"J'ai exprimé de forts doutes et ma perplexité sur l'opportunité de cet ouvrage. Je ne suis vraiment pas convaincu qu'il s'agisse d'un projet dont l'Italie a besoin", a déclaré M. Conte. Constatant l'incapacité de son gouvernement à trouver un compromis sur un sujet où les deux forces politiques de la majorité sont aux antipodes, il a demandé à la France et à l'Union européenne de rediscuter ce projet pour évaluer les "doutes et la perplexité" de l'exécutif italien.
"Notre intention est de discuter avec nos partenaires, la France et l'Union européenne, pour partager avec eux ces doutes que nous avons, ces interrogations sur la pertinence de ce projet, puis nous agirons ensuite" sur la base de ces discussions, a ajouté le chef du gouvernement italien.
M. Conte a également assuré que la répartition des coûts entre la France et l'Italie n'apparaissait "pas juste à l'heure actuelle" et "c'est un aspect qui doit être approfondi dans de nouvelles discussions", a-t-il ajouté.
Cette liaison ferroviaire entre Lyon et Turin alimente depuis des mois les polémiques au sein de la majorité formée par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, favorable à cette ligne à grande vitesse (LGV), et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, farouchement opposé au projet qu'il considère comme un gaspillage d'argent public.
Reprenant des éléments de l'analyse coûts-bénéfices réalisée pour le compte du ministère italien des Transports, M. Conte a énuméré plusieurs facteurs négatifs concernant ce dossier. Il a notamment cité les flux de trafic sur le rail qui, selon des projections statistiques, seraient beaucoup plus faibles qu'escompté auparavant.
Le système tel qu'il est conçu -- apporter avec des camions des marchandises pour les charger sur le train et les reprendre après sur un camion -- pourrait inciter les entrepreneurs à ne pas se compliquer la vie et à effectuer tout le trajet en camion, a-t-il encore souligné.