Pour recouvrir des anciens supports dégradés dans un bâtiment parisien, Mapei, maître d’ouvrage, a retenu deux de ses systèmes de sols coulés
Après Londres et Milan, le spécialiste de solutions de mise en oeuvre et de décoration pour le bâtiment a investi Paris. Avec un siège social français situé aux portes de Toulouse, la société Mapei souhaite ainsi se rapprocher de tous ces partenaires : prescripteurs, artisans, distributeurs, fournisseurs, syndicats et institutions du BTP, particuliers bricoleurs….
Derrière une façade aux accents haussmanniens, se cache désormais Mapei World. Situé au 125 boulevard Sébastopol dans le IIe arrondissement, ce bâtiment compte quatre niveaux sur 500 m2 et regroupe différents espaces. Le sous-sol abrite la Mapei Academy, un centre de formation pour les partenaires de l’entreprise, et l’Atelier, un espace dédié aux applications des solutions de l’industriel.
Le rez-de-chaussée invite à découvrir l’univers de la marque à travers différents espaces. Au premier étage, un espace de co-working pour développer projets et centre de prescription a été aménagé. Le second étage lui accueille des espaces de réunion et de partage, pouvant recevoir une vingtaine de personnes.
Inauguré fin mars dernier, le chantier avait démarré à l’été 2018. Il a dû s’orchestrer avec toutes les contraintes inhérentes à la rénovation d’un bâtiment occupé par plusieurs autres entreprises auparavant et dans un centre hyper urbain.
Pour des raisons de difficultés d’accès en milieu urbain, de nuisances sonores, et pour réduire la pénibilité sur le chantier, les anciens supports ont été conservés.
« Quand nous avons démarré les travaux, nous avons constaté que les supports anciens avaient été réhabilités plusieurs fois », raconte Philippe Méric, chef de marché sols décoratifs chez Mapei. « Nous avions donc un véritable sandwich de revêtements de sols ».
Le parti pris pour la salle de réunion au deuxième étage a donc été de ne pas déposer l’existant en optant pour un système de très faible épaisseur : 6 mm seulement. « La circulation est très dense sur le boulevard Sébastopol. Il était difficile d’y installer une benne pour récupérer les déchets de chantier. En outre, la dépose de carrelage en ville génère beaucoup de nuisances sonores. La solution que nous avons choisi plus simple a également réduit la pénibilité pour les compagnons ». Elle a l’avantage d’être mise en oeuvre comme un sol souple, qui serait en quelque sorte « coulé ».
Une colle polyuréthanne bi-composante a été appliquée à la taloche avant d’installer la sous-couche caoutchouc puis la résine. Ce système permet de s’affranchir d’un ragréage.
Une résine PU appliquée sur une sous-couche caoutchouc
Ce système comprend une résine polyuréthane appliquée sur une sous-couche en caoutchouc. « Du fait de la flexibilité du matériau, il est beaucoup plus tolérant qu’un carrelage ou qu’un sol souple posé sur un ragréage. Très élastique, il permet de ponter les fissures traitées, les joints, etc. Il peut être appliqué sur un très grand nombre de supports : béton, chape, bois….», précise Philippe Méric.
La chape de très mauvaise qualité était recouverte de deux épaisseurs de carrelage également dans un état douteux. « Lorsqu’on coule un matériau à base ciment sur un support de faible résistance, il peut casser. Ce système flexible n’exerce pas de phénomènes de retrait et de tension. Il permet ainsi de compenser les mouvements de l’ancien support sans exercer de contraintes sur ce dernier ».
Ce système polyuréthanne sur sous-couche caoutchouc, flexible, compense ainsi les éventuels mouvements de l’ancien support qui a été recouvert.
Tout a été mis en oeuvre in situ. Les seules préparations nécessaires sur l’ancien support ont été d’aménager une tranchée pour le passage de gaines électriques, puis de le poncer, et de le nettoyer. Contrairement à un sol souple, l’étape de ragréage n’est pas nécessaire.
« Il y a donc moins de sacs à manipuler. De fait, le poids rapporté sur les supports existants est faible », reprend le chef de marché sols décoratifs. Une colle polyuréthane bicomposante qui présente une excellente adhérence sur tous types de matériaux est utilisée pour coller la sous-couche, à base de granulats de caoutchouc agglomérés entre eux et conditionnés en lés. Ce même produit est ensuite appliqué sur la sous-couche pour boucher les pores.
Le nouveau sol du rez-de-chaussée à effet béton ciré est aussi un mortier époxy coulé qui n’exerce pas de tensions sur le support.
Puis 24 heures après, la résine polyuréthane autolissante est coulée. « Son coulage est confortable puisque le compagnon est positionné sur la sous-couche caoutchouc. Elle est beaucoup moins traumatisante pour les genoux qu’une chape ou une dalle lorsqu’on met en oeuvre du carrelage par exemple ».
La dernière étape encore 24 heures après, a consisté à réaliser une finition avec un vernis. « La rénovation a été très rapide. Et c’est un autre des avantages de ce système. Sans contraintes de géométrie des lieux, par exemple pour un gymnase de forme carré qui ne nécessite pas de découpes, il est possible de traiter 1 000 m2 en cinq jours ». Au 125 boulevard Sébastopol, les 60 mètres carrés de l’espace prescription ont été réalisés en quelques heures seulement, réparties sur quatre jours.
Dans ce contexte de salle de réunion, ce système a présenté un autre avantage. « Quand les personnes arrivent, elles déplacent les chaises ou peuvent marcher avec des talons », décrit Philippe Méric.
Or, juste en dessous le Mapei World reçoit aussi ses partenaires dans son espace de coworking dédié aux projets. Il fallait donc éviter les transmissions de bruit à l’étage inférieur, et affaiblir les impacts sur le sol pour adoucir la nuisance sonore. « Ce confort a été apporté par la sous-couche en caoutchouc qui a également un intérêt acoustique. Dans le cadre de ce chantier nous avons opté pour une épaisseur de 4 mm en raison de contraintes existantes du support. Mais si cette performance est recherchée elle peut être accrue par l’utilisation d’une sous-couche d’épaisseur plus importante ».
En outre, le chef de marché sols décoratifs note. « Il n’est certes pas très responsable d’un point de vue écologique d’ajouter des couches de revêtement les unes sur les autres sans déposer l’existant. Mais comme nous n’avions pas le choix en raison de la typologie de cette rénovation, nous avons aussi opté pour cette solution afin qu’elle puisse être déconstruite facilement le cas échéant ».
Terrazzo et effet béton ciré coulés
Le mortier époxy coulé au premier étage sur l’ancien revêtement reproduit un Terrazzo et ne présente pas non plus de phénomènes de retrait.
Mapei World Paris met en valeur son savoir-faire à travers les différents revêtements choisis. Pour rénover les sols du premier étage et du rez-de-chaussée de son nouveau bâtiment parisien, l’industriel a également opté pour des systèmes coulés sans dépose de l’existant.
« Comme nous vendons des produits très techniques, nous nous sommes autorisés sur ce site à faire des choses très spécifiques », continue Philippe Méric. Ainsi, ils ont été recouverts de mortiers époxy, poncés et polis. « Ces matériaux ne présentent pas non plus de phénomène de retrait. Ils autorisent donc le traitement de grandes surfaces sans joints de fractionnement ».
Au premier étage, il a été enrichi de granulats de marbre, lui donnant ainsi un aspect Terrazzo. Au rez-de-chaussée, il a recouvert un ancien béton ciré, renforcé par un entoilage en fibre de verre et en résine époxy. Il a pris l’aspect d’un nouveau béton ciré grâce à l’adjonction de quartz de faible granulométrie. Pour assurer une protection contre les taches, il a été verni puis poncé comme pour une pierre naturelle. « Ces systèmes sont plus performants par exemple que de la pierre reconstituée collée. Exempt de joints, ils sont plus pérennes et ils n’exercent pas de tensions sur le support. Avec une épaisseur de 9 mm seulement, ils peuvent venir en surépaisseur d’un revêtement existant tout en en restant adaptés à un trafic élevé», conclut Philippe Méric. Et rénover avec une pointe de prestige ces sols dégradés tout en mettant en oeuvre une solution plus économique. Ces mortiers coulés offrent l’aspect de la pierre naturelle ou du béton ciré pour un coût final deux fois moins important. |
Les acteurs du chantier
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Les produits utilisés
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