Un vaste programme de travaux, estimé à 8,2 millions d'euros, vient d'être lancé afin de favoriser le renouveau de la biodiversité autour du fleuve du Rhône.
Le chantier, cofinancée par la CNR (Compagnie Nationale du Rhône), une société d'intérêt général concessionnaire du Rhône, et l'Agence régionale de l'eau, s'étend sur une dizaine de kilomètres au sud de Lyon et doit durer trois ans.
Il s'agit de "la plus importante restauration écologique jamais engagée pour un fleuve en France", ainsi que l'a déclaré devant la presse Mathieu Stortz, le directeur général de la CNR. "Un fleuve, ce n'est pas seulement de l'eau qui coule, c'est un éco-système en permanente évolution. Il faut redonner sa dynamique au Rhône", a ajouté Nicolas Chantepie, directeur-adjoint de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Pour rappel, le Rhône prend sa source en Suisse, dans le massif du Saint-Gothard. Ce fleuve européen traverse sur ses deux tiers le territoire français pour finir sa course dans la mer Méditerranée. Il est une ressource et un lieu de vie pour la faune et la flore ; le préserver est donc essentiel.
Le chantier doit consister à :
– recréer des bras du fleuve ;
– Arracher des plantes invasives ;
– Et, enfin, replanter 5 400 arbres et arbustes, afin de permettre au Rhône de retrouver des voies de passages obturées au fil des siècles d'interventions humaines.
L'opération va notamment démanteler "les épis et les casiers Girardon", des constructions en roches imaginées à la fin du 19e siècle par l'ingénieur en chef Henri Girardon pour dompter le cours du fleuve. Progressivement recouverts par la végétation, ces ouvrages rocheux ont rétréci le lit du fleuve. Ainsi, plus de 80 000 m3 d'enrochements vont être retirés et la profondeur de plusieurs chenaux va être accentuée pour restaurer le lit du Rhône, fleuve le plus artificialisé de France avec ses 19 barrages.
La CNR estime que cette restauration des berges va permettre à terme de restituer au fleuve plus de 200 000 m3 de sédiments fins de sables et de limons par le jeu du courant et des crues. Ce qui devrait permettre le retour d'une végétation diversifiée et de nombreuses espèces, comme le castor ou le martin-pêcheur, mais aussi des poissons, tels le brochet ou l'ablette.
"Cette opération est la plus significative dans l'histoire de la restauration du fleuve", selon Mathieu Stortz.
Depuis 2000, la CNR a déjà restauré 77 lônes (des bras secondaires ou des méandres du fleuve) et 120 kilomètres de rives.