Sous la houlette des organisateurs du salon Interclima+elec qui se tient au mois de février prochain, une table ronde a été organisée, portant sur «L’efficacité énergétique des bâtiments et ses enjeux». Cette rencontre a permis aux industriels du génie climatique, du génie électrique et de la gestion technique du bâtiment de donner leur point de vue.
Le débat a commencé avec Thierry Djahel (directeur du développement et de la prospective chez Schneider Electric – division Buildings) qui estime que les fournisseurs de solutions électriques et d’automatismes ne sont pas totalement satisfaits de la RT 2012 et pour qui derrière le pari de la connexion se trouve le pari de réussir le monde numérique.
« Nous voulons aussi une meilleure implication de l’utilisateur, ainsi que de l’exploitant, dont certains développent leurs propres applications, a-t-il ajouté. Par ailleurs, l’essentiel du terrain de jeu est la rénovation, avec l’analyse de l’existant, des propositions de valeurs aux utilisateurs et des contrats de performances énergétiques (CPE).
Mais en la matière, le Gimelec n’y trouve pas non plus son compte car « ces CPE englobent des travaux qui n’ont rien à voir avec l’énergie et nécessitent un recentrage.»
Pour Pierre-Louis François, président du groupe Atlantic et aussi d’Uniclima, « on est passé de l’effet Joule à la thermodynamique pour le chauffage et l’ECS, à la condensation pour les énergies fossiles, en associant le tout aux EnR, notamment le solaire. Mais la qualité de l’air a été négligée et certains chantiers ont plus avancé que d’autres ».
Pour sa part, Florian Perrois, directeur européen de l’efficacité énergétique chez Siemens « la France est en retard et la RT 2012 ne va pas assez loin car un bâtiment doit tenir ses promesses d’économies d’énergie dans la durée, ce qui n’est pas le cas de la nouvelle réglementation ».
Même son de cloche chez Daniel Baudoin, directeur France d’Aldes et vice-président d’Uniclima, qui estime aussi que «la réglementation thermique est encore incomplète et pénalise certaines solutions innovantes qui ne sont pas intégrées à son moteur de calcul alors qu’elles répondent à la RT 2012 et au niveau BBC, même si elles sont plus difficiles à modéliser».
Notons d’ailleurs ici que Uniclima a retiré son recours devant le Conseil d’Etat et que des discussions sont en cours avec la DHUP afin d’intégrer ces équipements dans le moteur de calcul de la RT. Pour sa part, Bruno Barlet, directeur commercial France chez Legrand, a rappelé que le tertiaire existant était difficile à rénover et « hyper-capillaire », 75% du parc faisant moins de 500 m2.
L’industriel veut donc fournir des solutions compatibles qui puissent être facilement appréhendées par les installateurs. Les solutions doivent enfin permettre à chaque maitre d’ouvrage d’aller à sa propre vitesse en termes de budget.
Legrand a aussi sorti une « éco-étiquette » destinée à sensibiliser les clients aux économies d’énergie. Enfin, Cyrille Pergentini, directeur de Lennox France, a rappelé que l’ensemble de la filière était concerné, de l’architecte jusqu’à l’exploitant, mais aussi l’utilisateur du bâtiment.
Il a par ailleurs indiqué qu’il était possible de parvenir à plus de 40 % d’économies d’énergie sans aucun investissement, en jouant sur des paramètres tels que les points de consigne ou les zones d’occupations ou de non occupation d’un bâtiment. Un problème demeure, sur lequel tous sont d’accord, « s’il n’y a pas de vraie volonté politique, la France n’atteindra pas les objectifs ».
Source : batirama.com / Michèle Fourret