Les consignes liées à la ventilation en période de pandémie portent toute sur la ventilation tout air neuf, en fermant les volets de recyclage dans les CTA. Dans les locaux, cependant, s’ils sont équipés de terminaux à circulation d’air – ventiloconvecteurs, cassettes, gainables, unités intérieures de systèmes de climatisation à détente directe, etc. –, il existe un risque de recirculation et de d’aide à la diffusion des virus, si le débit d’air neuf est insuffisant.
Les filtres sont classés en trois groupes selon la norme EN 1822:2009 : Epa (Efficient Particulate Air Filter), Hepa (High Efficiency Particulate Air Filter) et Ulpa (Ultra Low Penetration Air Filter). Contre les virus, seuls comptent les catégories Hepa et Ulpa. Dans une installation de climatisation existante, on ne peut pas utiliser de filtres Ulpa en remplacement des filtres existants, leur perte de charge est trop importante et leur mise en place diminuerait significativement les débits d’air, tout en augmentant les consommations d’énergie.
Des filtres Hepa H13 offrent une efficacité (taux de rétention de particules) ≥ 99,95%, les filtres H14 montent à ≥ 99,995 %. Ces filtres sont davantage conçus pour les CTA que pour les appareils terminaux. On rencontre également des évaluations de l’efficacité des filtres basés sur leurs valeurs Merv (valeur d’efficacité minimale). Les filtres Hepa, selon leur classement, présentent des valeurs Merv allant de 17 à 20.
Un document publié en commun par l’Afpac, Uniclima et le Snefcca rappelle que, pour l’instant, il n’existe pas de filtres efficaces contre la Covid-19 que l’on peut installer sur des unités intérieures de ventilation en remplacement des filtres existants.
Selon l’INRS, les épurateurs d’air aspirent l’air d’un local de travail et le rejettent dans ce même local, après l’avoir traité par différents procédés. Basés sur une filtration Hepa, ils peuvent diminuer la concentration de virus susceptibles d’être présents dans l’air mais ne peuvent en aucun cas se substituer aux apports d’air extérieur définis par le code du travail. Qu’ils fonctionnent en mode continu ou en mode séquentiel, ces dispositifs ne doivent donc être utilisés que comme compléments aux systèmes de ventilation pour maintenir des conditions de travail acceptables, notamment en situation hivernale.
Seuls les dispositifs équipés de filtres Hepa de classe minimale H13 selon la norme EN 1822-1 et installés de manière parfaitement étanche permettent d’arrêter efficacement les aérosols susceptibles de véhiculer le virus, à condition d’un entretien régulier suivant les préconisations du fournisseur. Il est également nécessaire de s’assurer que ces purificateurs d’air intérieur sont adaptés au volume des locaux dans lesquels ils sont disposés et qu’ils n’entrainent pas des vitesses trop élevées pour limiter la dispersion des gouttelettes.
L’INRS déconseille fortement de choisir des appareils utilisant un traitement physico-chimique de l’air (catalyse, photocatalyse, plasma, ozonation, charbons actifs…). Non seulement leur efficacité vis-à-vis des virus n’est pas prouvée mais suite à une dégradation de polluants parfois incomplète, ils peuvent impacter négativement la qualité de l’air intérieur par la formation de composés potentiellement dangereux pour la santé, y compris des agents chimiques CMR.
Sur le marché français, on trouve des dispositifs de purification d’air incorporés aux unités intérieures de climatisation ou bien des appareils indépendants.
Plusieurs fabricants de climatiseurs proposaient des solutions de purification d’air depuis plusieurs années. Leurs technologies étaient, à l’origine, destinées à l’épuration d’air intérieur dans les villes très polluées où la ventilation par rapport d’air extérieur empire la situation. Le gros de leur marché est en Asie. Il a fallu quelques mois aux industriels pour vérifier l’efficacité de leurs procédés contre le virus de la Covid-19.
Panasonic, par exemple, a annoncé mi-janvier 2021 seulement que Texcell - une organisation mondiale de recherche sous contrat spécialisée dans les tests viraux, la clairance virale, l’immunoprofilage - a certifié l’effet inhibiteur sur le nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) d’un climatiseur équipé de sa technologie nanoe™ X. Texcell a vérifié un effet inhibiteur de 91,4% sur le nouveau coronavirus dans un espace de 6,7 m3 pendant 8 heures. ©Panasonic
nanoe™ X est une technologie qui recueille l’humidité de l’air et y applique une charge à haute tension pour produire « des radicaux hydroxyles contenus dans de l’eau ». Les radicaux hydroxyles inhibent la croissance de polluants comme certains virus et bactéries. Ils se caractérisent par leur forte oxydation et leur haute réactivité, impliquant une courte durée de vie. Contenu dans de minuscules particules d'eau, nanoe™ X a une longue durée de vie, peut se propager dans une pièce et a un effet inhibiteur à la fois sur les substances aéroportées et sur celles adhérées sur des surfaces.
Panasonic effectue des recherches sur la technologie nanoeTM depuis 1997 et a vérifié son efficacité dans tout un éventail de domaines, notamment l’inhibition des microorganismes pathogènes (bactéries, moisissures et virus) et des allergènes, décomposant les particules PM 2,5 qui ont des effets néfastes sur l’organisme.
Plusieurs gammes d’unités intérieures Panasonic, aussi bien domestiques – unités murales Etherea Z, Etherea ZX et unité murale VZ, console CS-Z**UFEAW – que destinées à des locaux tertiaires équipés de DRV et multisplits PACi : cassette 90 x 90 PU3 pré-équipée, cassettes 90x90 PU2 et MU2 complétées par l’accessoire CZ-CNEXU1, console S-**MG1E5N.
Autre exemple, Daikin commercialise sa technologie Flash Streamer. Il s’agit d’une décharge d’électrons à grande vitesse. En heurtant les molécules d’air, les électrons les activent et les chargent d’assez d’énergie pour qu’elles décomposent par oxydation les substances chimiques avec lesquelles elles entrent en contact.
Seulement deux unités intérieures, toutes deux destinées à l’univers domestique, semblent pré-équipées avec la technologie Flash Streamer : les muraux Ururu Sarara et FTXM-M dans la gamme Bluevolution. ©PP/Daikin
Mitsubishi Electric propose son filtre « Plasma Quad Plus » : une électrode à haute tension libère du plasma par décharge et neutralise les virus, les bactéries, les allergènes et les moisissures. En même temps, les PM2,5 chargées (poussières fines d'un diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 micromètres) et les poussières résiduelles sont absorbées par le filtre. Sans se prononcer spécifiquement sur le virus de la Covid-19, Mitsubishi Electrique annonce que le filtre Plasma Quad Plus élimine jusqu’à 99% des virus.
Ce filtre neutralise 99% des particules du virus de la grippe A en 72 minutes dans une zone de test de 25 m3, par exemple. Le filtre se compose d’un préfiltre à nettoyer toutes les deux semaines, d’un filtre désodorisant à nettoyer tous les trois mois et du générateur de plasma. Le filtre Plasma Quad Plus peut être monté sur les unités intérieures de la série M, plutôt destinée à l’univers domestique.
A l’exception de Panasonic qui a adapté sa technologie nanoe™ X aussi bien à des unités intérieures destinée au domestique qu’au tertiaire, les autres marques limitent pour l’instant l’emploi de leurs solutions d’épuration d’air à un petit nombre d’unités intérieures domestiques. L’offre d’appareils purificateurs d’air est extrêmement large, nous vous la présenterons dans un prochain article.
Nul doute qu’un nombre croissant d’industriels de la climatisation va développer des solutions d’épuration d’air anti-virus adaptés aux unités terminales. Le salon ISH de Francfort, qui se tient virtuellement du 22 au 26 mars, sera peut-être l’occasion d’en découvrir de nouvelles. ©Panasonic