Une audience a eu lieu au tribunal de commerce dans une certaine confidentialité entre les parties prenantes et en l'absence des avocats des différents Comités sociaux et économiques (CSE) du réseau Lapeyre, qui n'ont pas été autorisés à y assister." Cette procédure qui est facultative a été demandée par Saint-Gobain pour donner de la sécurité aux acteurs, pour protéger l'entreprise Lapeyre", a assuré Guillaume Texier, directeur général adjoint de Saint-Gobain France.
"Le repreneur a pris des engagements sociaux à deux ans sur les fermetures d'usine ou de magasins". "L'audience nous a permis d'exposer en détail notre projet, de rappeler l'ensemble des engagements sociaux que nous avons pris et de redire notre ferme conviction que Lapeyre peut être redressé et relancé dans la durée en cas d'homologation", a ajouté Philip Szlang, président de Mutares en France.
"Pour préparer et mettre en oeuvre ce redressement et cette relance, nous nous appuierons sur un dialogue ouvert et constant avec les organisations syndicales, les représentants du personnel et les salariés", a-t-il ajouté. Marc Ténart, le futur patron de Lapeyre, s'est lui engagé auprès des salariés à ne fermer aucun site "d'ici fin 2022".
Le projet est rejeté par les salariés de Lapeyre qui accusent le repreneur d'avoir l'habitude de siphonner la trésorerie des entreprises qu'il rachète. Un audit financier réalisé à la demande des élus du personnel indique que Mutares offre un profil "particulièrement inquiétant" et que son projet présente un "risque quasi certain de redressement judiciaire".
"L'homologation n'est pas une obligation, reconnaissait toutefois avant l'audience l'intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, CFDT). Son seul intérêt est de protéger Saint-Gobain en cas de liquidation future du groupe Lapeyre". "Il y a des fonds de redressement qui redressent des entreprises mais Mutares ne redresse pas, il se nourrit sur la bête", a expliqué lundi Eric Guindani (élu CGT au CSE de l'usine Lagrange), présent devant le tribunal.
Les salariés s'inquiètent notamment du devenir de 243 millions d'euros laissés par Saint-Gobain dans les caisses de Lapeyre alors que le groupe vendeur a assuré que cette somme serait placée dans une fiducie, "une sorte de coffre-fort", selon M. Texier. "La fiducie couvre jusqu'en 2024, date prévue du redressement de l'entreprise, selon le business plan. Le repreneur ne peut pas prendre possession des fonds avant", a-t-il ajouté.
"La fiducie? On n'y croit pas une seule seconde. Cette fameuse dot arrivera rapidement à son terme et il n'y aura plus de fonds suffisants pour assurer la pérennité de l'entreprise", prédit Nicolas Bodot, secrétaire du CSE de l'usine de Poreaux.
Le groupe de matériaux de construction et de distribution Saint-Gobain, qui possédait Lapeyre depuis 1996, a cédé à Mutares le 23 avril le réseau spécialisé fondé en 1931, sous condition de l'homologation de la procédure par le tribunal de commerce.Selon l'audit réalisé pour le CSE, plus de 700 suppressions d'emplois pourraient avoir lieu dans le groupe de 3.500 salariés qui pourrait fermer quatre des dix usines et 19 magasins sur les 126 du groupe.