Dans cette ordonnance datée du 10 juillet, les magistrats estiment que "compte tenu de l'impossibilité de dater l'intoxication des plaignants, il apparaît impossible de déterminer qui était aux responsabilités au sein de l'entreprise (...) et quelles réglementations s'imposaient à cette date inconnue".
"En tout état de cause, les investigations menées au cours de l'instruction ont démontré qu'aucune faute de nature pénale ne pouvait être imputée à une ou à plusieurs personnes physiques ou morales en lien avec la société Eternit", écrivent-ils encore.
Le dossier Eternit est hautement symbolique: il s'agissait du premier producteur français d'amiante-ciment jusqu'à l'interdiction de la fibre et du premier visé par une plainte du genre, déposée pour homicides et blessures involontaires par d'anciens salariés en 1996. Dans un communiqué, l'Association des victimes de l'amiante et autres polluants (AVA) a annoncé qu'elle allait interjeter appel, estimant que ce non-lieu reposait, comme d'autres ordonnés auparavant, sur une "erreur majeure d'interprétation des données scientifiques".
Selon l'association, "c'est l'exposition dans son entier qui contribue à la maladie, et toutes les personnes à l'origine de cette exposition ont une responsabilité pénale". L'AVA a aussi indiqué qu'elle déposerait, au cours de la première semaine de septembre, une "citation directe visant les responsables nationaux de la catastrophe sanitaire de l'amiante", affirmant que plus de 1.000 victimes s'étaient déjà jointes à cette procédure destinée à permettre la tenue d'un procès.
Le parquet et les juges d'instruction cherchent à "faire durer les procédures le plus longtemps possible pour qu'il n'y ait plus personne à juger", estime l'association, qui souligne que les "responsables (...) décèdent les uns après les autres". En 2012, les autorités sanitaires estimaient que l'amiante pourrait provoquer, d'ici à 2025, 3.000 décès chaque année causés par des cancers de la plèvre ou des cancers broncho-pulmonaires.