Le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) est un des piliers de la politique de réduction des consommations. Instauré par la loi POPE en 2005, il a longtemps été considéré comme complexe, voire opaque.
Aujourd’hui, on comprend mieux le mécanisme qui contraint les distributeurs d’énergie (EDF, GDF, Total…) à œuvrer pour que leurs clients consomment moins. Sous peine de sanctions financières.
« Pour l’ensemble des obligés, ces pénalités représentent 7 milliards d’euros, confie Christelle Spiry, directeur efficacité énergétique chez Economie d’Energie, une société spécialisée dans le développement des CEE, fondée par Myriam Maestroni. Un chiffre qui, rien que pour Total, s’élèverait à 1,2 milliards…
Les obligés ont le choix : ils paient les pénalités, ils rachètent des CEE ou ils en génèrent eux mêmes en réalisant des actions pour inciter leurs clients à faire des économies. C’est cette dernière solution qu’Auchan, obligé depuis 2011, a transformée en « opportunité ».
Dès la première année, grâce à son partenariat avec Economie d’Energie, l’enseigne de grandes surfaces alimentaires (GSA) a versé 2,3 millions d’euros de « primes » à quelque 6000 clients ayant fait réaliser par des professionnels des travaux d’amélioration de la performance énergétique de leur logement.
«Notre objectif en 2012 est de 15 000 dossiers pour un montant de 6 millions », annonce Bruno Lipczak, DGA de la filiale carburant d’Auchan. Car c’est à ce titre que l’enseigne est considérée comme obligée à l’instar des Leclerc, Carrefour, Intermarché…
Le mécanisme est simple et maintenant bien rodé. Vous êtes client chez Auchan et faites changer votre chaudière. Vous remplissez un dossier sur internet, justifiez des preuves demandées dont l’attestation de fin de travaux remplie par votre artisan et votre supermarché vous crédite votre carte de fidélité d’une prime qui varie en fonction du montant de vos travaux.
En 2011, son montant moyen par dossier chez Auchan s’est élevé à 390 euros. Une somme forcément réinvestie dans l’enseigne… « On y gagne en terme d’image, assure Bruno Lipczak car on redonne du pouvoir d’achat à nos clients qui à 72% utilisent cet argent pour faire leurs courses alimentaires. »
Et qui assure la meilleure publicité pour ce dispositif ? Les artisans, eux-mêmes. Selon une étude réalisée sur un échantillon de 1135 clients Auchan, 22% d’entre eux assurent avoir connu le dispositif par leur artisan. « Nous ne travaillons avec aucun réseau. Le client est maître de son choix », assure Myriam Maestroni.
Il fait donc travailler qui il veut, son plombier, son couvreur, son plaquiste… Le panel éligible au dispositif est large puisqu’il compte 239 types de travaux. Chez Auchan, le particulier bénéficie de 100% de la prime.
D’autres dispositifs existent notamment via les négoces de distribution de matériaux qui ciblent directement le professionnel en lui offrant des primes sous forme d’avoir sur ses prochaines factures.
Chaque système a ses propres règles du jeu, à comparer. Toujours est-il que le potentiel de travaux pouvant être réalisés est considérable. Depuis 2005, le dispositif des CEE a déjà financé 8 milliards de travaux par le biais de fonds privés.
Céline Jappé