Initialement prévue en mai, l'ouverture de l'hôpital d'Evry avait été reportée, car 8.000 malfaçons, selon l'hôpital, avaient été relevées. Des réserves tout à fait classiques, selon Eiffage, constructeur du bâtiment.
Elles ont dû être corrigées, aux frais d'Eiffage pour certaines, de l'hôpital pour d'autres. Une fois faites les vérifications et obtenu l'aval de la commission de sécurité mi-janvier, l'installation pourrait commencer mais s'étalera sur plusieurs mois. Eiffage affirme ne pas avoir l'impression "qu'à ce stade il y ait d'obstacles à l'ouverture le 23 janvier".
L'association "Sauvons notre hôpital public", qui regroupe des médecins, personnels non-médicaux, et usagers du CHSF, demande une "simulation à blanc en situation" avant l'emménagement. Reflétant un avis largement partagé, le Dr Henri Lelièvre, président de cette association et chef par intérim du service orthopédie de l'hôpital, estime qu'"il n'y a pas d'autre solution que de sortir du partenariat public-privé".
Pédiatre au CHSF, le Dr Alexis Mosca, membre de l'association, juge qu'"il y a une antinomie entre le paiement d'un loyer et la mission de service public de l'hôpital". "On va orienter l'offre de soins en fonction de paramètres financiers et pas des besoins de la population", dit-il, parlant du "boulet du PPP".
Selon lui, lors de la mise à disposition de l'hôpital par Eiffage, il n'y avait pas "de biberonnerie au service pédiatrie". Quant aux "urgences pédiatriques elles ne sont pas dimensionnées : la salle d'attente actuelle fait 45m³, elle déborde, la nouvelle fait 30 m³".
L'association réclame une commission d'enquête parlementaire, et a lancé une votation citoyenne, sur la sortie ou non du PPP, comme l'avait demandé le conseil de surveillance de l'établissement, le 30 juin, avant le rapide départ en retraite du directeur.
Environ 3.000 personnes ont voté, dont 25 contre la sortie du PPP, selon l'association. "Les modalités de financement sont tellement avantageuses pour Eiffage, et lèsent les finances publiques", dénonce Claude Combrisson, représentant des usagers, évoquant en exemple le fait que le bail ne comprenne pas les mises aux normes.
"Si l'Etat fait son boulot, on peut avoir un des plus beaux hôpitaux, un des plus pointus en Europe", soupire le Dr Lelièvre. A l'inverse, pour Eiffage, la sortie du PPP "n'est pas forcément intéressant(e) pour l'hôpital".
Interrogée par le sénateur (DVG) de l'Essonne Michel Berson, la secrétaire d'État Marie-Anne Montchamp, a indiqué que "le coût des travaux a été identique à celui d'une maîtrise d'ouvrage traditionnelle, si l'ont veut tenir compte de tous les coûts liés à l'emprunt". Elle a encore souligné que l'ouverture du CHSF, "le 23 janvier, se fera en toute sécurité.
Des difficultés avaient été identifiées, comme pour toute fin de chantier". Par ailleurs, ajoute-t-elle, "l'IGF a rendu son rapport, qui ne confirme pas la position de la chambre régionale des comptes". Celle-ci avait notamment, dans un rapport rendu public en février, qualifié le PPP de "formule juridique contraignante et financièrement aléatoire".
Le 16 octobre, le ministre de la Santé Xavier Bertrand avait reconnu "qu'il y a eu un préjudice pour l'Etat, pour l'hôpital". Contactée, la direction du CHSF n'a pas souhaité s'exprimer.
Source : batirama.com / AFP