Pour la 4e année consécutive, l’AIMCC présente les conclusions de son enquête d’opinion « Tendances Conjoncture AIMCC ». Une étude menée auprès de 80 organisations professionnelles membres de l’association (45 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 431 000 emplois) et qui permet de livrer une photographie des tendances du marché des produits entrant dans la construction.
En 2019, l’enquête révèle ainsi que près de la moitié des industriels enregistrent une progression supérieure à 4 % en volume. « Ce qui est plutôt une bonne nouvelle au vu du pessimisme ambiant affiché il y a un an par les membres de l’association » précise Jacques Manzoni, président de la commission économique de l’AIMCC. En 2019, près d’un tiers sont en progression, entre 1 et 3 %, 8 % affichent des résultats stables, le reste étant en recul.
En regardant les trois principaux segments étudiés, on aperçoit quelques différences. Ainsi, 93 % des industriels du gros oeuvre ont vu leur activité progresser contre 72 % pour ceux du second oeuvre. Enfin, 86 % des industriels du secteur équipement bénéficient d’une légère progression. Et comme il s’agit d’une « photographie », il ne sera pas possible de détailler davantage ces éléments.
En 2020, les acteurs du marché de la Construction sont moins confiants sur les perspectives de leurs marchés. En tout cas, les sondés demeurent prudents, à l’instar de la FFB qui estime une progression de l’activité inférieure à 1 % (0,8 %). La construction neuve devrait en effet ralentir de 2 % et notamment le segment de l’habitat collectif (moins 5,7 %), qui a affiché de bonnes tendances en 2019.
Quant aux Travaux publics, ils sont plutôt portés par un contexte favorable : poursuite du plan autoroutier, travaux de renouvellement des réseaux d’eau potable et d’assainissement, Grand Paris Express…
Ainsi, selon les industriels interrogés, 56 % d’entre eux prévoient une croissance de leur activité dont 19 % espèrent des hausses dépassant les 4 % (contre 47 % en 2019). Le reste des sondés, s’attendent à une stabilité de leur activité (30 %) ou à une baisse (14 %).
En regardant les secteurs d’activité, on s’aperçoit qu’une majorité des industriels du gros oeuvre (62 %) et 71 % des équipementiers tablent sur une hausse de leurs activités en 2020. En revanche, 47 % des professionnels du second oeuvre s’attendent à une progression de leur activité et 41 % à une stabilisation.
Pour l’AIMCC, le retour vers une reprise durable de l’activité supposera un retour des marges pour les entreprises « car elles restent insuffisantes surtout au regard de l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie (cf : crise pétrolière) » relève Hervé de Maistre, président de l’Association. Autre nécessité : le recrutement des compétences, cruciale dans la filière. « Tous les profils de postes sont recherchés, de l’ouvrier à l’ingénieur, et ces problématiques de recrutement constituent le premier frein à l’activité des industriels » souligne Hugues Vérité, délégué général de l’AIMCC.
Certains grands thèmes seront investis par l’association en 2020 comme ceux de l’économie circulaire, l’enjeu de la décarbonation, le numérique et la rénovation 3D, sans oublier le respect de la biodiversité ainsi que la formation des collaborateurs.
Autre enjeu de taille, souligne les responsables de l’AIMCC, celui de la rénovation qui « suppose une stabilité réglementaire, juridique et fiscale pour soutenir la massification de la rénovation énergétique » voulue par le gouvernement,
Les industriels de l’AIMCC revendiquent un rôle essentiel à jouer sur ce marché « en termes de formation, de pénétration de l’innovation, intégration des offres plus performances et de gains de productivité ».
Le marché de la rénovation pavillonnaire énergétique est estimé à 170 milliards d’euros et on compte 16 millions de maisons individuelles à rénover dont la performance énergétique moyenne est plus proche de F que de A, selon les chiffres cités par l’AIMCC.
Soulignons que l’Ademe a publié juste avant Noël, deux études sur la consommation de matériaux nécessaires pour la construction et la rénovation BBC. La première étude évalue les quantités de matériaux consommées par la construction de bâtiments neufs : logements (individuels, collectifs et EHPAD) d’une part, et certains bâtiments tertiaires (commerces de grande distribution, hôtels, enseignement, bureaux, soit 60% des surfaces tertiaires construites en 2015) d’autre part.
La seconde étude vise à estimer les quantités de matériaux nécessaires et de déchets générés pour rénover l’ensemble du parc de logements Français au niveau BBC d’ici 2050, dans un scénario s’appuyant sur la rénovation de l’enveloppe des bâtiments et celle des équipements (chauffage, eau chaude sanitaire…). Seuls les matériaux utilisés pour rénover l’enveloppe du bâtiment ont été comptabilisés.
Ces études permettent donc de comparer les consommations de matériaux, par m² de surface de logement, pour leur construction ou leur rénovation :
L’Ademe en conclut que 51 millions de tonnes de matériaux ont été consommées en 2015 pour la construction neuve en France, dont plus de 80% pour le secteur résidentiel.
Par ailleurs environ 1,3 milliard de tonnes seraient consommées jusqu’en 2050 pour le seul secteur résidentiel, dont 85% uniquement pour les granulats, sable et ciment.
. Environ 74 millions de tonnes de matériaux seraient consommées jusqu’en 2050, dont plus de 80% pour les maisons individuelles.
. Parmi ces 74 millions de tonnes, environ 17 millions de tonnes d’isolants seraient consommés pour la rénovation BBC de l’ensemble du parc de logements à l’horizon 2050, dont plus de 85% pour les maisons individuelles.
Dans le scénario d’évolution des logements étudié, les conclusions de ces études montrent ainsi que globalement la construction neuve consommerait 1,3 milliard de tonnes de matériaux, soit 17 fois plus que la rénovation du parc existant au niveau BBC sur la période 2015-2050 (environ 74 millions de tonnes).
Mises en regard des problèmes de pression sur les ressources (sable…), des questions d’artificialisation des sols liées à la construction neuve, et d’émissions de gaz à effet de serre souvent plus favorables à la rénovation, ces deux études plaident, selon l’Ademe, en faveur de la rénovation et pour la limitation autant que possible, de la construction neuve au strict nécessaire.
Source : batirama.com / F. Leroy