Comment dans l’ensemble les travailleurs indépendants ont-ils traversé la crise liée à la pandémie ? Sont-ils satisfaits des mesures qui ont été prises par les pouvoirs publics ?
Dominique Métayer : il faut rappeler que le contexte de cette crise est totalement inédit pour nos secteurs puisque l’on a demandé aux travailleurs indépendants d’arrêter leurs activités. Ce qui a nécessité d’être à leur écoute, de transmettre des messages au gouvernement et de trouver des solutions pour les accompagner.
Nous sommes satisfaits des mesures qui ont été prises, parmi lesquelles le Fonds de solidarité qui a été créé à la demande de l’U2P, puis les prêts garantis par l’Etat (PGE). Ces PGE ont permis à certains de constituer des trésoreries de sécurité et à d’autres de les consommer partiellement, suivant les situations.
De la même façon, la mise en place du chômage partiel a été bénéfique pour le maintien des emplois, même si dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, on constate qu’il faut trouver des compétences et donc du personnel pour activer la reprise de l’activité. Enfin, les délais accordés pour le paiement des charges, des cotisations sociales et des impôts, ont été très utiles.
Et maintenant, ces aides doivent-elles perdurer ?
Maintenant, il faut pouvoir accompagner les entreprises jusqu’à la reprise « normale » de l’activité car on sait que certaines d’entre-elles auront encore besoin d’être soutenues. Les dépôts de bilan ont été moins nombreux en 2020 qu’en 2019, mais on doit éviter un nouveau marasme économique en accompagnant les entreprises tant que l’activité ne sera pas rétablie. Nous continuons à échanger auprès des responsables politiques autour de ces points précis.
Nous avons de grands espoirs de sortir de cette crise, mais il faut le faire de la manière la plus construite et la plus délicate. C’est une alchimie subtile qu’il faut réaliser car il faudra demeurer vigilant vis à vis de la situation sanitaire lors de la reprise, notamment en respectant les gestes barrières…C’est un peu comme lors de la phase d’atterrissage d’un avion, il faut pouvoir poser l’appareil dans les meilleures conditions.
C’est pour cela que le PGE devrait pouvoir être remboursé le plus tard possible. Nous avons proposé un délai de 10 ans pour ne pas bloquer les capacités d’investissement des entreprises dont certaines ont besoin de matériel, et d’outils pour poursuivre leur activité. En sachant que la décision relève également des instances européennes puisque les clauses sont encadrées par l’Europe.
Par ailleurs, il faut continuer à maintenir le dialogue social avec les syndicats de salariés et les organisations d’employeurs, car dans cette période mouvementée, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Une écoute réciproque avec les partenaires sociaux est donc nécessaire, notamment pour bâtir des plans d’accompagnement des petites structures qui ont besoin d’agilité et d’oxygène.
L’U2P a lancé une plateforme collaborative « La Voix des Artisans » à l’occasion des élections des représentants des Chambres des Métiers et de l’Artisanat en octobre 2021. Quels sont les enjeux ?
C’est en effet un outil créé en vue de l’élection des Chambres des métiers et de l’artisanat dans le cadre d’un nouveau contexte qu’il faut rappeler : les CMA ont été régionalisées. Toutefois, le niveau départemental demeure un acteur essentiel, puisque les listes de candidats sont constituées à ce niveau. Les listes seront constituées de 25 candidats en respectant la parité homme-femme, auxquels s’ajoutent 10 suppléants.
En fait, 35 candidats issus de nos trois organisations professionnelles (Capeb, CGAD et CNAMS) composeront les listes départementales.
Nous allons présenter ces listes avec l’objectif d’être en tête des élections et par la suite d’avoir plus de poids dans le débat national. Rappelons que ces CMA et leurs relais territoriaux jouent un rôle important lors de la création des entreprises artisanales et tout au long de leurs parcours, de même qu’en matière de formation professionnelle.
« Nous défendons des fondamentaux au cœur de cette campagne « La Voix des Artisans ». Il s’agit tout d’abord de recentrer l’artisanat au coeur des politiques publiques, en défendant un service de proximité pour chaque artisan et indépendant et en renforçant l’identité artisanale. Il faut également les accompagner dans la transition numérique et énergétique. Enfin, il s’agit de soutenir également des candidats artisans au service exclusif des entreprises artisanales » souligne Dominique Métayer, président de l'U2P
Comment va fonctionner cette plateforme collaborative ? Quels thèmes seront abordés ?
Nous avons innové avec un nom d’affiche et de liste, « La Voix des Artisans », qui vise à donner la parole aux chefs d’entreprise artisanale. Nous mettons cette plateforme participative au service de ceux qui veulent débattre ou qui souhaitent amender nos propositions et les enrichir. Les réponses serviront à alimenter le programme de l’U2P pour ces élections.
Nous avons lancé un premier débat sur le thème suivant : « Faut-il prolonger les aides à l’apprentissage et à la formation professionnelle au-delà de 2021 » ?
En tout, il y aura 6 débats. Parmi ces débats, nous nous nous sommes penchés aussi sur la transmission d’entreprise, au sein de la famille ou auprès des salariés, car elle reste très rare en France Il faut éviter que ces entreprises disparaissent, ce qui suppose de leur donner des outils fiscaux ou administratifs pour qu’elles puissent être transmises.
Un autre débat concernera le soutien aux entreprises et le plan de relance. Doivent-ils être poursuivis ou faut-il changer de politique ?
Ces paroles que vous allez entendre, vous serviront-elles également à vous faire entendre lors des autres élections à venir ?
Il est sûr que ces échanges nous serviront à apporter des propositions aux candidats aux prochaines élections départementales, régionales, présidentielle et législative. Le but étant d’être pris en considération dans les réflexions des politiques. Nous voulons voir reconnu notre rôle essentiel dans les territoires en évitant toute discrimination entre « les essentiels et les soi-disant non-essentiels ».
En tant qu’organisation interprofessionnelle, nous avons publié un guide à l’attention des parlementaires pour leur faire des propositions sur l’orientation, l’apprentissage et la formation sans oublier les enjeux économiques liés à la transition écologique.
En savoir plus sur le site internet de l'U2P : La voix des artisans
Dominique Métayer, un artisan maçon engagé devient président de l’U2P
Dominique Métayer, artisan maçon depuis 1973 a créé son entreprise à l’âge de 18 ans à Verneuil-sur-Seine dans les Yvelines (78). Président de la Capeb Paris-Grande Couronne, Dominique Métayer a exercé des responsabilités nationales au sein du conseil d’administration de l’organisation professionnelle, et a notamment présidé l’UNA maçonnerie-carrelage jusqu’en avril 2020. Il a été, pendant plus de 10 ans, l’un des piliers du jury des trophées Batirama qui ont récompensé chaque année les meilleures pratiques des artisans et les parcours remarquables des apprentis du BTP.
En 2020, la Capeb, l’une des trois composantes de l’U2P (l'Union des entreprises de proximité) l'a désigné candidat dans le cadre de la présidence tournante de l'organisation patronale, qui alterne tous les quatre ans entre la Capeb et les trois autres composantes de l’U2P : CGAD, CNMAS, UNAPL.
Après le départ en juillet 2020 du président de l’U2P, Alain Griset, alors nommé, ministre chargé des petites moyennes entreprises au sein du gouvernement Castex, Laurent Munerot prothésiste dentaire a assuré la présidence de l’U2P pour terminer la fin du mandat revenant à la CNAMS. Dominique Métayer assure désormais la présidence de l’organisation interprofessionnelle depuis le 19 janvier 2021. |
Source : batirama.com/ Fabienne Leroy