Une étude sur les conditions de travail des serruriers métalliers en atelier

Une étude sur les conditions de travail des serruriers métalliers en atelier

La profession publie les premiers résultats d’une étude métier portant sur les conditions de travail des serruriers-métalliers en atelier. Les risques existent et il faudra améliorer certains points.




Légende : Améliorer les conditions de travail des serruriers-métalliers en atelier, tel est l'objet de l'étude de la profession. Ici, on note l'absence de lumière naturelle dans cet espace de travail. ©Jan Meyer

 

Engagée en 2017, cette étude métier fait suite à une sollicitation de l’Union Nationale Artisanale de la Serrurerie-Métallerie (UNA-SM), famille professionnelle de la Capeb, afin d’améliorer les conditions de travail des serruriers-métalliers dans le cadre de leurs activités en atelier.

 

En effet, les ouvrages de serrurerie-métallerie étant livrés « prêts à installer », l’activité des serruriers-métalliers sur les chantiers est conditionnée par l’organisation de la production en atelier.

 

L’observation portait sur la fabrication en atelier d’ouvrages neufs en aciers bruts. Ainsi, cinq salariés ont été observés pendant deux jours, au sein de trois entreprises volontaires :

 

  • Un atelier de 1 050 m² situé dans les Pyrénées-Orientales, avec un effectif de trois salariés. Le salarié observé fabriquait un garde-corps.

 

  • Un atelier de 294 m² situé dans les Bouches-du-Rhône, dont l’effectif est de dix-sept personnes, dont deux apprentis. L’activité des deux salariés observés consistait en la fabrication d’un garde-corps d’escalier et d’un portail.

 

  • Un atelier de 796 m² situé dans l’Aisne, comptant six personnes, dont deux apprentis. Les deux salariés observés travaillaient à la fabrication de volutes pour portail et d’un garde-corps filaire.

 

Les temps de préparation des ouvrages tendent à se réduire

 

Au terme de la phase d’observation, l’étude a permis d’établir le diagnostic suivant :

 

  • Concernant l’organisation en atelier, les entretiens avec les différents dirigeants des entreprises indiquent que les temps de préparation des ouvrages sont jugés suffisants, mais qu’ils tendent à se réduire.

 

Pour fournir un travail de qualité dans les délais impartis, les artisans ont opté pour une réalisation de plans de fabrication de plus en plus détaillés (manuels ou informatisés) et pour une mise en place de stock tampons de matériaux pour pallier les retards de livraison.

 

De plus, la majorité des entreprises observées recrutent des apprentis car elles considèrent le partage des savoir-faire comme essentiel. Cependant, l’observation de l’organisation générale des ateliers a mis en évidence des points de vigilance. Ils concernent

 

- la traçabilité de l’accueil des nouveaux embauchés et des formations,

 

- la forte coactivité avec une problématique de disponibilité de matériel et d’interruptions de la tâche,

 

- les installations d’hygiène (local de pause dédié, système de chauffage adéquat, disponibilité d’eau mitigée, optimisation du nettoyage des vêtements de travail).

 

Des risques chimiques et du bruit lié au chocs métal contre métal

 

  • Pour ce qui est de l’environnement de travail et des risques associés, l’observation montre que les artisans sont principalement exposés au bruit, surtout lié aux chocs métal contre métal, aux vibrations ainsi qu’aux risques chimiques liées aux poussières et fumées.

 

Malgré les EPI et EPC utilisés pour réduire les nuisances sonores et équipements pour contrôler les émanations (systèmes d’aspiration…), ces phénomènes restent conséquents. Par ailleurs, les artisans accordent beaucoup d’importance à l’organisation de l’atelier (stocks, rangements) afin de réduire l’encombrement des zones de travail et de limiter les risques de chutes de plain-pied.

 

  • Concernant l’activité physique, les ateliers sont souvent équipés de ponts roulants ou de potences au-dessus du poste de travail et de chariots élévateurs pour faciliter le transport des ouvrages en milieu ou en fin d’assemblage, lorsque ceux-ci deviennent plus encombrants.

 

Malgré cela, les serruriers-métalliers réalisent des efforts intenses dès la prise de poste liés à la manutention des ouvrages et au maintien dans le temps de postures contraignantes (courbées et en torsion) notamment lors des activités de soudure, de meulage ou de perçage.

 

  • Enfin, pour l’activité mentale et les relations au travail, l’observation présente un environnement exigeant, mais bien maîtrisé par les acteurs de la profession. Les compagnons font état d’une excellente communication avec leur hiérarchie et d’une entraide générale. Ils disposent par ailleurs d’une autonomie importante, leur permettant de s’organiser comme ils le souhaitent.

 

 

Soudure TIG : ce type de soudage n'est pas plus dangereux qu'un autre, à condition d'avoir les bons équipements de protection et une bonne ventilation de l'espace même si les postures peuvent être contraignantes lors des opérations ©Jan Meyer

 

Diminuer les contraintes physiques avec du matériel adapté

 

A partir de ces observations, l’OPPBTP formule un certain nombre de pistes d’amélioration, intégrant les propositions issues des opérateurs. Elles consistent à :

 

  • Organiser des actions de communication des standards professionnels et bonnes pratiques de prévention associées. Ces actions porteront sur le matériel permettant de diminuer les contraintes physiques et de réduire les vibrations, les opérations de soudage à l’arc, la lutte contre les effets du bruit ainsi que l’organisation et le nettoyage de l’atelier.

 

  • Réaliser une étude de marché portant sur les dispositifs antibruit, les aspirateurs industriels, le nettoyage des vêtements, l’aspiration des fumées et les machines à dispositifs anti-vibratiles. Celle-ci précisera les performances de ces produits ainsi que les principaux réseaux de distribution pour en assurer la disponibilité.

 

  • Faire évoluer les équipements de transport de pièces volumineuses, les tables de travail aspirantes, les dispositifs antibruit et les aspirateurs industriels pour mieux répondre aux exigences du métier. En effet, certaines activités réclament des produits ou équipements qui ne sont actuellement pas disponibles sur le marché ou jugés inadaptés par la profession. L’action consiste donc à rédiger un cahier des charges précisant le besoin, et à consulter les industriels concernés pour qu’ils fassent évoluer leurs produits.

 

  • Tester, dans le cadre d’une fabrication en atelier, les systèmes aspirants, les produits antiprojection et les disques à tronçonner, pour s’assurer de leur adéquation aux besoins des opérateurs.

 

Un kit de communication avec une affiche de sensibilisation

 

Les groupes de travail de la commission d’amélioration en charge de valoriser les bonnes pratiques de prévention ont commencé leurs travaux dès octobre 2019. Un kit de communication comportant une affiche de sensibilisation et des mémos seront par ailleurs distribués aux CFA et aux Capeb départementales dans les semaines à venir.

 

Les actions relatives aux différents équipements et au matériel s’insèrent quant à elles dans un programme de travaux d’un an qui s’échelonnent tout au long de l’année 2020. Une première enquête d’impact global auprès des utilisateurs doit être menée en 2021 afin de vérifier leur efficacité et leur impact sur les difficultés analysées.

 

*L’Union Nationale Artisanale de la Serrurerie-Métallerie (UNA-SM) de la Capeb, l’Institut de Recherche et d’Innovation sur la Santé et la Sécurité au Travail (IRIS-ST), et l’OPPBTP

 


Source : batirama.com

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