Construit en 1678 par le Grand Condé, puis complété et transformé au 19e siècle par le duc d’Aumale, le Pavillon de manse est une dépendance technique du Domaine de Chantilly. Elle a été conçue pour abriter les stations de pompages nécessaires aux besoins de la ville et du château suivant les époques. Classé Monument historique en 1989, son propriétaire, l’Institut de France, a souhaité redonner une seconde jeunesse à cette construction composée de deux corps de bâtiments unis en apparence par les façades en pierre de taille.
C’est à la suite d’un appel d’offres en corps d’états séparés que les travaux on pu démarrer pour l’entreprise de maçonnerie voisine Léon Noel située à Saint-Maximin (60). Les opérations de cette entreprise locale ont consisté en un ravalement complet des façades, la confortation des berges des canaux périphériques, le changement de pierres de taille, le nettoyage et rejointoiement des maçonneries.
Pour intervenir en toute sécurité sur ce bâtiment et sur ses berges, il a été impératif de mettre en place un échafaudage en encorbellement sur l’eau. « Nous avons imaginé un complexe coincé entre le premier plancher au raz de l’eau. Puis, on a étayé entre ce plancher et le plafond de ce niveau pour pouvoir sortir des poutres à travers les fenêtres (en porte à faux sur l’eau) qui reprenaient toutes les charges de l’échafaudage, car il n’était bien évidemment pas question de s’appuyer dans l’eau », explique Alexandre Caussarieu, responsable de l’agence Léon Noel de Saint-Maximin. Sur ce chantier, il a fallu intervenir sur deux corps de bâtiments, le premier à une douzaine de mètres de hauteur, et le second à plus de vingt mètres au niveau du faîtage et de sa jolie girouette.
Dès lors, les cantiliens on vu en avril 2009 le Pavillon de Manse emprisonné dans une cage de barres de fer et ont compris que le chantier venait de démarrer ! La première opération a consisté à nettoyer les façades par micro-gommage à l’eau sous pression chargée de poudre de carbonate de calcium (diamètre des grains de l’ordre de 100 microns)
« Au total ce ne sont pas moins de 50 m3 de pierres qui ont été remplacées, dont une vingtaine rien que pour les quelque 100 m de berges datant du 17e siècle sur lesquelles nous sommes intervenus », précise l’entrepreneur. « Nous avons donc fait disparaitre en douceur toute la crasse incrustée dans les pierres des façades. Nous avons ensuite établi un calepinage de l’ensemble des façades afin de présenter les travaux à effectuer à Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments Historiques, qui en tant que Maître d’œuvre devait décider si on remplaçait les pierres ou si on pouvait se contenter de les réparer ou de les conforter en place ».
Certaines pierres étaient très dégradées par les cycles successifs de gel-dégel, rongées en profondeur par la pluie, le vent ou d’autres agressions physicochimiques ou même démolies en raison des poussées de terres par exemple. Ces pierres là ont donc été remplacées à l’identique par des pierres de taille neuves extraites d’une carrière à Saint-Leu d’Esserent, non loin de là.
En plus de ces opérations de pierres de tailles spécifiques, d’autres travaux de maçonneries ont été effectués comme des réparations de murs, ragréages ou rejointoiements, des maçonneries de blocage et même des travaux de pavage. En effet, les deux cours du pavillon de Manse étaient équipées de pavés en grès qu’il a fallu restaurer entièrement.
« Nous avons déposé les 182 m² de pavés, refait un fond de forme en grave calcaire avant de reposer l’ensemble du pavage non sans l’avoir nettoyé. Toutes ces opérations qui peuven paraitre extraordinaires sont pour nous des opérations ultra classiques ! Nous avons l’habitude de ce genre de chantier et sommes spécialisés dans le patrimoine ancien », conclut Alexandre Caussarieu. Notons que le coût total des travaux pour la restauration complète du pavillon de Manse a été de 1,280 M€ financés à 47% par le ministère de la Culture, à 17% par la direction régionale des affaires culturelles de Picardie et à 36% par l’Institut de France.
Source : batirama.com / L. Denovillers