« Il n’est pas question de crier au loup », tempère Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) à l’occasion de la conférence de presse trimestrielle.
« Mais dans les Landes ou dans le Périgord, des agents internationaux achètent le bois le font découper pour l’envoyer en Chine ou aux Etats-Unis par containers ». Conséquence : les prix flambent, « ils se sont envolés de 50 % comme pour la plupart des aciers. Or, quand les matériaux représentent entre 40 % et 50 % du prix de vente final, la moyenne du bâtiment étant de 2 % de marge à l’année, la ligne rouge est largement dépassée ».
Et les remontées terrain font état de premiers blocages : des exemples de salariés mis prématurément en congés sont déjà bel et bien là. « Certains chantiers peuvent être non commencés ou abandonnés car les pénalités de retard coûtent moins chères que de les mener à leur terme », déplore le président.
Certes, le gouvernement a commencé à agir. Annoncée fin mai, Alain Griset, ministre délégué chargé des PME met en place une médiation de la filière BTP pour identifier les éventuels comportements abusifs, et sécuriser les approvisionnements des matières premières comme l’activité des entreprises.
Est-il déjà trop tard ? La part de l’amélioration entretien qui représente plus de 58 % du chiffre d’affaires du bâtiment porté à 125 milliards d’euros en 2020 « a atteint un niveau historique ». L’activité est dopée par un bon niveau des ventes dans l’ancien, génératrices de travaux, quand près de 1,1 million de transactions ont été réalisées sur un an.
Elle bénéficie aussidu « succès indéniable » de MaPrimeRénov’. Au premier trimestre 2021 et en volume, le chiffre d’affaires des entreprises a progressé de 10 %. Mais, cette relance « sur une très bonne voie pourrait être stoppée », augure Olivier Salleron. Et pas seulement à cause de cette pénurie des matériaux et cette hausse des prix qui planent sur 20 % à 30 % des chantiers.
Déjà dans le viseur de l’État en 2019, la Déduction forfaitaire spécifique (DFS) pourrait bel et bien disparaître. « Mais de manière beaucoup plus perfide et plus dangereuse dans la période où nous sommes. La pratique de l’administration va à rebours de la volonté du législateur qui est d’instaurer cette relation de confiance avec nos entreprises », s’agace la FFB en écho à la parole de l’Etat incarnée au travers de la loi Essoc.
Les raisons de la colère ? Cet abattement de 10 % de l’assiette des cotisations de sécurité sociale pour les employeurs et les salariés, en contrepartie des frais supplémentaires liés à la mobilité de leur lieu de travail bénéficie à 45 % d’ouvriers, 10 d’Etam et 5 % des cadres du bâtiment.
Or, le 1er avril dernier, la mise en ligne du Bulletin officiel de la sécurité sociale (BOSS) qui répertorie toute la doctrine administrative en matière de cotisations sociales fait apparaître que cette DFS n’est pas « un droit constant ». Voire pire.
Ce commentaire administratif est devenu référence pour l’Urssaf « qui l’oppose aux entreprises, et face à la complexité de la mise en œuvre de la DFS, elles vont finir par s’en détourner », s’offusque l’organisation professionnelle.
Et pour cause. Cette « nouvelle attaque » de la DFS augure une perte de 737 millions d’euros pour les entreprises du secteur. « Ce n’est pas vraiment le moment, reprend Olivier Salleron.
Après plus d’un an de Covid, et une relance qui commence tout en étant impactée par les problématiques liées aux matériaux, c’est un obstacle de plus qui est mis devant les entreprises du bâtiment et leurs salariés ». De quoi sérieusement s’inquiéter quand l’horizon de sortie de crise auparavant placée à l’été 2021 se profile désormais à la fin de cette année. Au mieux.
Les demandes de la FFB
Pour limiter l’impact de la hausse des prix :
Pour limiter l’impact des pénuries :
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Source : batirama.com/ Stéphanie Lacaze-Haertelmeyer