En 2017, le groupe Madar, via deux de ses entités (Pardes Patrimoine et Forum Patrimoine), fait l’acquisition d’un immeuble auprès de Renault, situé au 49/51 avenue de la Grande Armée, dans le 16e arrondissement de Paris : d’une surface de plancher de 8 701 m2 sur une emprise foncière de 1 950 m2, l’ensemble acquis se compose de trois bâtiments reliés entre eux par des demi-niveaux et des circulations communes, s’élevant en R+5 avec des niveaux de hauteur différente.
Enclavé au milieu de nombreux bâtiments haussmanniens, entre l’avenue de la Grande Armée et la rue Le Sueur à l’arrière, la construction originelle des lieux remonte à la fin des années 50 pour le bâtiment principal et au début du 20e pour les deux autres bâtiments rajoutés par la suite. © DTACC
Le groupe Madar a souhaité repenser l’architecture, les aménagements et les circulations de cet ensemble, en s’appuyant sur un cahier des charges ambitieux en matière d’esthétisme et de construction durable. Pour ce faire, il s’est entouré de :
– THEOP,
– AMO,
– du cabinet d’architecture DTACC,
– et de l’entité Spie batignolles Île-de-France, en qualité d’entreprise générale en charge des travaux.
Le bâtiment d’origine du 49-51 avenue de la Grande Armée va passer d’une architecture très sobre à un parti-pris architectural assumé, contemporain et sublimé par des matériaux nobles. La proposition de l’architecte s’est aussi portée sur la nécessité de rendre l’ensemble immobilier parfaitement homogène, là où trois bâtiments d’inspiration différente constituaient un ensemble manquant de cohérence.
Bien que construit à partir des années 50 sans éléments architecturaux classés, DTACC a dû consulter les architectes des Bâtiments de France, chargés d’émettre des avis sur les matériaux employés, du fait de l’existence de cours parisiennes soumises à ce genre de démarches.
Les façades seront réalisées à partir d’une mixité de matériaux, parmi lesquelles le bois, principalement, mais également le verre et l’acier. Un habillage en brique sera mis en œuvre sur les trumeaux de façades, et des brise-vues en bois installés. De nombreux vitrages en devanture du bâtiment et en cœur d’îlot favoriseront l’éclairage naturel au sein de cet immeuble niché au milieu de nombreux bâtiments.
Les façades seront réalisées à partir d’une mixité de matériaux, parmi lesquelles le bois, principalement, mais également le verre et l’acier. © DTACC
Les deux toitures des niveaux bas et haut seront paysagées. Au niveau de la toiture la plus basse, une vaste serre agricole sera aménagée pour permettre aux utilisateurs de se retrouver lors de moments de convivialité. En partie haute, un rooftop sera accessible par un ascenseur, desservant tous les étages de l’immeuble.
Le bâtiment ne donnant pas directement sur rue, les équipes de Spie batignolles Île-de-France accèdent au chantier uniquement via deux porches situés de part et d’autre de l’immeuble, depuis l’avenue de la Grande Armée et de la rue Le Sueur. Les deux porches seront rénovés à l’issue des travaux, s’inspirant des éléments de façade du bâtiment réhabilité et toujours avec une touche de végétalisation.
La densité du quartier, en termes de bâtis avec des immeubles d’habitation et de bureaux s’élevant en R+6, ainsi qu’une forte circulation routière et piétonne, ne permettait pas l’installation d’une grue. Tous les travaux sont donc réalisés à partir de petits engins de chantier, capables de passer sous les deux porches : un lift de chantier et un treuil mobile permettant d’acheminer les matériaux dans les différents niveaux. © Germain Hazard / Royal Spark
Pour la fourniture du béton, principalement coulé, les équipes disposent d’une pompe sur chenilles avec un débit de 30m3/heure installée dans le porche côté avenue de la Grande Armée. Plus de 200 m de tuyaux sont acheminés via des trémies pour permettre aux équipes de desservir l’ensemble de l’ouvrage.
Dans un premier temps, l’immeuble a été totalement déshabillé en intérieur et en extérieur pour être désamianté et curé avant que les équipes de Spie batignolles Île-de-France interviennent pour lancer les travaux de démolition. Ces derniers ont concerné un volume de 1 500 m3 et une surface de 1 200 m2. Près de 50 % des planchers ont ainsi été démolis.
La démolition est opérée par méthodes traditionnelles fines, telles que des brokks télécommandés, des carottages, des sciages au câble, …
Le programme prévoit la réalisation de deux niveaux de sous-sol supplémentaires, destinés à accueillir des locaux techniques, un auditorium, des allées techniques, un espace de restauration et une salle de fitness.
Pour ce faire, les équipes de Spie batignolles réalisent des travaux de reprises en sous-œuvre, en approfondissant les appuis et la périphérie du bâtiment, jusqu’à une profondeur de dix mètres. Pour cela, les équipes utilisent la méthode des chevalements.
La méthode des chevalements implique la mise en œuvre d’appuis provisoires qui vont reprendre les charges des poteaux et ainsi permettre leur démolition et la réalisation de nouveaux poteaux. Pour réaliser ces derniers, les équipes travaillent dans des puits blindés de 2,5 x 2,5m, atteignant des profondeurs de près de 10m afin d’atteindre le niveau des futures fondations. Une fois cette étape réalisée sur l’ensemble des poteaux, la phase de terrassement sera lancée. © Germain Hazard / Royal Spark
Au total, ce sont 8 500 m3 de terres qui ont été évacués au moyen d’un flux quotidien de dix camions bennes.
Pour inscrire l’opération dans les exigences de plusieurs certifications environnementales, des choix raisonnés ont été faits afin de rentrer dans le budget carbone défini dans le cahier des charges du client, dont :
– le poids carbone de la partie réhabilitation affiche une réduction d’émissions de CO2 comprise entre - 20 et - 30 % par rapport aux exigences du Label BBCA Rénovation (2018) ;
– Tous les matériaux évacués sont envoyés sur une plateforme de valorisation avec un objectif de 100 % de gravats valorisés et 80 % concernant les autres déchets du chantier ;
– 2 500 m2 de faux planchers réalisés sur cette opération seront issus d’un réemploi extérieur ;
– 5 500 m2 des planchers d’origine sont conservés.
– L’intégralité des 2 500 m3 de béton employé dans le cadre de la réhabilitation de ce programme immobilier est du béton 100 % bas carbone, affichant un bilan carbone de 160 kg équivalent CO2 / m2 de béton utilisé, et composé de ciment en CEMIII avec 36 % de laitier (fourni depuis une centrale Unibéton située à Clichy).
Pour cette opération, le groupe Madar vise une labellisation BREEAM® Excellent et BBCA, WiredScore (valorisation des bâtiments connectés) et OsmoZ (qualité de vie au travail).
Démarré au cours du dernier trimestre 2023, le chantier sera livré en décembre 2025, soit une durée de chantier de 27 mois, pour un montant des travaux de 30,3 millions d’euros HT.
Au plus fort de son activité, entre 80 et 90 compagnons et encadrants travailleront sur ce chantier.