Joël Weisse, gérant de la Sarl AppliRoc, a décidé d’arrêter l’activité de sa société basée à Hagondange, dans la région grand Est. La Sarl reprenait son activité, au sortir de la période hivernale, avec un salarié et une autre embauche prévue dans les jours à venir. Par ailleurs, d'autres personnes en réinsertion devaient intégrer la structure. Le gérant pose des questions cruciales que chacun de ses confrères peut être amené à se poser :
« La situation actuelle est alarmante tant d’un point de vue sanitaire qu’économique. L’Etat demande le confinement afin d’endiguer la propagation du virus. C'était une décision difficile à prendre, mais elle a été prise, je la respecte et je peux comprendre car il en va de l’intérêt de la nation. Toutefois le positionnement vis à vis de l’activité économique n’est pas clair du tout. Que doit-on faire nous entrepreneurs du secteur du BTP ? Stopper ou poursuivre ? "
"D’un communiqué à l’autre, les sons de cloches diffèrent voire même s’opposent. En tant que chef d’entreprise, il est de notre rôle de prendre des décisions claires. La mienne est de cesser mon activité afin d’apporter mon soutien et de respecter les recommandations de confinement."
"Après avoir réfléchi et pesé le pour et le contre, ma décision est de tout stopper, pour une durée indéterminée afin que tout le monde puisse se confiner, se rassurer dans le but que le virus cesse de se propager."
"Certes cela met en péril nos sociétés car stopper les activités veut aussi dire stopper la facturation, ce qui suppose de stopper les entrées dans nos caisses et donc, de ne plus pouvoir assumer les charges. Et par conséquent la vie de nos sociétés est remise en question."
Comme nombre d'entreprises qui ont fait le même choix, AppliRoc (photo de l'un de ses chantiers) se met en veille pour protéger ses collaborateurs tout en étant conscient de prendre des risques pour son activité.
"Mais la vie de nos sociétés vaut-elle plus que la nôtre, celles de nos collaborateurs de nos entourages ? A mon sens « non » donc la mesure est peut-être radicale mais elle est la plus sage à mon sens."
" Mes questions sont toutefois encore nombreuses. Comment bénéficier de l’activité partielle ? Quel est l’intérêt ? Quelles en sont les conditions ? Tellement de flou sur ce sujet. Qui paye quoi ? Qui paye qui ? Et à quel niveau de rémunération ? Doit-on user des congés payés et autres RTT avant de bénéficier du chômage partiel ? Aujourd’hui il en va de la survie de nos proches, de nos collaborateurs et donc de notre économie future."
"Voilà pourquoi j’ai décidé de stopper pour une durée indéterminée et de prendre au jour le jour la mesure de la situation et des différentes décisions gouvernementales pour mettre en place une reprise de l’activité partielle ou totale ou simplement de poursuivre le confinement. Pour cela, l’Etat, le gouvernement ou même nos préfets doivent être clairs dans leurs décisions. Et je parle de décisions et non de recommandations.
"En effet, une décision est non discutable et nous devons nous y conformer. Une recommandation laisse libre chacun à son bon vouloir et ne donne pas de directive à ceux à qui elle s’adresse. Comment faire appliquer les règles de sécurité alors que nous n’avons pas le matériel ? Comment faire pour poursuivre notre activité de Construction dans des lieux occupés ? ....."
"Qui sommes-nous pour imposer à nos collaborateurs de se mettre en danger et par conséquent mettre en danger leur famille? Soit il n’y a pas de risques et dans ce cas, il faut être clair car beaucoup d’autres activités peuvent reprendre. Soit le risque est réel et même le BTP doit se préserver. Ou simplement permettre à nos sociétés de venir en aide en soutien au services hospitaliers pour les aider à surmonter cette pandémie"
Source : batirama.com/ Propos recueillis par F. Leroy
Je suis d accord avec tout çà et aussi on voudrait savoir quelle aide de l 'Etat va t on avoir pour pouvoir continuer sans trésorerie ?
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Bravo, tout est dit. Chef d'entreprise, responsable, courageux, et sans faux semblants. Au contraire de nos politiciens.