Les conditions demandées par les banques "s'assouplissent de manière progressive mais continue, avec notamment une augmentation des pratiques a priori les plus risquées", a estimé dans une note le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui regroupe notamment le ministère de l'Economie et la Banque de France.
Les crédits immobiliers ont pour la première fois dépassé 1.000 milliards d'euros d'encours l'an dernier en France. Ils s'effectuent dans des conditions qui n'ont jamais été aussi favorables: les taux sont à leur plancher historique et les durées moyennes de remboursement atteignent aussi des niveaux jamais vus à près de 20 ans en moyenne.
Cette situation, liée à la politique monétaire sans précédent de la Banque centrale européenne (BCE), s'accompagne d'une hausse des prix depuis plusieurs années. L'emblème en est le passage récent du mètre carré parisien à plus de 10.000 euros en moyenne, même si les évolutions sont plus hétérogènes sur l'ensemble du territoire.
Ce n'est pas cette hausse qui préoccupe les autorités en tant que telle: le HCSF estime qu'il n'y a "pas de signe clair de surévaluation" et souligne qu'un éventuel repli ne changerait rien à la capacité des acquéreurs à rembourser leur crédit.
Ce qui suscite la "vigilance" de l'organisme, c'est le niveau d'endettement des ménages et, surtout, le risque qu'il augmente encore, vu les exigences de plus en plus allégées des banques: non seulement elles prêtent pour plus longtemps, mais elles demandent de moins en moins d'apport préalable.
"La part du revenu des ménages consacrée au remboursement de la dette est repartie à la hausse et devrait continuer si les prix augmentent à nouveau", souligne le HSCF. Plus qu'un risque massif d'incapacité des ménages à rembourser leur dette, l'organisme met surtout en garde sur un ralentissement général du niveau de la consommation, auxquels les particuliers auraient moins de revenus à accorder.
En face, le HCSF est aussi attentif à la situation des banques : en assouplissant leurs conditions, elles réduisent leur marge de manoeuvre au prix de leur rentabilité, déjà lourdement affectée ces derniers années.Il est notamment "vigilant quant aux risques associés à toute nouvelle vague de renégociation" sur les crédits immobiliers déjà existants.