La gestion du réseau de l’eau en France est une véritable gabegie ! Et cela ne date pas d’hier ! Ce patrimoine public de plus d’un million de kilomètres, dont près du quart à destination des eaux usées, est par endroit laissé à l’abandon depuis que sa construction a débuté au XIXème siècle.
En tout, près de la moitié des canalisations sont antérieures aux années 60 et n’ont jamais été entretenues. Résultats : dégradations, fuites, bouchons de toutes sortes… Souterraines par nature, voilà le seul tort de ces conduites. Enfouies, elles sont totalement oubliées, sorties des préoccupations de l’Etat comme des collectivités.
Il a fallu attendre qu’un inventaire restreint n’en dresse, au milieu des années 90, une photographie inquiétante pour que l’on commence à se soucier de leur sort. « L’appauvrissement sensible du réseau impose de tirer davantage dans la ressource, l’eau, pour compenser le volume des pertes. C’est très regrettable », commente André Flajolet député du Nord Pas de Calais.
Malgré tout, il ne faut pas compter sur un renouvellement rapide. Au rythme de 0,6 % par an, le taux de remplacement prend l’eau, lui aussi. Il faut dire que le chantier est colossal. Les lignes sont souvent très difficiles d’accès.
A ce sujet, les canalisations en ville font le plus “souffrir” les canalisateurs, suivies par les zones à terrain meuble ou au contraire, trop “dur”. Ces professionnels indiquent par le biais de leur syndicat, “les canalisateurs de France”, que chaque chantier est spécifique. Seul le cas par cas permet de définir quel procédé utiliser.
Les opérations les plus courantes demeurent le chemisage du tuyau existant, son éclatement ou encore son retubage qui implique de placer un tuyau neuf dans un élément ancien. Enfin, plus rarement l’intervention d’un robot téléguidé s’avère nécessaire. Parfois, pas de choix possible, notamment en zone urbaine, où creuser une tranchée est rarement envisageable.
Les professionnels se refusent donc à indiquer une quelconque fourchette de prix, tant les chantiers diffèrent. Une chose est sure, les tuyaux souvent en PVD, c’est à dire à base de pétrole, pâtissent de la récente hausse de cette matière première. Leur prix augmentent et grèvent les factures. Mais, le plus dur pour le professionnel reste de garantir la continuité du service auprès des abonnés, qui est une obligation légale.
Le Grenelle 2 va imposer l’amélioration du rendement actuellement calamiteux, de ce réseau. L’on estime ainsi, que près d’un litre sur quatre se perd bien avant de rejoindre le robinet d’un foyer. En tout, sur les 6 milliards de m3 produits annuellement, près du quart passent à la trappe chaque année. Un taux qui peut atteindre jusqu’à 40 % pour les plus mauvais élèves.
« Il faudrait, selon Jacques Dolmazon, 1,5 milliard d’euros chaque année pour rénover le réseau ». Le président du syndicat des canalisateurs de France rappelle par ailleurs, que lutter contre les fuites permettrait d’économiser près de 2,5 milliards d’euros par an. Pour les professionnels, il y a du pain sur la planche.
Ceux-ci affirment par ailleurs, qu’une augmentation du prix de l’eau est inévitable pour financer le chantier. « Le pays rêve encore de la gratuité de l’eau mais c’est vraiment fini », reconnaît André Flajolet. Une nouvelle fois, le consommateur mettra la main à la poche pour palier des décennies de laisser aller de ses représentants.
Source : batirama.com / Nicolas Dembreville