C'est la première fois que le gendarme du nucléaire examinait le dossier de cet "EPR NM" (Nouveau Modèle) et sa nouvelle configuration (EPR 2), évolution de l'EPR actuel qu'EDF envisage de construire dans quelques années. "L'ASN considère que les objectifs généraux de sûreté, le référentiel de sûreté et les principales options de conception sont globalement satisfaisants", souligne l'Autorité.
Son avis identifie cependant plusieurs "sujets à approfondir en vue d'une éventuelle demande d'autorisation de création d'un réacteur". L'ASN demande notamment aux constructeurs de s'interroger sur le recours au principe "d'exclusion de rupture" pour les tuyauteries primaires et secondaires.
Avec ce principe, l'exploitant s'engage à produire des composantes renforcées, excluant toute possibilité de rupture, ce qui l'exempte en revanche d'étudier toutes les conséquences d'une rupture et de prévoir plusieurs "lignes de défense" en cas de défaillance. Or dans le cas de l'EPR en cours de construction à Flamanville, des tuyaux construits sous ce principe présentent des défauts de soudure.
L'ASN réclame donc "des justifications complémentaires sur la démarche d'exclusion de rupture" pour le nouvel EPR. "Nous leur demandons de se réinterroger, de produire un bilan négatif et positif de cette démarche", a expliqué le directeur général adjoint de l'ASN, Julien Collet. L'avis demande aussi plus de détails sur la démarche face aux risques incendie et explosion, et les choix de conception de certains systèmes de sûreté.
Développé par EDF et Framatome, l'EPR 2 est un projet de réacteur à eau sous pression, qui doit intégrer les retours d'expérience des premiers EPR et des autres réacteurs en activité. Un modèle d'EPR dit "optimisé", qui se veut plus simple et moins cher que la version actuelle, avec un coût de production d'électricité comparable aux centrales à gaz.
A ce jour, EDF n'a pas défini de site d'implantation pour ce projet, note l'ASN : EDF a retenu des hypothèses de conception pour couvrir toute une gamme de sites susceptibles d'accueillir une telle centrale en France.
Avec le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour les dix années à venir, la France ouvre la porte à la construction de nouveaux réacteurs, le gouvernement souhaitant disposer "d'ici mi-2021" des éléments pour prendre une décision.