La RE2020 est désormais applicable et les derniers faux plis sont peu à peu effacés. Par exemple, les fameux « Titre V » - cette procédure destinée à prendre en compte les innovations techniques et les solutions non-décrites dans la réglementation – de la RT2012 peuvent être utilisés dans la RE2020, sous certaines conditions, naturellement.
L’enjeu est d’importance. Si un Titre V RT2012 n’est pas réadapté pour la RE2020, les caractéristiques spécifiques et, normalement avantageuses, du produit ou système qu’il décrit ne pourront pas être valorisées dans la RE2020. L’industriel aura investi entre 30 000 et 50 000 € HT et consacré environ 1 an à l'aboutissement de cette procédure pour voir son produit disparaître de la méthode de calcul réglementaire depuis le 1er janvier.
La DHUP (Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages) a mis au point une procédure pour parvenir à ces conversions de Titres V et la décrit dans un texte disponible en ligne.
Aldès devra regrouper le Titre V RT2012 de son système T.One dans celui des pac triple service. ©Aldès
La procédure décrite dans les 8 pages de la note de la DHUP ne porte que sur les Titres V « système ». C’est déjà pas mal et on entend d’ici le collectif soupir de soulagement des industriels concernés.
Rappelons qu’il existe deux sortes de Titre V système. Viennent d’abord les Titres V systèmes nominatifs, attachés à un produit précis d’un industriel, leur pendant « collectif » lié à plusieurs produits d’un ou plusieurs industriels et enfin les Titres V systèmes « génériques » qui décrivent une famille de produits ou systèmes ayant les mêmes caractéristiques techniques, sans mention de nom de produit.
Viennent ensuite les Titres V systèmes pré- ou post-traitement qui modifient les données d’entrée ou de sortie du moteur de calcul ou bien les Titres V systèmes « extension dynamique » qui sont carrément intégrés au moteur de calcul par une extension dynamique (une DLL, pour les Geeks).
Sage Glass (Saint-Gobain Glass) qui espère valoriser son vitrage occultant dans le cadre de la RE2020 en tertiaire devra financer l'extension de son Titre V. Ce produit est considéré comme non-regroupable avec d'autres dans le cadre d'un Titre V générique pour la RE2020. ©PP/SageGlass
Lors de la conception de la RE2020, le CSTB avait intégré au nouveau moteur une bonne partie des Titres V systèmes existants, comme par exemple le Titre V pour les pompes à chaleur air/eau ou air/air à moteur à gaz, ou encore celui traitant du générateur hybride associant une pac air/eau et une chaudière.
Mais, il en restait tout de même une cinquantaine non-encore intégrés, comme par exemple tous ceux qui portent sur les solutions double-flux thermodynamiques : Temperation T-Zen d’Aldès, MyDatec, Nilan Compact P, … et aussi les solutions de pac collectives HydraPAC et HydraMAX d’Atlantic.
Les industriels détenteurs de ces Titres V non-intégrés doivent demander leur intégration. Bonne nouvelle, l’Etat prendra à sa charge une bonne partie du coût d’intégration et l’industriel acquittera seulement 1 000 € HT pour l’intégration d’un Titre V pré- ou post-traitement et 5 000 € HT pour l’intégration d’un Titre V extension dynamique.
Quant aux industriels détenteur d’un Titre V nominatif ou collectif, il leur est proposé de le transformer en Titre V générique. Ce qui semble indiquer que les Titre V nominatif ou collectif n’existent plus dans la RE2020. Pour faciliter le processus, le document de la DHUP mentionne en Annexe 3 la liste des 11 regroupements possibles, ainsi que, malheureusement pour eux, la liste des 19 Titres V systèmes non regroupables selon le CSTB. Dans le cadre d’un regroupement, les industriels partagent les frais du CSTB.
Les MTA ou modules thermiques d'appartement sont promis à un bel avenir en chauffage collectif dans la RE2020. Le Titre V de cet MTA Logix d'Auer devrait être fondu dans la catégorie générique Modules d'appartement. ©Auer
Le CSTB recommande de rassembler tous les Titres V traitant de VMC double flux thermodynamique : PKOMA Classic Pichler/GECO, MyDATEC, Temperation T-Zen, …
Ensuite, il préconise de regrouper ceux qui traitent des modules thermiques d’appartement, dont Regudis d’Oventrop, Logix et le Titre V collectif « Module Thermique d’Appartement ». Ainsi que ceux qui traitent de récupération de chaleur sur l’air et de distribution de cette chaleur par vecteur air : R-Sol/R-Volt et la solution de récupération de chaleur de Poujoulat.
Le CSTB, c’est assez naturel, propose également de rassembler toutes les pac solaires, celles que l’INES et Enerplan baptisent désormais collectivement solaroPac : CET et Pac DS Heliothermique, Heliopac/Geopacsystem, Solar pump, pac LI-Mithra.
En revanche, le CSTB propose deux regroupements différents pour les pac triple service (chauffage, eau chaude, rafraîchissement). Un groupe pour les pac triple service avec récupération d’énergie (Acquarevia + et pac triple service NRP avec fonctionnement en thermofrigopompe), un second groupe pour les pac triple service génériques, le T.One d’Aldès et Triple C d’Hitachi.
Les pac fonctionnant au CO2 (générique, YackBionoic et Yack Q-ton) peuvent avantageusement être regroupées. Tous comme la récupération de chaleur sur les chambres froides : Boostherm en restauration et RidelX.
Certains des produits identifiés comme regroupables sont déjà inclus dans le moteur RE2020 : le Module Thermique d’Appartement générique, la régulation de l’appoint pour un chauffe-eau électrique en collectif, l’accumulateur d’ECS en eau technique (eau morte), la pac triple service générique et la T.One d’Aldès.
Les pompes à chaleur NIBE, les pac sur boucle d’eau avec récupération d’énergie de France air, les pac sur eau grises, les fenêtres pariétodynamiques, les vitrages occultants de Sage Glass (Saint-Gobain Glass), … près d’une vingtaine d’industriels devront passer par le financement de l’adaptation de leur Titre V pour la RE2020.
S’ils ne le demandent pas, il ne se passe rien. Le CSTB instruit les dossiers, dans l’ordre de leur arrivée. La DHUP publie les algorithmes qui en résultent, …, le CSTB les intègre au moteur de calcul. Tout cela devait être fini et intégré au moteur de calcul pour le 1er janvier. Selon les éditeurs de logiciels, c’est loin d’être le cas.
Pour les pac hybrides, au moins, tout a bien fonctionné : une fiche d’application RE2020 a été publiée. Sur 8 pages, elle détaille trois modes de saisie des données, selon que la production d’ECS est assurée de manière instantanée par la chaudière, que la production d’ECS s’effectue en accumulation par la chaudière seule ou encore que la production d’CES en accumulation bénéficie d’un pré-chauffage par la pac, la chaudière apportant le complément de chaleur éventuellement nécessaire. ©Association Française du Gaz / Saunier Duval