée. En France, la SBA Association (Smart Buildings Alliance and Smart Cities) s’en occupe. Ailleurs en Europe, les acteurs avancent en ordre dispersé. Au salon IFA à Berlin, qui a fermé ses portes mercredi 5 septembre au soir, deux approches différentes émergent pour traiter cette question.
Dans les deux cas, il s’agit de définir et de développer les services auxquels les occupants des bâtiments connectés pourraient avoir accès. L’idée consistant à définir un standard de communication ou des passerelles locales pour que les objets connectés collaborent est considérée – sans doute un peu vite – comme dépassée. Non, le but est bien de répondre à la question : le bâtiment est connecté, et alors ?
Un peu de 150 entreprises, fabricants d’appareils et fournisseurs de services, participent pour l’instant à la plateforme Mozaiq, d’autres sont en cours de recrutement. ©PP
Mine de rien, la réponse à cette question conditionne l’évolution du marché. Connecter correctement un bâtiment, surtout en logements collectifs ou en tertiaire, pour l’essentiel en amenant un réseau TCP/IP dans chaque local, constitue un investissement non-négligeable.
Si, à l’usage, les occupants sont déçus par cette tripaille qui leur apporte peu de choses, les promoteurs, passé l’engouement initial, ne se précipiteront pas. Donc, il faut des services, mais lesquels ?
A IFA, Mozaiq (https://www.mozaiq.io/), une entreprise allemande co-fondée par ABB, Bosch et Cisco, et les promoteurs du projet « Future Living Berlin » auquel participe notamment Panasonic, proposaient leurs réponses et leurs approches pour découvrir les services que l’on mettra au bout de la connexion des bâtiments intelligents.
Dans les deux cas, ils combinent hartdware, software et des partenaires, capables d’assurer des interactions physiques avec les occupants des logements. Les bâtiments de Future Living Berlin sortent de terre et, de manière intéressante, les promoteurs ont décidé qu’il était plus fructueux de résoudre cette question des services à l’échelle du quartier, plutôt qu’à celle d’un bâtiment. Il semble bien que le Smart Building et la Smart City soient intimement liés. Ce qui donnerait raison à la SBA, dont c’est l’un des leitmotivs.
Mozaiq met à disposition des participants à sa plateforme un outil en ligne pour construire eux-mêmes des liens fonctionnels avec les produits des autres participants. ©PP
En quelques mots, Mozaiq connecte des appareils à des services à travers une place de marché, pour l’instant dans l’univers domestique en maisons individuelles et en logements collectifs. L’entreprise a développé une solution d’interopérabilité à la fois locale et par le Cloud, ainsi qu’un ensemble d’outils pour mettre en relation les entreprises qui participent à sa place de marché.
Selon Axel Godoy, directeur général et l’un des fondateurs de Mozaiq, la collaboration est la clef du développement du marché de l’IoT (Internet of Things ou Internet des Objets), parce qu’elle permet de proposer des services qu’un fabricant d’appareils tout seul ne pourrait pas développer.
Plus de 150 fabricants participent à la plateforme Mozaiq pour l’instant, dont Netatmo, les serrures connectées NUKI, Wiz, Osram Lightify, le groupe PSA (si, si, les voitures), ou encore Sigfox. Mozaiq dispose depuis début 2018, d’une présence en France en la personne de Pascal Pierron, directeur des ventes pour l’Europe du Sud.
Son but et celui de l’entreprise est de développer les adhérents à sa Market Place pour multiplier les services qui naissent de l’interaction des différents appareils des adhérents. Mais encore ? Chaque produit participant est « intégré » par Mozaiq à sa plate-forme. Ce qui signifie que Mozaiq dispose d’une solution pour que cet appareil communique avec les autres. Soit la box Mozaiq maîtrise le protocole de communication – ZigBee, Z-Wave, KNX, etc. -, soit Mozaiq a développé une interaction Cloud to Cloud en passant – aller et retour – par internet. Ce n’est que la première étape.
Le forum Mozaiq permet à tous les participants d’échanger leurs idées, leurs programmes, etc. dans le but d’accélérer le développement de nouveaux services. ©PP
Ensuite, le client – Netatmo, par exemple, ou bien une chaîne de pizzerias, des magasins bios, etc. – développe ses scénarii. On trouve deux types de scénario sur la plateforme Mozaiq : les uns restent dans le logement, les autres en sortent.
Par exemple, en matière de qualité de l’air intérieur (QAI), la sonde de Netatmo peut utiliser la lampe Philips Hue pour traduire de manière visible la QAI du logement : allumer la lampe en rouge pour indiquer une mauvaise QAI et demander au groupe de ventilation de passer en vitesse maximale jusqu’à ce que la QAI soit revenue à un meilleur indice.
Si le groupe de ventilation détecte un encrassement de ses filtres, il peut organiser à travers Mozaiq, la commande, le paiement et la livraison des nouveaux filtres. Autre exemple d’interaction entre les produits intégrés, le système GPS que l’on porte presque tous sur soi – le GPS de notre téléphone – indique que l’on approche de notre logement. Il en informe le système d’alarme e-Guardia qui coupe l’alarme, tandis que la serrure connectée NUKI se déverrouille.
Future Living Berlin rassemble une douzaine de partenaires, dont Panasonic, Osram et même le groupe Daimler. ©PP
Pour écrire ces scénarios, Mozaiq a développé pour un outil en ligne composé de trois parties, une par onglet dans n’importe quel navigateur internet. Le client utilise cet outil pour écrire ses scénarii. A travers l’outil, intégrer un produit dans un scénario – la sonde de QAI Netatmo, par exemple – signifie gagner accès à l’API de l’appareil.
Ensuite, soit le client écrit le bout de programme pour faire ce qu’il veut, soit il fait appel au programme « Use Case Designer », mis à disposition par Mozaiq. Use Case Designer fonctionne en If This Then That, sans rapport avec IFTTT, marque déposée, et facilite l’écriture de petits bouts de programmes.
Ensuite, le client sauvegarde sa configuration, reçoit accès à la passerelle particulière qu’il vient de créer – une API spécifique que le configurateur Mozaiq a fabriqué pour lui – et qui est conservée dans le Cloud Mozaiq. Lorsque la passerelle est en place, le client l’intègre dans sa propre application ou bien Mozaiq le fait pour lui.
Mozaiq gagne sa vie en prenant un % sur chaque transaction. Pas chaque interaction, mais bien chaque transaction. Dernier point, pour les entreprises participant à sa plateforme, Mozaiq propose un forum d’échanges entre fournisseurs de services connectés. Chacun d’entre eux peut mettre à disposition des autres ses appareils et ses API pour créer de nouveaux scénarios. En France Mozaiq regarde la SBA et dans le but éventuel d’y adhérer.
Le quartier Future Living Berlin sera livré en août 2019. Il vise l’autosuffisante énergétique, notamment grâce à des panneaux photovoltaïques Panasonic sur toutes les toitures, à des stockages d’énergie Panasonic et à des pompes à chaleur Panasonic pour le chauffage, le rafraîchissement et la production d’ECS. ©PP
Débuté en juillet 2017 dans le quartier de Aldershof à Berlin sur un terrain de 7 604 m², le projet Future Living Berlin abritera 69 appartements, une zone d’exposition avec une cafétéria, 20 studios et 11 commerces. Il sera livré en Août 2019 et les premiers locataires sont attendus en septembre de la même année. Ce sera la propriété de GSW Gesellschaft für Siedlungs- und Wohnungsbau Baden-Württemberg mbH, un Maître d’Ouvrage social.
Le Maître d’œuvre est Unternehmensgruppe Krebs. Krebs a réuni tout un ensemble de partenaires, dont Panasonic, Digitalstrom et Schindler, le constructeur d’ascenseurs. Comme dans le cas de Mozaiq, l’intelligence proposée aux utilisateurs repose à la fois sur du hardware, du software et des prestataires pour les services.
L’équipement des différents types de zones – logements, commerces, studios et l’équipement extérieur – ne seront pas les mêmes. Les 69 logements offriront différentes tailles du studio au T4 et l’idée principale est la mixité générationnelle.
Ils sont équipés en smartitude de manière à faciliter le maintien à domicile jusqu’à un âge élevé : détection de présence, sonde de luminosité ambiante, sonde de qualité de l’air intérieur, commande vocale, motorisation des ouvrants – portes et fenêtres – et des protections solaires, appareils ménagers – réfrigérateur, machine à laver, sèche-linge, téléviseur – connectés, éclairage intelligent, etc. Le tout, jusqu’à l’accès aux logements et à tous les espaces ouverts au public du quartier, sera destiné à faciliter la vie des personnes à mobilité réduite, affectés d’une mauvaise vue ou devenus durs d’oreille.
Panasonic fournit l’essentiel de l’infrastructure énergétique du quartier. Tandis que le groupe Daimler fournira des Smarts électriques dans le but de mutualiser l’emploi des véhicules dans le quartier. ©PP
Pour expliquer le fonctionnement des équipements des bâtiments et du quartier, pour aider les occupants à surmonter d’éventuelles préventions et pour entendre leurs souhaits d’éventuelles modifications ou d’approfondissements, un local spécifique sera aménagé dans Future Living Berlin Campus.
Cet espace – équipé en réalité virtuelle pour expliquer les possibilités des logements, des studios et des aménagements extérieurs du quartier - sera autant tourné vers les occupants que vers les concepteurs. Il devrait permettre à ces derniers de faire évoluer les équipements et d’imaginer de nouveaux services.
Pour l’instant, les services envisagés concernent avant tous les 12 surfaces commerciales de 50 à 200 m² qui seront aménagées au pieds des bâtiments. Dans leur cahier des charges figurera notamment l’obligation soit de livrer eux-mêmes leurs marchandises dans le quartier, soit de participer à un schéma de livraison commun qui reste encore à développer.
Les 20 studios sont destinés à être louées pour de courtes durées et doivent permettre à toute personne, entreprise ou association intéressée par le thème Future Living à expérimenter en vraie grandeur les équipements et les services proposés. De manière à s’en inspirer pour l’aménagement d’autres quartiers ou pour développer de nouveaux business models, comme on dit.
Future Living Berlin débute, le quartier sera livré et occupé à l’automne 2019, ses concepteurs feront un point annuel de son fonctionnement et des innovations en matière de services connectés qui seront apparues.
A l’intérieur des bâtiments, WAGO assure le pilotage des fonctions techniques (production d’énergie, pilotage du stockage, du chauffage, …). Schindler déploie sa nouvelle solution « The PORT Technology » qui assure le contrôle d’accès et le pilotage des ascenseurs. digitalSTROM, adepte du TCP/IP sur courant porteur assure l’équipement des logements en réseaux de communication, fournit toutes les passerelles nécessaires vers les divers appareils à piloter intelligemment. Tout ça fonctionne sur IP, est connecté à internet par les box des bâtiments, des logements, des commerces et des locaux communs. Google Home et Alexa seront déployés pour la commande vocale. ©PP
Côté développement de services, il faut bien avouer, le projet Future Living Berlin en est encore à ses balbutiements. Panasonic devrait contribuer à en faire émerger de nouveaux en s’appuyant sur ses expériences au Japon et dans le quartier Confluence à Lyon. ©PP
A l’extérieur, Panasonic entend déployer des mâts d’éclairage public intelligents. Panasonic veut utiliser le HD-PLC, un nouveau standard de communication sur courant porteur destiné aux villes. Partant du constat que chaque mât d’éclairage public est alimenté en électricité en permanence, Panasonic entend fournir sur chaque mât : un débit de 240 bis en HD-PLC, plus du LON sur courant porteur, plus une antenne 5G, plus une borne WiFi, une détection de luminosité, un capteur de qualité d’air, une caméra IP et même de l’éclairage public. ©PP