Le fameux guide de l’OPPBTP, réactualisé le 10 avril, est très clair : en toutes circonstances, le respect d’une distance minimale d’un mètre à l’air libre reste indispensable pour éviter les risques de contact, sauf en cas d’impossibilité technique avérée.
Dans le cas des véhicules, le guide de l’OPPBTP traduit cette prescription en indiquant : une personne par rang au maximum et les personnes en quinconce si le véhicule dispose de plusieurs rangs.
L’OPPBTP précise que dans le cas d’une utilisation partagée des véhicules et engins, entre chaque utilisateur, les surfaces de contact – volant, boutons de commandes, leviers de changement de vitesse, … - doivent être désinfectées.
Les entreprises doivent donc mettre à disposition de leurs salariés des lingettes désinfectantes ou la combinaison lingette + gel hydroalcoolique. Chaque lingette doit être jetée après utilisation dans une poubelle appropriée. Le guide recommande de surcroît le lavage des mains au savon en arrivant sur le chantier.
Dans le cas de la présence de plusieurs opérateurs dans un espace confiné sans ventilation, le guide de l’OPPBTP recommande le port de masques de type FFP1 ou de protection supérieure. Un véhicule, par nature, est un espace confiné.
Les possibilités de transport de gouttelettes et d’aérosol embarquant le virus du COVID-19 semblent établies dans le cas d’installations de ventilation, voire d’appareils terminaux de climatisation dans les bâtiments. Rien ne prouve que ce soit possible avec la ventilation d’un véhicule. Mais rien ne prouve non-plus que ce soit impossible : autant prendre les précautions nécessaires
Un véhicule dispose d’une ventilation qui sert aussi de distribution de chauffage et, le cas échéant, de climatisation. Cette ventilation doit être calée sur la position tout air neuf, de manière à éviter toute recirculation de l’air dans le véhicule.
Lorsque le système du véhicule est en position climatisation, certaines solutions imposent d’autorité une recirculation partielle de l’air dans l’habitacle. Pour en avoir le cœur net, il faut lire le passage du manuel du véhicule qui traite de la climatisation. Si une recirculation d’air est inévitable, autant renoncer à la climatisation.
L’intervention dans des locaux occupés par des particuliers ou par les salariés d’une entreprise, avec déplacement en véhicule de l’entreprise, est un cas particulier. A l’arrivée sur le lieu de l’intervention, les opérateurs doivent prendre les précautions classiques : application de gel ou de solution hydroalcoolique, port du masque, de lunettes et de gants, à la fois pour se protéger eux-mêmes et pour protéger leurs clients.
A l’issue de l’intervention et avant de remonter dans leur véhicule, ils doivent décontaminer leurs outils avant de les replacer dans le véhicule – lingettes et gel hydroalcoolique -, enlever leurs gants, les placer dans la poubelle appropriée, enfiler une nouvelle paire de gants. Ils auront pris soin de se munir de cette nouvelle paire de gants en quittant leur véhicule au début de l’intervention, de manière àç ne pas avoir besoin de l’ouvrir pour les prendre.
Tout ceci accompli, ils pourront ouvrir leur véhicule, ranger les outils décontaminés et repartir. C’est un processus long et minutieux.
Les précautions demandées par le guide de l’OPPBTP conduisent à diviser par deux ou par trois le nombre de personnes dans les véhicules utilitaires. Ce qui soit, impose plusieurs allers et retours pour transporter le personnel de l’entreprise sur le chantier – même en ces temps de circulation réduite, c’est du temps non-consacré au chantier -, ou bien conduit à réduire le nombre de personnes intervenant sur un chantier.
Il reste également l'usage des véhicules personnels, pour ceux qui en disposent, à condition de vérifier que le conducteur bénéficie de l'assurance appropriée correspondant à cet usage (a noter que certains assureurs du BTP proposent cette assurance sans surprime actuellement)
Néanmoins, pour dépasser ces contraintes, deux carrossiers – Gruau et Durisotti - ont imaginé des solutions pour compartimenter les véhicules et augmenter le nombre de personnes transportées en sécurité.
« Paroi Viral-Protect », la solution Durisotti repose sur des panneaux rigides de PVC transparent. Ils se présentent sous forme de 3 kits avec fixations manuelles pour des fourgonnettes de 3 à 4 m3, des fourgons compacts de 5 à 7 m3 et des fourgons de 8 à 14 m3. Selon Durisotti, ils conviennent pour la plupart des marques et modèles. Les kits sont proposés à 149 € TTC et sont envoyés sous 15 jours. Durisotti dispose également de kits de protection pour les poids lourds et les autocars.
La solution Gruau, baptisée « Protect Man by Gruau », repose sur des parois transparentes et souples pour un cloisonnement des différentes cellules dans un véhicule utilitaire. Elles couvrent la totalité de la surface du sol au plafond et sont fixées sur le pavillon de toit. Gruau souligne que la matière utilisée peut être désinfectée par pulvérisation, sans être déposée du véhicule. ©Gruau
Gruau propose trois kits « suivant le type de véhicule utilitaire utilisé et le nombre de personnes transportées : 2 sur une seule rangée (149 € HT), 3 sur deux rangées (349 € HT) ou 4 sur deux rangées (495 € HT), 45 € de port en France métropolitaine, franco de port à partir de 10 kits. Suivant ces configurations, les kits adaptables permettront respectivement de créer 2, 3 ou 4 cellules isolées les unes des autres ». Ce qui permet d’optimiser le nombre de personnes transportées. ©Gruau
La rançon de ce compartimentement, cependant, c’est qu’il suprime toute ventilation des places arrières, sauf si elle sont équipées de bouches de soufflage.