David Morales (à droite de la photo), président de l’Union nationale artisanale (Una) des métiers et techniques du plâtre et de l’isolation (MTI) et Jean-Jacques Châtelain, président de l’Una Peinture, vitrerie et revêtement (Una PVR) ont présenté le programme de leurs journées professionnelles respectives à l'occasion des Journées de la Construction à Nice les 11 et 12 avril prochains (voir ci-dessous).
Les deux présidents se connaissent depuis longtemps et s’apprécient. Ils peuvent donc échanger sur les sujets épineux et surtout s’écouter. L’occasion de remettre sur la table un sujet qui fâche depuis longtemps sur le terrain, celui de l’interface métier, ou plus exactement, la réception par le peintre des travaux réalisés par le plâtrier-plaquiste.
« Nous ne sommes jamais d’accord » reconnaît Jean-Jacques Châtelain. « Les plaques de plaques doivent être prêtes à peindre lorsque nous intervenons et le DTU est clair sur ce sujet. Mais souvent, les bandes de joint ont cloqué et la dernière passe d’enduit n’a pas été faite. Alors, quand nous arrivons, nous devons effectuer ce travail et ajouter une ligne sur le devis du client » explique le président.
La solution qu’il préconise est simple : le peintre, et non le plaquiste, réalise les bandes à joint et les chiffre au client. De cette manière, exit les litiges ! De son côté, David Morales ne voit pas les choses de la même manière. « Sur le terrain, certains professionnels essaient de tirer la couverture à eux. Et systématiquement, la réception des supports leur pose problème » affirme-t-il.
Outre cet aspect de « bonne ou mauvaise foi » des professionnels, deux autres facteurs contribuent à amplifier l’objet du litige, affirme J.J. Chatelain : la perte de qualité de la main d’oeuvre et les problèmes économiques (devis trop « tirés »).
Pour avancer sur ce problème, un groupe de travail a été recréé avec des conseillers professionnels peintres et plaquistes dans le Var. « Certes, nous avons déjà eu ces discussions il y a 10 ans, mais nous irons plus loin, en réalisant une fiche avec des conseils et propositions sur des façons de procéder » reprend Jean-Jacques Châtelain.
Autre idée proposée par l’Una PVR : la rédaction d’un fascicule sur la réception des supports à l’initiative des peintres. « Il s’agira de bonnes pratiques de préparation et d’acceptation des supports » précise J.J. Châtelain qui ajoute : « On peut évidemment refuser le support, mais ça se finit assez mal généralement ».
Une chose est certaine de l’avis des deux présidents : il faut continuer à se parler et éviter de travailler chacun dans son coin sans penser aux autres intervenants sur le chantier. Avec un impératif : satisfaire le client qui ne doit pas prendre en charge le surcoût de la réfection des bandes à joint…
Avant de détailler leur programme pour les JC à Nice, les professionnels sont revenus sur les actions menées en 2018. J.J. Châtelain a évoqué, au nom de la filière, le tour de France du bus de la peinture qui poursuit son aventure. Il regroupe les entreprises, les distributeurs et industriels ainsi que le monde du sol depuis deux ans. Un nouveau véhicule a remplacé l’ancien et il poursuit sa mission auprès des jeunes collégiens afin de leur donner envie de se diriger vers les métiers de la finition.
« Nous ne pouvons pas mesurer précisément le nombre d’élèves qui s’orienteront vers nos métiers mais en tout cas, les classes de peintres se remplissent aujourd’hui » commente Jean-Jacques Châtelain, satisfait.
Du côté des actions à venir, les peintres aborderont à Nice des thèmes « pro » relatif à l’équipement en outillage. Des campagnes de test de produits (équipements et vêtements) non encore mis sur le marché seront en effet menées en partenariat avec des industriels. A noter également une rencontre avec les distributeurs de la filière finition (la Fédération nationale de la décoration) afin de faire le point sur l’évolution des métiers et des nouveaux modes de distribution des produits.
Enfin, l’Una PVR s’est également fortement impliquée dans les travaux liés à responsabilité sociétale des entreprises. Selon Jean-Jacques Châtelain, le sujet de la RSE s’appuie sur le développement économique, le respect de l’environnement et l’évolution sociétale.
Il inclut des sujets sur la sécurité, la santé et les relations humaines au sein des structures artisanales. « Notre idée est d’échanger des bonnes pratiques sans titre ni médaille au niveau de la gestion de nos entreprises » précise le responsable qui ajoute : « Il s’agit de mettre en valeur ce que les artisans font parfois tous les jours sans en prendre conscience ». Et de donner des idées aux autres…
Pour aller plus loin sur le sujet, un groupe d’« éco-correspondants » équipés d’outils et de fiches relatives au sujet, « iront porter la bonne parole dans les départements dès le mois d’avril », indique J.J. Châtelain. Le responsable incite également tous les chefs d’entreprises artisanales à aller signer la charge de bonne conduite sur la gestion des déchets du bâtiment, dans le cadre de cette démarche RSE (https://artisansengagesdechets.capeb.fr)
Du côté des professionnels des métiers du plâtre et de l’isolation, les JC seront l’occasion d’évoquer les dossiers en cours dont ceux de la formation avec le nouveau référentiel du CAP. Autre sujet : les concours, comme celui de l’APMP (Association pour la promotion des métiers du plâtre et de l’isolation) qui organise la 23e édition de son challenge ouvert aux apprentis sur la période 2018/2019.
A noter que l’Una MTI fera le point sur la rédaction de deux nouveaux NF DTU : le NF DTU 45.11 (isolation des bâtiments par soufflage d’isolants) » et le NF DTU 45.10 (isolation des bâtiments par des produits manufacturés). L’Una présentera également le DTU 58.1 « Plafonds suspendus » en cours de finalisation.
David Morales indique, en effet, suivre avec son équipe les travaux du groupe spécial n°9 (cloisons, doublages et plafonds) et n°20 (Procédés spéciaux d’isolation) du CSTB. Il précise que deux membres de l’Una MTI président ces groupes de travail.
D’autres thèmes seront traités lors des JPC comme celui des déchets de chantier, évoqué avec les industriels de la filière, ou encore le thème de la maison écologique sans oublier celui des nouveaux modes de distribution (plateforme de vente, vente par correspondance).
Le président de l’Una MTI est en enfin revenu sur le sujet de la réduction du poids des plaques de plâtre. Indiqué au mètre carré, le poids des plaques ne reflète guère la réalité de la charge supportée par le compagnon quand il met en oeuvre les produits. En effet, le poids peut varier de 27 à 58 kg, selon le type de la plaque posée.
Si quelques aides existent concernant la manutention des produits dans une zone de travail (chariots élévateurs), il n’y a pas d’aide à la manutention adapté à la pose de plaque contre un mur. Enfin, certains chantiers peuvent être difficiles d’accès (exiguité et travaux en hauteur). L’idéal selon les professionnels : travailler avec des demi-plaques (1,25 ou 1,50 m de hauteur)
L’Una va donc travailler avec l’OPPBTP dans le but de réaliser une étude métier sur ce sujet afin d’interpeller et travailler avec les industriels du plâtre.
Ajoutons que si certains exosquelettes sont actuellement en phase de test (notamment ceux mis au point par la start-up Wizo pour les travaux de peinture au plafond, avec un mécanisme de renfort au niveau des cervicales, ou d'autres permettant de soutenir les avant-bras pour poncer par exemple), il n’en existe pas encore pour les métiers du plâtre et leurs lourdes plaques à soulever et à manipuler…
Source : batirama.com / Fabienne Leroy