"On l'utilise de plus en plus dans des domaines inimaginables", résume Pierre Mainguenaud, de Quantum Glass, filiale de Saint-Gobain spécialisée dans les technologies de verres actifs (qui changent d'état via un courant électrique).
Panneau mural devenant transparent ou "laiteux" à volonté, il remplace les murs, agrandit ou rétrécit l'espace. Intégrant des LED (diodes électroluminescentes) ou des cristaux liquides, il éclaire. Et au contact de l'impulsion électrique, il chauffe.
"On l'utilise comme chauffage mais aussi pour contrôler l'apport de chaleur dans une véranda ou un atrium et bénéficier de la pleine luminosité sans l'effet négatif de la chaleur ou du froid", explique M. Mainguenaud. Dans les pays nordiques, la technologie permet d'associer le verre comme isolant à l'intérieur et comme chauffage à l'extérieur pour le déneigement.
En cas de forte luminosité, les vitrages peuvent aussi changer de teinte à la demande, une technologie qui réduit les coûts d'énergie, selon M. Minguenaud. Le verre peut même être utilisé "comme haut-parleur" grâce à ses capacités vibratoires, ajoute-t-il, grâce à un simple miroir connecté à un I-phone ou tout autre media sonore sans fil.
Quentin Hirsinger, qui dirige la "matériauthèque" Materio (une banque de données qui recense les matériaux les plus innovants au service de l'industrie notamment) évoque un autre usage très étonnant : des microsphères de verre qui, ingérées par les poissons des piscicultures, permettent à leurs déjections de remonter à la surface de l'eau et facilitent ainsi le nettoyage des bassins piscicoles.
Découvert il y a 5 000 ans dans une vaste région couvrant la Mésopotamie (Irak), la Syrie et l'Egypte, le verre continue de séduire créateurs et artistes, selon Philippe Valéry, directeur de la verrerie Saint-Just, le dernier fabricant de verre soufflé plat architectural en France, à laquelle Chagall, Matisse et Léger ont prêté leur inspiration.
La maison Hermès a choisi ce matériau pour son magasin Ginza conçu par Renzo Piano à Tokyo et la fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris en est une célébration.
Transformé au gré des découvertes techniques, (canne à souffler au Ier siècle avant JC - verre plat soufflé (vitraux) entre le Ve et le Xe siècle - production industrielle au XXe siècle), il continue, en tant qu'art millénaire, à alimenter trois secteurs principaux : celui des maîtres verriers qui fabriquent les vitraux, la restauration des monuments historiques et la décoration.
La verrerie Saint-Just travaille pour une clientèle internationale. Elle a notamment participé à la création de murs de verre colorés pour le restaurant la Tour d'Argent et l'ambassade de France à Tokyo, à la nouvelle cathédrale de Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) et au Thanksgiving square de Dallas (Texas) avec une immense spirale en vitraux qui apparaît dans le dernier film de Terrence Malick, "Tree of life", palme d'or du dernier festival de Cannes.
Source : batirama.com / AFP