Il l'a été par un remorqueur assisté d'une douzaine d'autres bateaux.La conduite, d'une longueur totale de 3,8 kilomètres, pompera à son extrémité une eau à moins de cinq degrés, à 900 mètres de profondeur. Le Sea Water Air Conditioning (SWAC), qui sera mis en service en octobre, permettra de climatiser l'ensemble de l'hôpital.
"Le SWAC va permettre à terme d'économiser entre 10 et 12 gigawatt/heure par an, ce qui avoisine 2% de la consommation électrique de l'ensemble de Tahiti", a expliqué Eléonore Parant, qui coordonne le projet pour le Service des énergies de la Polynésie française. Cette eau froide circulera dans le réseau de climatisation de l'hôpital.
Le coût de ce SWAC est évalué à trente millions d'euros. Il devrait être amorti en 12 à 14 ans, car l'hôpital consomme à lui seul près de 24 GWh/an en électricité, dont environ 40% en climatisation." L'hôpital fera à peu près 30% d'économies en énergie, et par ricochet il y aura moins de production électrique d'origine thermique, donc moins de gaz à effets de serre", a expliqué Yvonnick Raffin, vice-président et ministre des Finances de la Polynésie française.
Cette collectivité d'outre-mer espère une réduction de 5.000 tonnes de ses émissions annuelles de CO2, équivalente aux émissions produites par 4.000 foyers. En Polynésie, l'électricité reste majoritairement produite par du pétrole. Ce chantier est aussi un défi technologique: mardi, le dernier tronçon de la conduite, long de 2,4 km, a été posé depuis le tombant récifal jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
"On a attendu la bonne fenêtre météo pour contrôler l'immersion et poser la conduite sur sa ligne théorique", a expliqué Roy Issa, chef de projet de l'entreprise Géocéan. Un robot sous-marin téléguidé depuis la surface, le ROV, a permis de contrôler ces opérations. Ce dernier tronçon sera maintenu au fond grâce à un système de lestage par chaîne et à des pieux d'ancrage.
Deux autres SWAC, plus modestes, ont déjà été construits pour climatiser des hôtels polynésiens: l'un à Bora Bora, actuellement en panne, et l'autre sur l'atoll de Tetiaroa, pour alimenter le Brando, l'un des hôtels écologiques les plus luxueux au monde.