"Les matériaux de construction (ciment, granulats, enduits de façade, bois de charpente, tôles de toiture, carreaux de céramique), représentent près du tiers du coût de la construction d'un logement à La Réunion ou à Mayotte", selon l'Autorité de la Concurrence, qui avait été saisie par le ministère de l'Economie.
"En réduisant leur niveau à celui de la Métropole, ce coût baisserait donc de 12% en moyenne", ajoute-t-elle. L'Autorité estime que "la petite taille des marchés réunionnais et mahorais" et "leur éloignement des principales sources d'approvisionnement" sont "des obstacles naturels à l'obtention de prix comparables à ceux observés en métropole".
Mais d'autres éléments expliquent aussi cet écart important, comme le transport -la grande majorité des matériaux de construction étant importés (380 millions de tonnes à La Réunion en 2014)-, et les difficultés de stockage liées à "la rareté du foncier", qui fait par exemple exploser les loyers à "25 euros le m2 à Mayotte contre 7 à 10 euros en petite couronne parisienne".
L'Autorité de la Concurrence pointe également des "normes inadaptées" aux habitudes de vie ou au climat tropical de ces territoires. Ainsi, "les normes d'isolation phoniques paraissent peu pertinentes dans des zones tropicales où les portes et fenêtres des habitations non climatisées peuvent rester ouvertes une grande partie de la journée compte-tenu de la douceur du climat".
De plus, "l'exigence de certification CE (Conformité européenne) ou NF (Norme française) dans les matériaux utilisés "génère une forte dépendance des territoires ultramarins aux importations européennes et en provenance de Métropole".
L'Autorité relève aussi un "nombre restreint d'acteurs (oligopole) opèrent dans les circuits d'approvisionnement et de distribution des matériaux". Pour faire baisser les prix, elle préconise de simplifier la normalisation et la certification, par équivalence et sur place, de développer "des filières locales de matériaux, créatrices d'emplois, comme les isolants biosourcés et les briques de terre compressées mahoraise", et de "faire entrer de nouveaux acteurs sur le marché", afin de casser les prix par une concurrence accrue.