En 50 ans, les outils des concepteurs ont totalement changé. Après le crayon, les abaques, la règle à calcul et les machines à calculer, les logiciels de conception ont ouvert la voie aux échanges BIM.
En 1970 et encore au tout début des années 80, le métier d’architecte et d’ingénieur structures en bâtiment a assez peu évolué. Pour l’essentiel, ils utilisent des feuilles des papier, des règles à échelles, des compas, des équerres, des tables à dessin, des stylos donnant une épaisseur de trait constante - Rotring -, des gabarits pour tracer des objets répétitifs à une échelle précise.
Pour concourir sur de grands projets et convaincre ses clients, l’architecte passe aussi par une maquette. Il la confectionne lui-même soit en confie la réalisation à un artisan spécialisé. Et puis, il y a les plans et tout l’écosystème qui les accompagne : les spécialistes du tirage, les rouleaux et tubes à plans, les armoires et tables pour étaler les plans… Ce qui rappellera des souvenirs à certains.
Solibri Model Checker Version Française, proposé par Allplan France, importe un grand nombre de fichiers 3D, permet à l’opérateur de paramétrer sa recherche de réconciliation et assure la synthèse et la coordination des fichiers BIM d’une opération. © Allplan
Les écoles d’architectes enseignent toujours le dessin à la main. L’arrivée des micro-ordinateurs personnels a tout changé. Dès le début des années 70, il existe des programmes spécialisés en calcul de structures, visibles sur de gros ordinateurs et réservés aux plus gros chantiers.
En décembre 1982, Autodesk lance AutoCAD, le premier programme de conception tournant sur ordinateur personnel équipé d’une carte vidéo. Apparue en 1984, Radar CH, la première version d’Archicad conçue par Graphisoft, tourne sur Apple Lisa, l’ancêtre du Macintosh.
Apple Lisa est hors de prix mais coûte environ 30 fois moins qu’un gros ordinateur IBM, Wang et 10 fois moins qu’une station de travail Hewlett-Packard. De plus, l’interface des ordinateurs personnels et des premiers logiciels permettent à un non-informaticien de les utiliser.
Depuis sa version 21 (2017), ArchiCad propose un outil de conception paramétrique des escaliers et garde-corps qui s’appuie sur les propriétés des objets et tient compte de toutes les réglementations applicables à la conception des escaliers selon la destination du bâtiment. © Abvent
Les premiers programmes de conception architecturaux dessinent des traits, l’oeil humain interprète 4 traits et reconnaît une porte, une fenêtre ou un mur. Au début des années 90, ArchiCad est le 1er programme à évoluer vers une structure objet au sens informatique du terme.
Les quatre traits deviennent une porte qui possède des propriétés connues et utilisables. Bien avant l’explosion des objets BIM, il existe déjà toute une profession de créateurs d’objets ArchiCAD. En 1990, ArchiCad propose aussi bien une conception en 2D qu’en 3D.
Mais vers 1997, aux USA, deux développeurs créent Revit, un logiciel de conception apte à créer des modèles 3D paramétriques, associant aux objets des informations techniques. En 2002, Autodesk qui en était resté aux traits d’AutoCAD, rachète Revit et pénètre dans le monde de la conception objets.
Dés qu’un logiciel de conception abandonne le trait en faveur de l’objet, les objets peuvent être reconnus et manipulés par des logiciels spécialisés. Si un logiciel de calcul thermique, en analysant une maquette numérique, est capable d’identifier les sous-ensembles (parois, structures, isolants, vitrages) et de lire leurs dimensions et caractéristiques, il calcule la performance thermique du bâtiment en totalité, local par local, etc.,.
Ce même logiciel peut être utilisé en simulation pour aider les concepteurs : on remplace telle paroi par un mur rideau, le calcul de la performance s’effectue à nouveau. La maquette numérique devient une sorte de base de données du bâtiment et favorise les simulations et les calculs.
Cette fluidité d’échange et de collaboration est déjà possible, si l’on reste dans l’univers d’un logiciel comme ArchiCad ou Revit. Elle suppose des ressaisies, si l’on passe d’un univers à l’autre en utilisant des formats d’échange comme le .IFC.