La plainte avec constitution de partie civile porte sur l'utilisation des plans du cabinet d'architecture In/On, modifiés sans son accord.
Or ces plans "posent un problème de sécurité", selon Philippe Blandin, co-auteur du plan d'un bâtiment conçu pour recevoir "un grand nombre de personnes" en prévoyant notamment un "renforcement important des sous-sols".
Le PPP porte sur la construction d’environ 45.000 m2 de bâtiments universitaires sur le site Paris Rive Gauche, destinés à accueillir, dès 2012, les étudiants de Jussieu, fermé pour cause de désamiantage.
Le chantier présente une difficulté technique importante : les bâtiments sont érigés sur des plate-formes couvrant les voies ferrées qui partent de la gare d'Auzterlitz. Coût du chantier : 108 millions d'euros hors taxes à la charge du maître d'oeuvre.
L'Etat devant pour sa part verser un loyer annuel d'environ 10 millions d'euros (HT) pendant 27 ans.
Philippe Blandin accuse le constructeur d'avoir "dénaturé le projet" pour en réduire le coût, en revoyant notamment à la baisse les renforcements prévus pour consolider le bâtiment.
Pour l'architecte et son avocat, Me Yann Gasnier, la structure actuelle du bâtiment présente "un risque majeur pour la sécurité des biens et des personnes".
Prévu à l'origine pour supporter une charge de 400 kg/m2, le bâtiment est à présent majoritairement limité à 250 Kg/m2, selon l'architecte qui dénonce une "dérive" du PPP dans lequel l'Etat "délègue à la fois la maîtrise de l'ouvrage et les travaux".
"Pourquoi la personne publique ne fait pas d'enquête pour savoir si tout est conforme?", s'interroge-t-il en dénonçant "un PPP hors contrôle" dans lequel "l'intérêt de la personne privée prime sur celui de l'utilisateur".
L'architecte a envoyé un courrier à la ministre chargée de l'enseignement supérieur de l'époque, Valérie Pécresse. "On ne m'a pas répondu", dit-il.
Vinci apporte pour sa part "un démenti formel" à l'existence d'un quelconque problème de sécurité.
"Il est inconcevable que Vinci finance, conçoive, construise et maintienne pendant 30 ans des bâtiments qui ne respectent pas l’ensemble des réglementations", a déclaré un porte-parole du groupe à l'AFP.
Selon lui "les sous-sols (hors PPP) ont été renforcés en conformité avec les recommandations d'un cabinet d'ingénierie indépendant".
En outre "un bureau de contrôle indépendant vérifie en continu la conformité technique et réglementaire des constructions" et soumettra "un rapport à la Commission Départementale de Sécurité".
Enfin Vinci affirme respecter la norme française NF sur les charges d'exploitation des bâtiments de même que "le programme défini par l’Université".
"Mais comment l'université peut-elle accepter de dégrader la fonctionnalité du bâtiment?", s'interroge Me Gasnier.
Le cabinet d'architecte s'émeut par ailleurs d'un avenant ajouté au PPP et qui prévoit que Paris VIII s'engage à prendre en charge les frais de construction supérieurs à 500.000 euros en cas d'annulation du permis.
Un avenant qui "précise de façon limitative les risques supportés par Paris Diderot", a plaidé l'avocat de l'université Jérôme Pentecoste devant son conseil d'administration, selon le PV du CA publié par Médiapart.
Mais pour Me Gasnier "il lui fait au contraire porter les coûts au delà d'une franchise de 500.000 euros".
Deux recours ont été déposés devant le tribunal administratif contre deux autres bâtiments du site.
Source : batirama.com / AFP